C’est une petite production sur laquelle les gendarmes ont mis la main, en mai 2023, après avoir été attirés par une forte odeur de cannabis émanant d’une habitation de Taiarapu Est. Une plantation sous serre, dotée de lampes à LED, abritant un total de 92 plants de paka.
La propriétaire des lieux a immédiatement reconnu que l’installation était à son initiative et que les plants étaient destinés à sa consommation personnelle, à des fins médicales.
“J’ai une grave maladie depuis ma naissance. J’ai des douleurs aux articulations (…) Je ne veux plus prendre de médicaments, cela me défonce l’estomac”, a expliqué cette femme de 31 ans. Elle a aussi affirmé que les plants n’étaient pas du cannabis, mais du cannabidiol (CBD) qui contient un très faible taux de THC et qui est légal dans l’Hexagone.
Son conjoint, de 13 ans son aîné, a, lui, assuré qu’il était fermement opposé au projet de sa compagne. “Je lui ai dit qu’il valait mieux attendre que le CBD soit installé en Polynésie (…) Mais c’est très difficile pour ses douleurs”, a dit l’homme qui a reconnu lui aussi faire usage de la production, bien que “très rarement”.
“Il n’y a pas de plants de CBD en Polynésie”, a retorqué le procureur, “et 92 plants, c’est beaucoup” : “Une telle quantité, et avec ce matériel, c’est bien souvent destiné à la revente”.
Mais pour l’avocat du couple, le “doute” demeure. Celui-ci a trouvé “dommage” qu’aucune analyse des plants saisis n’a été réalisée : “On ne sait pas si c’était du CBD ou du cannabis puisque tout a été détruit (…) Le CBD n’est pas considéré comme stupéfiants”.
Et la robe noire de poursuivre : “C’était une consommation totalement personnelle pour régler des problèmes médicaux”, sa cliente étant atteinte de “douleurs chronique (…) résistantes aux antalgiques traditionnels”, selon un certificat médical.
“Elle a trouvé dans la médecine parallèle, les vertus qu’elle n’a pas trouvées dans la médecine traditionnelle. Il y a aussi des avancées législatives en Polynésie concernant le cannabis médical (…) On est dans une tendance législative qui semble s’adoucir”, a-t-il encore plaidé.
Le couple a finalement été logé à la même enseigne. Tous deux ont été condamnés à 3 mois de prison, entièrement assortis du sursis.