Une femme condamnée pour avoir été complice d’un “brouteur” dans des escroqueries de vente de voitures

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Une ancienne femme de ménage a été condamnée, ce mardi par le tribunal correctionnel de Papeete, à 9 mois de prison avec sursis pour complicité d’escroqueries. Elle avait mis son compte en banque à disposition d’un “brouteur” qu’elle n’avait jamais rencontré pour lui reverser les fonds dérobés. Il proposait à la vente sur internet des véhicules qui ne lui appartenaient pas. Une dizaine de victimes se sont manifestées pour un préjudice total de 3,1 millions de francs.

Publié le 28/01/2025 à 17:38 - Mise à jour le 28/01/2025 à 17:38

Une ancienne femme de ménage a été condamnée, ce mardi par le tribunal correctionnel de Papeete, à 9 mois de prison avec sursis pour complicité d’escroqueries. Elle avait mis son compte en banque à disposition d’un “brouteur” qu’elle n’avait jamais rencontré pour lui reverser les fonds dérobés. Il proposait à la vente sur internet des véhicules qui ne lui appartenaient pas. Une dizaine de victimes se sont manifestées pour un préjudice total de 3,1 millions de francs.

Ce type d’escroqueries de ventes de voitures ou de locations d’appartements pullulent sur les réseaux sociaux. Et La Polynésie est loin d’être épargnée. Au contraire. L’audience du tribunal correctionnel, ce mardi, en a fait la démonstration.

A la barre : une ancienne femme de ménage qui, pour compléter ses maigres revenus, avait postulé à une annonce sur internet qu’elle pensait être “une offre d’emploi”.

C’était une société de vente de voitures (…) Ils m’ont dit qu’ils faisaient les virements sur mon compte car leur société n’était pas encore implantée en Polynésie mais que c’était en cours”, a-t-elle expliqué, reconnaissant qu’elle n’avait eu “aucune preuve” de l’existence réelle de “l’entreprise” et de la légalité de ses activités.

Ayant désormais accès à un compte bancaire au fenua, la tête pensante de l’escroquerie a, dans la foulée, diffusé sur les réseaux sociaux des fausses annonces pour proposer à la “vente” un véhicule de marque Suzuki. La suite, c’est l’une des dix victimes qui l’a racontée à l’audience.

J’avas besoin d’une voiture en urgence. J’ai consulté l’annonce sur Facebook. La voiture était à un prix assez abordable. J’ai contacté la personne qui m’a dit que la voiture était disponible mais que beaucoup de personnes étaient intéressées. Si je voulais bloquer le véhicule, il fallait verser une avance de 200 000 francs. J’étais sur une relation de confiance et j’ai fait le virement”, a témoigné la jeune femme. Mais une fois la somme payée, son interlocuteur a bien entendu disparu.

On est au même niveau que ces personnes. On est aussi confrontés à la cherté de la vie. On bosse dur”, a-t-elle soufflé en faisant référence à la prévenue, l’unique personne renvoyée devant le tribunal.

Car le cerveau de l’arnaque n’a, lui, jamais pu être identifié, ni même localisé. “Depuis quelques années, les escroqueries font un carton en Polynésie au préjudice de dizaines, voire de centaines de victimes”, a constaté la procureure. Selon la magistrate, des “brouteurs” issus de “pays tiers” utilisent des Polynésiens pour leur servir “d’intermédiaires”.

“La naïveté a ses limites”

La procureure

Ce sont des petites mains qui se font approcher de manière assez basique. Mais comment peut on être vendeur de biens ou de voitures alors qu’on n’est pas installé en Polynésie ?  L’annonce comporte aussi beaucoup de fautes d’orthographe. Il y avait des voyants lumineux qui auraient dû attirer l’attention de madame. La naïveté a ses limites”, a tonné la représentante du parquet en réclamant une peine de 18 mois de prison avec sursis.

La prévenue n’a, au final, tiré qu’un maigre bénéfice des arnaques. Après avoir reversé les fonds détournés au commanditaire, elle n’a reçu qu’une commission minime, environ 80 000 francs. Les victimes ont, elles, versé des avances pour un montant total de 3,1 millions de francs.

Dans sa plaidoirie, l’avocat de la prévenue a pris le contre-pied du ministère public, affirmant que l’annonce à laquelle avait répondu sa cliente “était parfaitement crédible”.

Pour elle, c’était une offre d’emploi pour avoir un complément de revenu. Il n’y a eu aucune volonté de sa part d’escroquer. C’est une victime potentielle. Elle n’a jamais été en contact avec les acheteurs. Son rôle était de percevoir les fonds et de les reverser”, a-t-il dit avant de demander la relaxe. En vain.

Sa cliente, inconnue de la justice jusqu’ici, a été condamnée à 9 mois de prison avec sursis. Elle devra également indemniser l’ensemble des dix victimes.

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