“Je me suis dit que j’allais faire mon coup sur ce voyage”. Faatauira D. a joué cartes sur table devant les magistrats du tribunal correctionnel. Cet homme de 35 ans, déjà vendeur de paka, a avoué sans détour qu’il avait “réfléchi à faire ça, l’année dernière”.
“Ça”, c’était ramener 7,5 kilos d’ice dans ses valises, sommairement dissimulés dans 7 gourdes dont les bouchons avaient été scellés avec de la colle. Sans contact à Los Angeles, l’homme a expliqué s’être inspiré d’un documentaire sur Netflix portant sur le “narcotrafic” avant de se lancer : “ça explique que tu vois plein de pauvres dans la rue. Tu leur demandes et ils vont t’envoyer chez un fournisseur”.
Un curieux enseignement, qui a pourtant fonctionné puisque le trentenaire est entré en contact avec un “Mexicain” qui a pu lui fournir la (grosse) quantité demandée. La vente sur le marché local de 7, 5 kilos de méthamphétamine a été évaluée par les douanes à 2,2 milliards de francs.
Selon ces dernières, le trafiquant souhaitait, lui, brader les prix pour en tirer un bénéfice de quelque 700 millions de francs. Mais s’il ambitionnait de faire “plein de choses” grâce à ses revenus illégaux, il n’avait pourtant pas anticipé la manière dont il écoulerait un tel volume, ni à celle de blanchir l’argent : “D’abord, je voulais faire passer -la drogue, NDLR- Je n’ai pas réfléchi. Je n’ai pas pensé à la revente”.
Bien que principal mis en cause, ce n’est finalement pas lui qui a été sous le feu des questions du tribunal durant l’audience, mais sa jeune compagne de 23 ans, Hinerava. L’homme s’est efforcé de la disculper, expliquant avoir “profité de sa gentillesse”, pour la “manipuler”.
Elle avait pourtant vu les gourdes dans les valises avant le départ des États-Unis, et c’est elle qui avait récupéré les bagages à la descente de l’avion à Tahiti, avant d’être contrôlée inopinément par les douanes. “Je ne me suis pas vraiment posé de questions”, a-t-elle répondu à plusieurs reprises, d’un air absent, parfois hautain. Ce qui n’a pas joué en sa faveur face aux magistrats plus que perplexes.
“Elle voit bien qu’il a un train de vie qui ne correspond pas à ses moyens. Il y a plusieurs indices qui devaient lui mettre la puce à l’oreille. Ses explications ne sont pas crédibles. Depuis le début elle savait quel était le but de ce voyage”, a asséné, dans ses réquisitions, la procureure de la République, Solène Belaouar.
Celle-ci a, dans la foulée, réaffirmé, la “politique de fermeté” du parquet de Papeete à l’égard de ceux qui se “risquent à ce type d’importation” avec pour seul but “l’appât du gain”. Elle a donc demandé au tribunal d’envoyer un “signal fort”.
Ce qu’il a fait en allant au-delà des réquisitions de la représentante du ministère public. Faatauira D. a été reconduit derrière les barreaux pour y purger ses 7 années de prison. Sa compagne, elle, comparaissait libre, après avoir été placée sous contrôle judiciaire durant l’enquête.
Dès le jugement rendu, elle a été écrouée à Nuutania pour 5 années. Le tribunal a également condamné solidairement le couple à payer une amende douanière…de 1 milliard de francs.