Ambiance lourde, comme souvent, devant la cour d’assises, ce jeudi. Un père de famille de 32 ans comparait libre pour des violences sur ses trois jeunes enfants qui auraient provoqué une “infirmité permanente” pour l’une des jumelles. La petite fille souffre aujourd’hui d’un lourd handicap estimé à “90%”.
En février 2019, trois mois à peine après la naissance des fillettes, le CHPF avait alerté le parquet après l’admission de l’une d’elles dans un état grave. Les parents avaient expliqué que le nourrisson était tombé du lit. Mais les médecins ont, eux, rapidement suspecté un cas de maltraitance.
Des examens plus poussés leur ont donné raison. Ils ont démontré que la fillette souffrait du “syndrome du bébé secoué” et qu’il en résulterait de très lourdes séquelles. A 21 mois, elle n’était pas en mesure de tenir la tète droite et les médecins ont constaté une “absence de regard et de sourire”.
Lors de sa garde à vue, le père de famille a finalement reconnu qu’il avait “secoué plusieurs fois” la petite fille. La veille, il s’était disputé avec sa compagne qui avait quitté le domicile sans lui laisser de lait pour les bébés. Il avait déclaré devant les enquêteurs avoir “paniqué à l’idée de s’occuper seul de ses enfants” et ne “pas supporter leurs pleurs”.
A la barre, devant les jurés, le trentenaire a reconnu avoir secoué la fillette mais il a aussi impliqué sa belle-sœur qui aurait fait de même. Ce qu’il n’avait jamais déclaré au cours de l’instruction. “J’admets. Mais je protège tout le monde. Ma famille (…) Je ne sais plus en j’en suis. Je bois beaucoup. J’ai le cœur déchiré. Je vivrai toujours avec ça”, a-t-il gémi.
Au sujet de son parcours de vie, la présidente a eu bien du mal à lui en faire parler. Ainé d’une fratrie, il a, selon l’enquête, été victime de violences durant son enfance. Et il a perdu sa mère dans des circonstances tragiques, en 2013, celle-ci ayant été tuée par son compagnon. Son père est également décédé, plus récemment.
Appelée à témoigner, l’assistante sociale qui a suivi la famille a finalement été d’un grand secours pour permettre à la cour de mieux cerner de la personnalité du trentenaire.
“Le décès de sa maman a été très compliqué. Il n’a pas fait son deuil. C’est quelque chose de très douloureux pour lui, même 11 ans après (…) Suite au décès de ses parents, comme il est l’ainé, il a estimé que c’était à lui de subvenir aux besoins de tout le monde. Il devait assumer pour sa fratrie, pour son couple et pour sa petite famille”, a-t-elle confié.
L’assistante sociale a ajouté que l’homme avait “demandé pardon à ses enfants” qui ont été placés et qu’il avait “consciences des conséquences de ses actes”. “Il essaye de recréer du lien avec ses filles (…) Il est toujours venu aux visites et il a remercié plusieurs fois le couple accueillant les enfants”, a-t-elle poursuivi, en soulignant que la mère était, elle, moins impliquée car empêtrée dans “d’autres problématiques”.
Dans l’après-midi, c’est justement la mère des enfants qui a été appelée à témoigner. Et elle a dépeint une autre facette de l’accusé. Elle a en effet expliqué que son compagnon se montrait régulièrement violent avec les enfants, surtout l’ainé, un petit garçon.
Selon elle, ne supportant pas les pleurs et les cris des petits, il n’hésitait pas, parfois, à leur entraver la bouche avec un coussin pour les faire taire. Le procès doit s’achever ce vendredi. Le père de famille encoure 20 ans de réclusion criminelle.