Les policiers de la DTPN étaient intervenus le 1er avril 2023 pour un différend de couple. La jeune femme, qui n’avait même pas 16 ans à l’époque, venait d’être violemment frappée par son compagnon, interpellé ivre. Gifles, coups de poings et de pieds. Elle s’était vu délivrer 6 jours d’arrêt de travail en raison de ses blessures.
« Il ne me laisse pas sortir, ni appeler personne, même pas mes parents, sauf quand j’ai besoin de sous », avait expliqué l’adolescente aux policiers. Elle leur avait également confié avoir été frappée quelques semaines plus tôt, le 17 mars précisément.
Un jour particulier car, la veille, elle avait subi une interruption volontaire de grossesse. Elle ne souhaitait pas garder l’enfant en raison des violences dont elle était victime, selon ses déclarations. Pour ces faits, son conjoint devait se présenter au tribunal, ce qu’il n’avait pas fait.
Le 20 novembre, il l’avait à nouveau frappée. « Elle aussi, elle me tape », a expliqué le jeune homme à la barre du tribunal, « elle me renvoie les coups. Cette fois-là, j’ai tapé le premier ».
Les enquêteurs ont effectivement constaté de nombreuses traces de morsures sur son corps. « Il n’est jamais allé voir un médecin pour avoir un certificat médical », a fait valoir son avocat.
« C’est elle qui prend le pouvoir »
L’avocat du prévenu
Appelée à témoigner, la jeune femme s’est présentée des lunettes de soleil au visage. Le président lui a demandé de les enlever. Ce qu’elle a fait, laissant paraitre un cocard. Les stigmates d’une récente bagarre dans son quartier, a-t-elle expliqué.
« On se dit que vous êtes un peu violente quand on voit les morsures qu’il avait », lui a fait remarquer le magistrat. « Oui », a acquiescé l’adolescente.
Dans ses réquisitions, le procureur a déploré des « violences répétées et banalisées » au sein d’un très jeune couple rappelant au prévenu qu’il encourait 10 années de prison. « Il ne s’agit pas d’une simple claque, mais de faits répétés », a-t-il tonné. « Elle est mineure et lui est majeur. C’était à lui de mettre un terme à cette relation toxique », a considéré le magistrat.
« On est quelque part dans un contexte de victimes réciproques », a retorqué l’avocat du jeune homme. « Je ne suis pas d’accord avec le parquet que ce soit le plus âgé le responsable. Du haut de ses 16 ans, elle est extrêmement réactive (…) Je pense que c’est elle qui prend le pouvoir dans le couple, bien qu’elle ait 3 ans de moins », a-t-il ajouté.
Le jeune homme a finalement écopé de 12 mois de prison avec sursis. Il devra en outre effectuer un stage sur les violences conjugales et suivre des soins pour sa consommation d’alcool et de stupéfiants. Le tribunal lui a également interdit d’entrer en contact avec la jeune fille et de paraitre à son domicile.