Le surf s’est invité au rôle du tribunal administratif, ce mardi matin. Lorenzo Avvenenti, rider bien connu du Fenua, avait saisi les magistrats de la juridiction pour obtenir l’annulation d’une décision de la commission disciplinaire de la Fédération tahitienne de surf, prise en juillet dernier, « lui interdisant toute inscription aux compétitions locales et internationales sur une période de 2 années« .
Du 8 au 12 juin dernier, la FTS avait organisé une compétition à Teahupo’o, spot qui accueillera l’épreuve de surf des Jeux Olympiques de 2024. Cette rencontre opposait les surfeurs de l’équipe de France, alors en préparation en Polynésie, aux riders locaux.
Mais cette compétition n’était pas du goût de plusieurs locaux, qui se seraient plaint de devoir s’acquitter d’une cotisation de 6000 Fcfcp pour y participer. Trois d’entre eux, dont Lorenzo Avvenenti, ont ainsi perturbé les compétiteurs en lice en se mêlant à eux et en refusant de sortir de la zone de compétition.
« Il y a quand même eu un préjudice. Bloquer un évènement longuement réfléchi, c’est le mettre en péril et ça a failli être le cas. Les membres de l’équipe de France ont trouvé ça un peu dommage mais ils ont été cléments. On a pu terminer la compétition mais on a bien perdu 4h30, et ce n’était pas une belle promotion. On ne peut pas laisser passer ça« , explique à TNTV Lionel Teihotu, président de la fédération tahitienne de surf.
Après avoir interpellé les trois surfeurs au mégaphone et interrompu la compétition, M. Teihotu avait été contraint de faire venir la police municipale sur place pour les faire sortir de l’eau. Il avait ensuite déposé plainte à la gendarmerie.
« L’accès au plan d’eau, juridiquement, était ouvert »
Me Thierry Jacquet, avocat de Lorenzo Avvenenti
« C’est pour toutes ces raisons que nous avons décidé de le sanctionner. C’est une décision du conseil fédéral où tout le monde s’est positionné. On l’a prise en collégialité. Le but, c’est surtout que ce genre de chose ne se reproduise plus« , ajoute Lionel Teihotu, qui estime que la FTS aurait également pu subir un préjudice financier si les sponsors de la compétition avaient demandé des comptes à la fédération en raison de ces incidents.
L’avocat du surfeur mis en cause, Me Thierry Jacquet, a, lui, une toute autre lecture des évènements. Le conseil assure que son client n’a en rien « perturbé » l’épreuve. Pour une raison juridique : « Il y aurait dû avoir un arrêté de pris qui rende le plan d’eau sécurisé et ‘interdit’ aux non-participants. En l’occurrence, aucun arrêté n’a été pris. L’accès au plan d’eau, juridiquement, était donc ouvert à tout le monde. Mon client n’était d’ailleurs pas le seul sur l’eau (…) La Fédération a voulu faire un exemple« .
Si deux des surfeurs, s’étant excusés auprès de la Fédération, ont bénéficié de la levée de leurs sanctions, celles-ci avaient été maintenues à l’encontre de Lorenzo Avvenenti, considéré comme leader des contestataires. Ce dernier avait fait appel de cette décision et avait été convoqué devant une commission d’appel de la fédération le 21 juillet. Une procédure que Me Thierry Jacquet, représentant du surfeur, avait contesté : « C’est une décision que je considère irrégulière. On ne peut pas dégager quelqu’un comme ça. On verra ce que le tribunal administratif dira« , déclarait-il avant l’audience de ce matin.
Une question d’image du sport en Polynésie
Dans ses conclusions, la rapporteur publique est allée dans le sens du surfeur, en demandant l’annulation de la décision de la commission d’appel de la FTS. Un problème de forme selon elle, puisque Lorenzo Avvenenti n’a bénéficié que de 3 jours pour préparer sa convocation devant la commission d’appel, entre le 17 et le 21 juillet, alors qu’il était en droit de prendre plus de temps, notamment pour « s’informer, et choisir de se faire représenter ou non« .
Si M. Teihotu a concédé que ce délai était « sans doute un peu court« , il a insisté sur le caractère « urgent » de la décision de la FTS et a dénoncé un comportement « inadmissible de la part d’un athlète« . « Au-delà du surf, il s’agit du sport en général », a-t-il conclu.
Le délibéré est attendu le 28 février.