C’est un lourd dossier empreint de zones d’ombre. Celui de la disparition d’Augustine, une jeune femme de 27 ans qui s’est volatilisée dans la nuit du 26 au 27 avril 2021.
Dans la journée, elle avait participé à l’anniversaire de son compagnon, Rudy, qui se déroulait au domicile de sa grand-mère à Faa’a. Un homme déjà marié avec lequel elle entretenait une relation houleuse depuis plusieurs années.
Mais à partir du 27 avril au matin, plus aucun membre de son entourage n’est parvenu à entrer en contact avec elle. L’enquête ouverte à l’origine pour « disparition inquiétante » a pris une tout autre tournure au bout de quelques semaines en raison des incohérences dans le comportement et les déclarations de son amant.
« L’accusé n’a jamais essayé d’appeler la victime après sa disparition. Ça nous a un peu alarmé », a expliqué à l’audience le gendarme qui a dirigé le début de l’enquête, avant de révéler qu’Augustine était, en outre, probablement enceinte.
L’emploi du temps de Rudy a également été passé au crible. Et, là aussi, l’homme a été mis en difficulté. Il avait en effet déclaré avoir passé la nuit entière au domicile de la grand-mère d’Augustine, à Faa’a, sauf que son téléphone avait borné à 1 h 30 du matin…à Mahina.
Face à ces éléments l’incriminant, le chauffeur-livreur de profession avait fini par reconnaitre, en garde à vue, sa responsabilité dans la mort de la jeune femme. Mais en livrant différentes versions.
Selon les proches de la victime, celle-ci avait annoncé à l’accusé, lors de la journée d’anniversaire, qu’elle désirait le quitter pour faire sa vie avec un autre homme qu’elle avait rencontré il y a peu. « Elle a dit à Rudy qu’elle ne voulait plus de lui. Sur le moment, il n’a pas bougé », a témoigné sa grand-mère.
« Comme un lâche, je suis parti »
L’accusé
Une séparation à laquelle Augustine songeait depuis un moment bien qu’elle fût inquiète des conséquences, comme l’a raconté l’une de ses cousines : « Parfois, elle me disait qu’il la tapait. Elle me montrait ses bleus. Je lui disais de ne plus rester avec lui, mais elle répondait qu’elle ne pouvait pas, parce qu’elle avait peur de lui ».
Ce jeudi, en fin d’après-midi, l’accusé a été appelé à prendre la parole pour la première fois, dans une ambiance pesante. Le trentenaire a reconnu avoir été très énervé par le fait qu’Augustine lui avait annoncé ses intentions de séparation.
Il a expliqué être parti au milieu de la nuit avec elle en direction de Papeno’o pour avoir une explication avec son rival. Mais en cours de route, ils se sont arrêtés au bord d’une falaise.
« Je ne voulais pas qu’elle s’en aille. Ça a dégénéré. Elle n’arrêtait pas de parler de ma mère en mal. Elle m’a tenu les parties intimes et, par réflexe, je l’ai frappée fort avec mon poing au niveau du menton. On était au bord du précipice et elle est tombée », a-t-il dit.
Et l’homme de poursuivre : « Comme un lâche, je suis parti. J’avais peur. J’ai vu toute ma vie défiler devant mes yeux ». Les jours qui ont suivi, il a « fait semblant de ne pas savoir ».
« Je viens d’entendre. Ça fait mal », a réagi la grand-mère d’Augustine, « je demande à Rudy, s’il a un cœur, de me dire où il a mis le corps. Comme ça je pourrai vivre en paix. Je pourrai faire mon deuil et apaiser ma douleur ». « Je n’ai pas caché le corps. Elle est tombée », lui a répondu l’accusé avant que le président de la Cour d’assises suspende l’audience.
Les frères de la victime sont alors sortis de leurs gonds en s’avançant menaçants vers le box. Des renforts de policiers ont été appelés pour ramener le calme.
Le procès devrait s’achever ce lundi. Pour meurtre aggravé, l’accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité.