Nuit traumatisante pour une jeune femme de 18 ans originaire de Hao, dans les Tuamotu, agressée sexuellement par un homme de 44 ans le 18 novembre dernier. Ce dernier a comparu devant le tribunal correctionnel, ce jeudi. Une affaire sous fond d’alcool et d’insistance.
Alors que la jeune femme garde une petite fille chez elle, elle remarque son voisin dans sa propriété. Ce dernier refusant de partir, elle fait venir son cousin pour s’assurer de son départ… pour un temps seulement.
Car l’homme n’en reste pas là. Une fois les volets et les portes de la maison voisine fermée, il se faufile dehors et épie la jeune femme sous sa douche. Se sentant observée, elle lui crie de « déguerpir » . Il s’exécute…là aussi pour un temps
Vers 1h30 du matin, dans son lit, la jeune femme est subitement réveillée par l’homme, ivre, qui lui caresse le haut des jambes et essaie de passer les mains dans son short et sa culotte. Elle parvient à le repousser d’un coup de poing et à le mettre dehors à la porte du lagon par laquelle il s’est introduit chez elle, celle-ci fermant mal. Sur le canapé, les gendarmes retrouvent le t-shirt noir de l’individu et l’interpellent. Placé en garde à vue, il reconnaît intégralement les faits.
Un « sentiment d’insécurité constant »
Le rapport d’expertise psychiatrique de la victime est éloquent. En état de détresse émotionelle à l’évocation des faits, submergée, elle a du mal à retenir ses larmes. Sujette à des crises d’angoisse, des souvenirs pénibles de l’intrusion, elle démontre un sentiment d’insécurité constant depuis l’agression, lui causant une ITT psychologique de plus de 10 jours.
Aux gendarmes, l’homme déclare que la jeune fille lui plaisait et qu’il était « complètement bourré » le soir de son intrusion. Et pour cause : l’homme, qui assure essayer d’arrêter de boire depuis un an, avait vidé une bouteille entière de whisky.
Père d’un homme d’ « environ » 27 ans qu’il n’a jamais vu, il habite seul dans une cabane en tôle sur le terrain familial ne disposant ni d’eau courante ni d’électricité. Cet ancien copraculteur vit chichement de sa pêche et de petits travaux non déclarés. Suite à un accident de scooter en 2011, il s’est arrêté de travailler, invoquant des malaises récurrents et entendre des voix, un mal qu’il fait tarir par sa consommation excessive d’alcool. Le psychiatre qui l’a examiné, lui, ne constate pas d’anomalie et le considère responsable de ses actes.
« À Hao, tout le monde se connaît »
À Hao, ce n’est pas la première fois que l’homme fait parler de lui. Le cousin confie aux gendarmes n’être « pas surpris » de la suite des événements, évoquant une histoire avec sa propre femme pour laquelle il n’a pas porté plainte. Lorsque le procureur lui demande s’il a abusé d’une de ses nièces, il répond qu’il ne se souvient plus. Quant à la victime, elle assure que son agresseur lui faisait, comme à sa sœur cadette, des avances « depuis le collège » .
« C’est manifestement un coutumier de la visite nocturne de jeunes femmes » , lance le procureur de la République Hervé Leroy. « Il présente, pour les jeunes femmes de Hao, un danger réel et sérieux » . Selon lui, l’infraction d’intrusion est caractérisée, quand bien même « à Hao comme ailleurs en Polynésie, il est rare que les gens se cadenassent » . À Hao, « tout le monde se connaît » , rappelle-t-il.
« Ce n’est pas la pulsion sexuelle qui transparaît (…) c’est un auteur de violences sexuelles » , clame-t-il, requérant trois ans de prison dont 18 avec sursis pour « préserver l’intégrité physique des jeunes femmes de Hao » . Des réquisitions suivies à peu de choses près par le tribunal, qui a condamné l’homme à 3 ans de prison dont 24 mois assortis d’un sursis probatoire, plus de multiples obligations : celle de travailler, de soigner son addiction à l’alcool, d’indemniser la victime à hauteur de 350 000 francs, de paraître à son domicile, et d’entrer en contact avec elle. Il a par ailleurs été inscrit au FIJAIS.