Le ministre de l’Éducation Ronny Teriipaia a été convoqué pour une première comparution devant deux juges d’instruction, ce vendredi, dans le cadre de l’information judiciaire ouverte en janvier dernier visant « le délit de provocation publique à la discrimination en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion par une personne chargée de mission de service public » .
Pour rappel, le 26 octobre 2023, lors d’une intervention dans l’hémicycle à Tarahoi, le représentant Tavini Mitema Tapati avait déclaré en reo Tahiti que la Polynésie avait « considérablement blanchi». Des propos sur lesquels Ronny Teriipaia était revenu le 2 novembre dans les colonnes de Tahiti Infos, considérant qu’ils n’étaient pas racistes mais rendaient compte de la « réalité » . « En France, on dit bien qu’il y a l’invasion de toutes les communautés arabes. C’est exactement pareil » , avait-il ajouté.
Les juges ont décidé de le mettre en examen pour ces faits, passibles de trois ans de prison et d’une amende de neuf millions de francs.
Avocat de Ronny Teriipaia, Philippe Neuffer a déclaré qu’il « attendait » une telle décision « compte tenu du contexte et sur les questions de partialité qu’on peut avoir dans notre milieu insulaire sur ces notions qui sont quand même assez subjectives » . « Il y a la question de la parole publique dans l’espace public par une autorité publique. C’est le centre même du débat » , a-t-il ajouté. Me Neuffer a indiqué qu’il utilisera « toutes les voies de recours » à sa disposition « pour défendre M. Teriipaia, qui a une certitude, c’est de n’avoir pas commis quelque chose de répréhensible et de grave » .
Mitema Tapati et Oscar Temaru, qui avait déclaré avoir « peur du changement démographique » et évoqué une « invasion » lors d’une conférence publique, devraient aussi être convoqués par le juge d’instruction. Avant cela, des traductions certifiées de leurs propos tenus en tahitien sont attendues.