L’idée de ce trafic lui est venue en prison. Cet homme de 46 ans, la “tête-pensante” du dossier, purgeait une peine de 5 ans pour de nombreux abus de confiance et autres escroqueries.
La drogue, il ne connaissait pas. Mais au contact de trafiquants notoires derrière les barreaux, il s’est vite aperçu que se lancer dans les stupéfiants était un business bien plus rémunérateur, comme il l’a expliqué depuis le box des prévenus : “J’ai su ce que ça rapportait, donc j’ai voulu tenter. C’est comme un jeu. Heureusement, j’ai perdu”.
“J’ai essayé de postuler dans des entreprises. Je précisais que je venais de sortir de prison. La tête des employeurs changeait. J’étais lucide. Je savais que je n’allais pas trouver un emploi”, a-t-il ajouté en guise de justifications.
Un mois à peine après avoir quitté Tatutu, le quadragénaire a donc proposé à sa compagne de se rendre à Los Angeles pour y récupérer une valise. Grâce à un trafiquant bien connu à Tahiti, il avait pu obtenir un contact dans la Citée de anges.
En septembre 2023, la jeune femme s’est envolée pour les États-Unis. Comme convenu, une valise lui a été remise par un “Mexicain” dans la chambre de son hôtel. Mais à son retour à Tahiti, elle a attiré l’attention des douaniers.
En inspectant le bagage, les fonctionnaires ont découvert un discret double-fond contenant un sachet de 1,152 kilo de méthamphétamine. “Je suis partie parce que j’avais besoin d’argent. C’est mal, parce que je vais avoir un casier”, a soufflé la prévenue, sans emploi.
Lors de leurs investigations, les enquêteurs se sont également intéressés à un troisième larron, suspecté d’avoir participé au trafic. Il n’en était finalement rien.
Mais la perquisition du domicile de cet homme déjà condamné dans plusieurs affaires de stupéfiants a livré des surprises : 72 plants de paka et un coffre fort lourd de … 38,8 millions de francs en petites coupures.
“J’ai déterré de l’argent que j’avais enterré avant d’aller en prison. C’était mon ancien trafic. La somme qui me restait”, a-t-il expliqué, précisant avoir caché sous terre durant plusieurs années un total de 50 millions de francs.
Des explications jugées bancales par le président du tribunal qui lui a fait remarquer que de nombreux billets découverts dans le coffre avaient été mis en circulation après son incarcération.
Finalement, le tribunal a condamné le cerveau de cette importation de meth à 5 ans de prison ferme et sa compagne à 4 ans dont 30 mois assortis du sursis. Le couple devra également s’acquitter d’une amende douanière solidaire de 126 millions de francs.
“Je vais avoir 47 ans dans quelques jours. Il me faudra au moins 121 ans pour réunir la somme…je ne serai plus vivant”, a souligné l’homme.
Le dernier prévenu, en état de récidive, a quant à lui écopé de la peine la plus lourde : 7 années derrière les barreaux.