C’est le soulagement, à Nuku Hiva, de garder la prison. Depuis une semaine, des rumeurs de fermeture du centre pénitentiaire de Taiohae circulaient dans l’île et jusqu’à Tahiti… Mais la Garde des Sceaux vient d’annoncer que l’activité pénitentiaire allait se poursuivre. Après une demie journée de vol, une escale à Hiva Oa, 1h30 de bus pour rejoindre Taiohae, où l’attendaient les enfants de la commune, Nicole Belloubet a procédé, en fin d’après midi, à la visite du centre pénitentiaire de Nuku Hiva. Pour Turi Matautau Lorenz, responsable du centre pénitentiaire de Taioahe « C’est une visite qu’on attendait, parce qu’on sait très bien qu’avec la ministre, on est un peu plus au courant du devenir de la prison. Elle a su nous réconforter. A un moment donné, nous n’avions plus de détenus dans l’établissement, et nous ne savions pas trop si nous allions pouvoir continuer à assurer l’ouverture de cette prison ou pas. Aujourd’hui, nous avons la confirmation que cette prison va rester ouverte. Nous avons actuellement 4 détenus pour un effectif théorique de 5 places. Je souhaite la mise en place d’un atelier sculpture et d’une serre. Cinq agents travaillent ici ».
Benoît Kautai, le maire de Nuku Hiva, se dit « satisfait, parce qu’il y a des rumeurs qui circulaient depuis une semaine. Là, c’est une bonne annonce. On a quand même des enfants de l’archipel, sans compter au niveau des fonctionnaires : sur cinq, il y en a trois de chez nous. Cette prison elle existe depuis 1846 ! On a craint la fermeture, d’autant que la prison de Nuku Hiva fait partie de l’histoire des Marquises : c’était très important pour nous de la garder. J’aurais un message à adresser à la ministre : il y a quelques travaux de rénovation à réaliser. On vient de visiter la cuisine, on pourrait améliorer cette partie, et il est temps de faire une clôture pour vraiment séparer la prison de l’espace public ».
Comme le rapporte un détenu venu de Hiva Oa, transféré à Nuku Hiva, « d’après les collègues, c’est un peu strict à Tahiti, mais ici, tu es plus libre, tu peux voir le paysage… La journée, on ramasse les feuilles, on fait de la sculpture, et du jardinage. J’aimerais bien voir ma petite famille, mais bon, c’est mieux qu’à Tahiti. J’aimerais que la ministre nous donne une serre pour jardiner. On aimerait planter des légumes, des tomates, du pota… La ministre de Justice a constaté « un modèle original, bien que nous ayons aussi en métropole des prisons ouvertes, comme celles-ci. Il y en a quelques unes, notamment en Corse… Je suis persuadée que ça peut répondre à certains cas de détention, à certains détenus qui sont d’accord pour respecter les règles, de jouer le jeu d’une prison qui apparemment supporte moins de contraintes, puisqu’il n’y a pas de murs extérieurs. Il n’y a pas d’incident, pas de difficulté, je trouve que c’est donc un modèle intéressant. C’est un exemple ce qui se passe ici, avec la section détachée et l’établissement pénitentiaire. Cela traduit le souhait que nous avons de porter la justice au plus près de nos concitoyens. C’est un exemple particulièrement parlant. »
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Les trois maires des Marquises Sud ont passé une heure en compagnie de la ministre. Parmi eux Félix Barsinas, maire de Tahuata et président de la communauté de commune des Marquises (Codim), et Etienne Tehaamoana, maire de Hiva Oa, et réprésentant Tahoeraa à l’Assemblée de Polynésie française. Il ont fait visiter l’île à Nicole Belloubet et fait goûter quelques spécialités culinaires. Ils ont profité de cette occasion pour insister sur l’importance de la venue du président de la République aux Marquises. «Nous avons encore invité M Emmanuel Macron. Nous lui avions déjà envoyé un courrier. Les Marquisiens souhaiteraient voir le président Emmanuel Macron en avril prochain. Aucun président de la République n’est jamais venu aux Marquises. Ce sera aussi un moyen de défendre des dossiers, notamment celui de l’inscription des Marquises au patrimoine de l’Humanité. L’échéance est déjà fixée à 2021, il faut donc faire avancer ce dossier. La ministre et le président du Pays ont été attentifs à cette requête, et nous devons d’ailleurs nous revoir prochainement. Nous avons aussi évoqué le traitement des dossiers judiciaires ici. Nous avons un juge qui passe deux fois dans l’année. Nous aimerions la même chose pour le tribunal foncier » explique Félix Barsinas.
Les tavana des Marquises Nord (Joseph Kaiha, Nestor Ohu et Benoît Kautai) entourent la ministre de la Justice avec à droite, le président de la Polynésie française (photo Laure Philiber)