Le 28 juin dernier, la liste de Matahi Brotherson a remporté le second tour des élections municipales avec 50,2% des voix et seulement 10 voix d’écart avec la liste concurrente, celle de Sylviane Terooatea, qui, après 12 ans à la tête de la commune de Uturoa a du ainsi laisser sa place.
Matahi Brotherson avait ensuite pris ses fonctions de maire le 3 juillet. Mais l’ex-mairesse Sylviane Terooatea a par la suite dénoncé des irrégularités au niveau des procurations lors du vote avec des tampons manquants ou des signatures faites par une simple croix. Pour le maire actuel de Uturoa, Matahi Brotherson, si irrégularités il y eu, c’était à l’ex-mairesse et à son équipe, alors en place à ce moment, de vérifier la recevabilité de ces procurations.
Alors que les deux partis étaient sûrs d’obtenir gain de cause, le tribunal administratif a finalement rendu son délibéré ce mardi 6 octobre et a décidé d’annuler « les opérations électorales qui ont eu lieu le 28 juin 2020 en vue de l’élection des conseilleurs municipaux de Uturoa (Raiatea) ». Avec 10 voix d’écart, le président a suivi l’avis du rapporteur public.
« C’est une décision qui va avoir pour conséquence de ramener les électeurs une nouvelle fois aux urnes sur cette commune-là. Il n’y pas encore de délai fixé aujourd’hui pour la tenue de ce nouveau tour de scrutin mais ça ne saurait tarder » a déclaré Mourad Mikou, l’avocat de Sylviane Terooatea. Cette dernière se réjouit de la décision du tribunal : « Vous savez, dans une élection, il y a des règles et il faut les respecter, et ces règles n’ont pas été respectées, notamment dans les procurations. (…) Je pense qu’il faut ramener la justice et j’ai confiance en cette justice qui, aujourd’hui, m’a donnée raison, du recours que j’ai déposé. Et donc je suis très heureuse de cette décision, et on va repartir aux élections, pour le deuxième tour. (…) Regagner la confiance de ma population, c’est ma priorité puisque je sais que la population a toujours été là. La gestion de Matahi Brotherson et de toute son équipe a prouvé qu’ils ne s’entendent pas, ils se disputent tous les jours, même en conseil municipal, on a vu comment cela se passe où on a eu à corriger certaines choses. Mais de mon expérience de tavana, je sais que ce n’est pas évident de gérer une commune, mais ce n’est pas en se divisant dans le conseil qu’on peut gérer une commune. Et aujourd’hui, j’ai une équipe soudée, une équipe qui a mené la liste pendant 12 ans, avec d’autres personnes en qui j’ai confiance ».
Selon la loi, le tribunal administratif devra décider d’une date de vote à Uturoa dans un délai de trois mois. Le Haut-commissariat se chargera de son organisation, mais l’actuel maire ne compte pas en rester là. « Je suis déçu car cela voudra dire qu’on aura fraudé alors que ce n’est pas le cas, par rapport aux procurations, ce n’est pas de notre ressort. C’est Sylviane qui était mairesse à ce moment-là, c’était à elle de bien vérifier ces procurations » a confié de son côté Matahi Brotherson, peu après la décision du tribunal administratif. « À l’époque, il y avait 3 voix d’écart à Tumaraa, je vois pas pourquoi les 10 voix d’écart à Uturoa devraient peser dans la balance, sur les 570 procurations en tout » a-t-il ajouté.
Le tavana actuel a prévu de faire appel de la décision. Il dispose d’un délai d’un mois pour faire appel devant le conseil d’État. En attendant l’instruction de l’affaire et la décision du conseil d’État, les élus en place assurent la gestion de la commune.