C’est un procès hors norme qui s’est ouvert, ce vendredi, devant la cour d’assises de Papeete. Celui d’un père jugé pour avoir étranglé à mort son fils, de manière préméditée, en octobre 2022.
La petite victime, prénommée Bryan, avait 2 ans et 10 mois. Un enfant non désiré, mais accepté comme un signe du destin. Ce jour-là, son père avait également prévu de mettre fin à ses jours en ingérant deux boîtes de somnifères. Une tentative de suicide qui a échoué.
La mère de la victime, suivie par un psychiatre, était absente au premier jour de procès. Faute de certificat médical, elle devrait être entendue plus tard. Dans le box des accusés, le père a confirmé le résumé des faits dressé par la présidente de la Cour. Il a reconnu avoir prémédité son geste pendant deux mois et s’être finalement décidé la veille du 30 octobre 2022, le jour du drame.
Comment a-t-il pu commettre l’irréparable ? Deux versions s’opposent. Selon la mère, l’accusé aurait voulu la blesser en utilisant leur fils. Lors de l’instruction, elle l’a décrit comme un homme jaloux et possessif. De son côté, l’accusé a également brossé un portrait négatif de son ex-femme, affirmant qu’elle l’aurait menacé de lui enlever leur enfant.
En 2020, l’homme avait d’ailleurs engagé une procédure devant le juge aux affaires familiales pour obtenir la garde de Bryan, mais la décision lui a été défavorable. Malgré cette situation, le couple s’est reformé un temps.
Leur relation est cependant restée chaotique : alcool, dettes, consommation de stupéfiants, suspicions d’infidélité et disputes incessantes ont rythmé leur quotidien.
L’accusé a expliqué qu’il ne voulait pas laisser son fils grandir dans cet environnement conflictuel. Il a aussi indiqué avoir envisagé de provoquer un accident de voiture.
Appelé à témoigner, le père adoptif de l’accusé l’a dépeint comme un « bon garçon« . En revanche, il décrit son ex-belle-fille sous un jour très négatif, allant jusqu’à exprimer des doutes sur la paternité de Bryan, une question qui, selon lui, hantait l’accusé jusqu’à la naissance de l’enfant.
Les premiers éléments du procès ont laissé apparaitre le tableau d’un enfant pris au cœur d’une famille recomposée instable.
Bryan souffrait de troubles du langage et du comportement pouvant s’apparenter à des troubles autistiques. Pourtant, son grand-père s’est souvenu d’un enfant joyeux, malgré ses difficultés de compréhension. Le procès, prévu sur 3 jours, devrait s’achever mardi prochain.