Le 29 mars 2020, à Arue, alors que les Polynésiens étaient confinés en raison de l’épidémie de Covid 19, les prévenus, tous âgés d’une trentaine d’années, avaient souhaité acheter une dose d’ice. L’un d’eux avait donc contacté l’une de ses connaissances susceptible de les fournir en drogue.
Tous s’étaient ensuite retrouvés face au domicile de l’intermédiaire, les acheteurs espérant récupérer 0,8 gramme de méthamphétamine. Ils avaient emporté avec eux une balance pour s’assurer que la quantité attendue était bien la bonne. Ce qui ne fut pas le cas, la balance affichant un déficit de 0,04 gramme. Le ton est donc rapidement monté.
“Je lui ai demandé de me rembourser mon argent, mais il ne voulait pas ramener mes sous. C’est comme ça que la violence est arrivée”, a déclaré à la barre l’un des acheteurs. Furieux de s’être fait léser, il s’était mis à porter des coups de poing au dealer avant de s’emparer du casque de celui-ci pour le frapper de plus belle.
L’autre avait alors saisi son canif pour finir par blesser l’acheteur. Victime d’une plaie “de plusieurs centimètres accompagnée d’un pneumothorax”, il avait été hospitalisé et s’était vu délivrer 8 jours d’incapacité de travail.
“Il s’est dit : ‘je vais y passer’”
L’avocat d’un des prévenus.
“Je ne sais pas comment ça s’est passé. J’ai mis le canif devant moi pour me protéger. C’est allé très vite. Je n’ai pas donné de coup. Et moi aussi j’ai eu 8 jours d’ITT pour ceux que j’ai reçus”, s’est justifié le dealer qui “était là pour gagner-sa- croute”, pas pour se battre. “J’avais besoin d’argent et j’étais en dépression à cette époque. J’ai fait les mauvais choix”, a-t-il encore soufflé.
Son avocat a également plaidé la légitime défense considérant que l’intéressé n’avait pas voulu blesser l’homme qui se trouvait face à lui. “Il s’est dit : ‘je vais y passer’ et la seule ressource qu’il a eu c’est de sortir son Couteau Suisse. C’était un geste défensif. Prendre des coups de casque de moto sur la figure, ça peut très mal se terminer”, a argué la robe noire.
Dans ses réquisitions, le procureur a renvoyé les 4 hommes dos à dos. “L’utilisation de la violence à l’occasion de transaction prolifère en Polynésie”, a-t-il déploré en citant divers dossiers récents ayant donné lieu à des séquestrations, des coups de feu, voire des passages à tabac mortels comme ce fut le cas à Mataiea en septembre dernier.
Inconnu de la justice jusqu’à aujourd’hui, le dealer au couteau, pour lequel la légitime défense a été retenue par le tribunal, a écopé d’une peine d’un an de prison dont 8 mois assortis du sursis. L’acheteur qu’il avait blessé, récidiviste, lui, a été condamné à 2 ans de prison dont un avec sursis. Les deux derniers prévenus ont quant à eux quitté le tribunal avec une peine de 8 mois de prison avec sursis pour l’un et une amende de 70 000 francs pour l’autre.