Ils sont ensemble depuis 9 ans, ont deux enfants de 6 et 3 ans, et vivent à Taiarapu Ouest, au Sud de Tahiti. Elle est mère au foyer : en plus de ses deux derniers, elle élève une fillette de 11 ans née d’une union précédente. Lui a 33 ans, il est « au charbon« , littéralement, puisqu’il est charbonnier pour le compte de son frère.
Quand il rentre le week-end, l’histoire est souvent la même. Selon le voisinage et les proches, le couple se dispute, l’homme bat sa compagne et se livre à des démonstrations violentes, même devant les enfants. Il a d’ailleurs déjà été condamné pour des faits similaires, en octobre 2023. Malgré cela, les gendarmes interviennent régulièrement au domicile du couple entre janvier et mai : à 11 reprises, exactement. Il est pourtant bien suivi par le SPIP, ne rate aucune de ses convocations. Cependant, il ne participe pas au stage de responsabilisation pour auteurs de violences conjugales qu’il est censé effectuer.
Lorsqu’il assène un coup de poing à l’œil de sa compagne, le 21 mai, suite à une mauvaise manœuvre en voiture de cette dernière, elle doit se rendre à l’hôpital de Taravao pour soigner sa blessure. Bilan : un coquard et 6 jours d’ITT. C’est pour cet éclat de violence que l’homme comparaît devant le tribunal correctionnel, ce jeudi.
La victime, dans une version différente de ce qu’elle avait raconté aux gendarmes, dit qu’elle était ivre au volant, et qu’elle a griffé son compagnon la première après la collision. Lui assure qu’il ne l’a pas frappée et qu’elle s’est cognée contre le volant. « Il vous l’a mis, ce coup de poing ? » , interroge le président du tribunal. Volte-face de l’intéressée. « Non (…) Je ne me souviens de rien » , répond elle.
Le tribunal égrène les témoignages incriminant le comportement violent du prévenu, y compris celui de l’aînée de la victime. Des « mensonges » , assure-t-elle, peinant à convaincre le président du tribunal. « Il n’y a que des menteurs dans ce dossier (…) « Je suggère d’ouvrir une annexe de gendarmerie à votre maison » , poursuit-il.
« Les gens qui disent du mal de moi prennent de l’ice » , se défend le prévenu, clamant ne l’avoir pas frappée. Une version que n’a pas retenue le tribunal : l’homme a été condamné à douze mois de prison dont quatre avec sursis, trois mois de sa peine précédente ayant été révoqués. L’homme a été conduit directement en détention à la sortie de la salle d’audience.