“Je reconnais avoir frappé Augustine mais je n’ai jamais voulu la tuer. Je regrette ce geste et je demande humblement pardon à sa famille”.
Dernier à prendre la parole à son procès, Rudy, a campé sur ses positions, celles tenues au cours des 3 jours d’audience. A savoir qu’il avait porté un coup de poing au visage de sa maîtresse au bord d’une falaise à Papeno’o, la faisant chuter dans l’océan, dans la nuit du 26 au 27 avril 2021.
Une hypothèse écartée par l’accusation. Dans ses réquisitions, l’avocat général Hervé Leroy s’est dit convaincu que l’accusé avait volontairement tué Augustine et non commis des “violences ayant entrainé la mort sans intention de la donner”. Une nuance de taille, car les peines encourues ne sont pas les mêmes selon la qualification.
Pour appuyer son propos, le magistrat a lu l’audition de Rudy devant le juge d’instruction. L’homme de 35 ans confiait alors avoir asséné un violent coup de poing au visage de sa maîtresse qui lui avait annoncé son intention de le quitter. Il avait ensuite précisé avoir porté son corps inerte pour le jeter dans la mer. Un acte intentionnel, donc.
“Il prétend que la mort d’Augustine résulte d’un accident (…) Pour moi, il n’y a pas de doute. Il y a meurtre”, a asséné l’avocat général.
Autre élément défavorable à l’accusé : son profil psychologique. L’expert psychiatre qui s’est entretenu avec lui a conclu à sa “dangerosité”, bien qu’il ne souffre d’aucune pathologie mentale. “Impulsif”, “sans empathie”, “autocentré”, sont quelques-uns des qualificatifs employés par le médecin.
“Il n’y avait pas de place pour la victime. A aucun moment il n’a évoqué la souffrance de cette jeune femme”, a constaté le praticien. “C’est un peu un meurtre de propriétaire. Elle est sa propriété. Elle n’a pas le droit de le quitter pour un autre”, a de son côté relevé une psychologue clinicienne.
“4 ans plus tard, il n’y a toujours pas d’acte de décès”
L’avocate de la famille d’Augustine
La plupart du temp tête baissée, Rudy n’a pas apporté de réponses précises aux proches d’Augustine, venus en nombre au procès.
“Au bout de 3 jours de débats, on ne connait malheureusement pas la vérité (…) A chaque fois que l’accusé a ouvert la bouche, il a tenu des propos différents”, a regretté leur avocate, Me Kari Lee Armour-Lazzari.
“4 ans plus tard, les relevés de compte d’Augustine continuent d’arriver dans la boite postale comme si elle vivait toujours. 4 ans plus tard, il n’y a toujours pas d’acte de décès (…) Est-ce qu’elle a été mangée par les requins ? Est-ce qu’elle a été enterrée par Rudy ? On ne sait pas”, a soufflé l’avocate. Le corps de la jeune femme n’a en effet jamais été retrouvé.
En défense, l’avocate de Rudy, Me Isabelle Nougaro, a martelé qu’il n’était “matériellement pas possible” que son client ait jeté le corps de la jeune femme dans la mer, de nuit, depuis une falaise. Ni qu’il l’a tuée ailleurs avant de dissimuler sa dépouille.
Selon elle, il n’a “jamais eu l’intention de tuer celle qu’il aimait” : “Il y a eu une dispute. Elle l’a frappé et il a répondu violemment (…) Il lui a donné un coup, et elle est tombée. Il a paniqué. C’est ça l’histoire”.
Une thèse à laquelle la majorité des jurés n’a pas adhéré. La cour d’assises a retenu le meurtre sur conjoint et a condamné Rudy à une peine de 25 ans de prison. Il encourait la perpétuité.