“Il nous avait prévenus que si on le trahissait, il nous mettrait une balle dans la tête”

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Un important procès d’ice et de cannabis s’est ouvert, ce lundi, devant le tribunal correctionnel pour lequel comparaissent 9 hommes et 1 femme. Parmi eux, le personnage central du dossier. Un “boss” qui n’aurait pas hésité à faire preuve d’une extrême violence pour protéger ses intérêts. Dans ce dossier se mêlent hommes de main, armes à feu, séquestration et menaces de mort.

Publié le 06/05/2024 à 18:41 - Mise à jour le 07/05/2024 à 14:52

Un important procès d’ice et de cannabis s’est ouvert, ce lundi, devant le tribunal correctionnel pour lequel comparaissent 9 hommes et 1 femme. Parmi eux, le personnage central du dossier. Un “boss” qui n’aurait pas hésité à faire preuve d’une extrême violence pour protéger ses intérêts. Dans ce dossier se mêlent hommes de main, armes à feu, séquestration et menaces de mort.

Une grande partie des prévenus avaient témoigné lors de l’enquête des violences dont était selon eux capable “le boss”, Tamatoa T., dit “siki”. Un homme de 41 ans, président d’un club de vaa auquel la plupart appartenait.

Il nous avait prévenus que si on le trahissait, il nous mettrait une balle dans la tête. Il a toujours un revolver. Un jour, il m’a dit :  ‘je suis capable de tuer tes enfants (…) On a tous peur de lui. Il sait très bien menacer ses amis”, avait ainsi déclaré l’un des mis en cause.

S’il entend ce que j’ai dit au tribunal, je suis foutu (…) C’est moi qui vais bouffer. Je vais devoir quitter Tahiti (…) Même à Tatutu, on me menace”, avait témoigné un autre.  “Il m’a tiré dessus avec un fusil à plomb. C’est un psychopathe. Il n’a pas de cœur. Il m’a déjà tabassé”, avait renchéri un troisième.

Mais à la barre, ce lundi, tous sont revenus sur leurs déclarations, expliquant avoir menti sur toute la ligne sous la pression des enquêteurs.  “Vous avez aussi peur de lui”, a demandé à l’un d’eux le procureur. “Non, mais je le respecte”, a répondu celui-ci, tête baissée.

L’affaire avait débuté après une violente rixe, en février 2018, dans une résidence de standing de Punaauia où deux bandes s’étaient affrontées et un coup de feu avait été tiré. Une bagarre qui faisait suite à la séquestration d’un homme dans un appartement de l’immeuble.

Celui-ci aurait été retenu de force à la demande de Tamatoa T. car il le suspectait d’entretenir une liaison avec sa compagne. La victime, absente à l’audience, aurait été ligotée, frappée et menacée d’une arme de poing durant de très longues heures.

Toutes les 5 minutes, Siki lui donnait un grand coup de genou dans la tête. Il lui disait ‘je vais te monter dans la cage dans la montagne’. Il avait le pistolet à la main”, avait témoigné le propriétaire de l’appartement.

Pour l’accusation, plus qu’une affaire de cœur, ces violences s’inscrivaient davantage dans un contexte de rivalité entre bandes de trafiquants. Le business du principal mis en cause se chiffrait, selon l’un des protagonistes, “en centaines de millions de francs” grâce à la revente de cannabis et d’ice. Lors des perquisitions, 4,5 millions ont été découverts dissimulés dans son véhicule, ainsi que 48 grammes de méthamphétamine.

L’homme est également suspecté d’avoir commandité l’importation de 200 grammes de drogue, mais la mule, présentée comme son “bras droit”, avait été arrêtée à l’aéroport de Los Angeles et avait passé près de 5 ans derrière les barreaux d’une prison américaine.

“Je ne me considère pas comme un boss”

Tamatoa. T.

Pour faire tourner ses affaires, le “boss” aurait fait appel à de jeunes rameurs, désœuvrés, ce qu’il a nié, assurant au contraire leur avoir tendu la main.

C’est exagéré de dire qu’ils ont tous peur de moi. Il n’y a pas eu de représailles. Ils veulent me casser parce que je suis en prison, tout me mettre sur le dos. Mais je les ai aidés, en fait”, s’est défendu “Siki”. Le quadragénaire a aussi nié le trafic, les armes, “des airsofts” selon lui, et la séquestration.

On a discuté. Comme il ne voulait pas me donner le code de son téléphone, je lui ai mis un coup de genou. Il m’a demandé pardon. À 5h30, je lui ai dit : ‘tu peux rentrer’. J’appelle pas ça une séquestration”, a-t-il estimé. Et d’ajouter : “Je ne me considère pas comme un boss. C’est les gens qui le croient, car j’ai des personnes à côté de moi, des rameurs. Je suis un entraîneur. Ces gens-là s’imaginent des choses”.

Mais pour le procureur de la République, les accusations sont fondées et étayées par les divers témoignages et les éléments recueillis au cours de l’enquête des gendarmes. Le magistrat a considéré que c’était bien lui qui avait tiré un coup de feu avec une arme non factice, et qu’il était à la tête d’un réseau d’ice et de paka, aidé pour cela d’un groupe de fidèles à ses ordres.

Il a par conséquent requis à son encontre la peine la plus lourde : 8 années de prison ferme. Contre les 9 autres prévenus, le procureur a demandé, selon leur degré d’implication dans le dossier, des peines allant de 6 mois avec sursis à 5 ans ferme. Le procès se poursuit ce mardi avec les plaidoiries des avocats de la défense. Le délibéré devrait être rendu dans le courant de la journée.

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