Un an de prison ferme pour le papa violent

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Un père de famille de 67 ans a été condamné à 3 ans de prison dont 2 avec sursis. Il était poursuivi pour des violences habituelles sur sa femme et ses enfants. Il ne reconnait pas la justice française et affirme qu'il est normal de frapper ses enfants. Selon lui, "c'est pour les éduquer".

Publié le 27/04/2022 à 9:00 - Mise à jour le 27/04/2022 à 9:00

Un père de famille de 67 ans a été condamné à 3 ans de prison dont 2 avec sursis. Il était poursuivi pour des violences habituelles sur sa femme et ses enfants. Il ne reconnait pas la justice française et affirme qu'il est normal de frapper ses enfants. Selon lui, "c'est pour les éduquer".

Le prévenu avait un manche à balai en guise de canne, qu’il faisait simplement glisser sur le sol un peu à la manière des aveugles, mais de manière rectiligne. Il est originaire des Tuamotu où, durant son enfance, il aurait été éduqué à coup de bâton. C’est ce qu’il a affirmé aux policiers et aux juges.

Le 30 octobre 2021 à 17 heures 40, les agents de la police nationale sont amenés à intervenir dans le quartier de La Mission pour des violences. Un jeune garçon de 13 ans venait de recevoir un violent coup de bâton sur le bras gauche. L’auteur du coup, son père, est fortement alcoolisé. Il a déclaré aux policiers qu’il avait frappé son fils car il n’écoutait pas et ne le respectait pas. De son côté, l’enfant a raconté aux policiers qu’il était assis dans le salon a regarder la télé quand, sans aucune raison, son père s’est approché de lui pour lui donner une gifle. L’enfant a esquivé et son père a saisi un bâton en bois pour le frapper violemment. L’enfant a déclaré par la suite que ce n’était pas la première fois que son père le violentait. Il le faisait en moyenne trois fois par semaine depuis ses sept ans. Son grand-frère, l’auteur du coup de téléphone à la police, aurait été victime des violences de leur père pendant près de 20 ans. La petite sœur également y a droit, mais à des fréquences plus faibles, une à deux fois par mois selon la jeune fille âgée de 15 ans.

« Je le frappe parce que c’est mon enfant »

Le prévenu

Face aux juges, le sexagénaire a demandé l’assistance d’un interprète pour exprimer son opposition au système judiciaire. Lorsque le président de la cour lui demande pourquoi il a frappé son fils, il répond : « Je le frappe parce que c’est mon enfant ». Durant les échanges qui ont suivi, l’homme a martelé qu’il avait tout les droits sur ses enfants et qu’il ne reconnaissait pas le système judiciaire. Ses réponses étaient souvent ponctuées de ricanements et parfois, il se mouchait dans sa chemise. À plusieurs reprises, lorsque le président lui posait des questions, il répondait que c’était au président de répondre à la question. L’attitude irrespectueuse du prévenu a obligé le président à le rappeler régulièrement à l’ordre voire à lui demander de se taire lorsque les autres intervenants du procès s’exprimaient. Pour calmer les débats, le président a fait lecture des déclarations des enfants.

« Il m’a lancé un couteau quand j’avais 5 ou 6 ans »

L’un des enfants du prévenu

Les deux enfants mineurs du prévenu étaient représentés par l’Association Polyvalente d’Actions Judiciaires (APAJ). Ce sont les seuls dont les intérêts ont été défendus devant le tribunal, le fils aînés et la mère ne s’étant pas constituées parties civiles. Les déclarations des trois enfants sont révélatrices d’un comportement pathologique du père. Ses enfants le décrivent comme un homme fainéant, parfois gentil, mais très souvent violent et encore plus quand il a bu. L’homme avait déclaré aux enquêteurs et confirmé devant les juges qu’il pouvait boire en une soirée 10 à 12 bouteilles de 50cl de bière avec du vin. Ses enfants le décrivent comme une personne violente, qu’il soit saoul ou à jeun: « Il nous frappait avec un bout de bois, il nous tirait les cheveux ou prenait des objets pour les jeter sur nous ». Sa fille a même déclaré :« Il m’a lancé un couteau quand j’avais 5 ou 6 ans ». Un médecin a examiné une des cicatrices de la jeune fille et a confirmé qu’elle aurait pu être provoquée par une lame de couteau.

« Je ne suis pas sûre qu’il comprenne ce qui se passe »

L’avocate des victimes

La mère des enfants, victime d’Alzheimer, n’a pas pu faire de déclarations. Elle est actuellement sous tutelle depuis que sa belle-fille a signalé aux services sociaux qu’elle avait beaucoup maigri et qu’elle avait des blessures au dos. Après l’intervention de la police, les deux jeunes enfants ont été placés en foyer d’accueil. C’est la jeune fille qui s’occupait de sa mère, qui lui faisait sa toilette et qui lui donnait à manger. Le prévenu a cyniquement expliqué que depuis que les enfants ne sont plus là, « sa femme fait beaucoup de bêtises et fait ses besoins n’importe où » et donc « il la frappe pour lui apprendre à ne pas recommencer ». Selon la tutrice de la mère, le prévenu ne lui donnait même pas d’argent pour acheter ses médicaments.

Durant sa plaidoirie, l’avocate des victimes a déclaré : « Je ne suis pas sûre qu’il comprenne ce qui se passe » en parlant du refus du père de se conformer à la loi. La cour l’a condamné à 3 ans de prison, dont 2 avec sursis en décernant un mandat de dépôt. Il a été conduit directement en prison. Sa peine est assortie d’une interdiction d’entrer en contact avec les victimes. Il a été déchu de son autorité parentale et devra payer 300 000 Fcfp de dommages et intérêts à ses deux enfants mineurs. Le sexagénaire a indiqué aux juges qu’il fera appel de la décision.

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