Peu avant d’atterrir à Faa’a, vers 15 heures, deux pilotes d’Air Tahiti avaient alerté la gendarmerie d’une traînée d’hydrocarbures dans le sillage d’un thonier naviguant à un peu plus de 3 kilomètres des côtes de Pirae. Ce navire chinois de 40 mètres, qui pêche dans les eaux internationales, avait immédiatement été arrêté par les gendarmes. Il venait de déverser en mer environ 500 litres d’un mélange d’huile et d’hydrocarbures, ce qui a avait formé une nappe d’une centaine de mètres de large pour plus de 3 kilomètres de long.
À bord, un tuyau d’eau s’était cassé selon le chef mécanicien, inondant en partie la salle des machines. Pour l’armateur comme son avocate, le rejet en mer était indispensable pour éviter le naufrage du thonier. « Un envahissement d’eau, cela exige une réaction immédiate. On dit qu’il y a deux dangers en mer : c’est l’envahissement d’eau et l’incendie. (…) Il a pris les meilleures dispositions pour éviter une pollution. Attention, le navire avait à bord 100 tonnes de gasoil » explique Me Anne-Laurence Michel, avocate du capitaine du navire et de l’armateur.
Sauf que l’inspecteur des affaires maritimes qui est monté à bord a estimé qu’il n’y avait pas de danger imminent. En outre, le capitaine n’avait pas alerté le JRCC du problème, et il ne semblait pas avoir l’intention de faire demi-tour. Pour la Fédération des associations de prévention de l’environnement, partie civile au procès, les arguments de l’armateur ne tiennent donc pas. « Je pense qu’il n’y avait pas vraiment un souci de sécurité. Ils auraient dû arrêter les moteurs tout simplement, et vider les choses différemment » déclare Winiki Sage, président la Fédération des associations de prévention de l’environnement.
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Reste aussi la question de la conformité de ces navires, bien que certifiés par les autorités chinoises. Dans son réquisitoire, le procureur a évoqué des pièces « bricolées », « vétustes », et un « défaut général d’entretien » du navire.
En conclusion, le magistrat a requis contre le capitaine et l’armateur, le paiement d’une amende de 35 millions de Fcfp pour pollution maritime. Le tribunal rendra son jugement le 28 janvier et sa décision est attendue par la Fédération des associations de prévention de l’environnement. « On accepte aujourd’hui que ces bateaux fassent relâche aussi. Eh bien qu’on s’assure, nous, qu’ils soient conformes et que cela ne se reproduise plus. C’est tout ce qu’on demande » conclut Winiki Sage.