La bande avait sévi dans le courant de l’année 2018. Un premier groupe se chargeait des cambriolages, cinq au total, chez de particuliers dans diverses communes de Tahiti. Ils emportaient les objets de valeur mais aussi, et surtout, le chéquiers et pièces d’identité de leurs victimes.
La seconde équipe avait pour mission d’écouler les chèques contrefaits dans les commerces, stations-services et restaurants de la place. Et son mode opératoire était bien rodé. Les têtes-pensantes de la bande sollicitaient régulièrement des personnes visiblement nécessiteuses et leur demandaient d’utiliser, à leur place, les chèques chez les commerçants. Elles devaient ensuite leur ramener les denrées, mais aussi le solde en liquide des achats.
Pour parvenir à leurs fins, les escrocs faisaient croire aux commerçants que les chèques volés correspondaient au paiement de leurs salaires. Ils leur présentaient en effet de fausses fiches de paie émanent d’une société fictive dont le nom du dirigeant était celui d’une personne cambriolée. Ils disposaient aussi de copies des pièces d’identité des victimes afin de rendre la chose plus crédible.
Et pour convaincre les commerçants encore méfiants, ils allaient jusqu’à se faire passer par téléphone pour “l’employeur” afin de certifier que tout était en règle. Grâce à ce stratagème, l’équipe est parvenue à écouler une centaine de chèques pour des dépenses d’un montant global d’environ 3 millions de francs.
“C’est le dossier de la misère”
L’une des avocates de la défense.
Mais de ce butin, il n’en reste rien aux dires des prévenus, qui ont reconnu les faits sans détour. “C’est le dossier de la misère que vous avez à juger aujourd’hui. On est dans un état de grande précarité qui, à mon sens, est proche de l’état de nécessité”, a déclaré l’avocate d’un des mis en cause. Un SDF à l’époque qui a “fait des efforts de réinsertion inouïs grâce à Père Christophe” et qui dispose aujourd’hui d’un CAE.
Dans ses réquisitions, la procureure a principalement ciblé les “2 clés de voûte” de la bande qui ont fait appel à “des co-auteurs en état de précarité sociale évident”. “Il a instrumentalisé lâchement les personnes autour de lui”, a-t-elle martelé en évoquant le principal protagoniste du dossier.
Celui-ci, actuellement en détention provisoire dans le cadre d’une affaire de stupéfiants, a écopé de la peine la plus importante : un an de prison ferme. Les 7 autres hommes ont été condamnés à des peines comprises entre 4 mois avec sursis à 3 mois de ferme.
Ils devront également dédommager solidairement leurs victimes pour les préjudices financiers et moraux engendrés.