C’est une affaire cocasse qui était inscrite au rôle du tribunal siégeant à juge unique, ce vendredi. A la barre : une femme de 57 ans poursuivie pour des violences sur un douanier à l’aéroport d’Orly. Le 2 janvier 2022, elle s’apprêtait à revenir avec sa famille en Polynésie quand elle a fait un stop par le bureau de détaxe de la douane. Elle s’est présentée à une guérite dans laquelle se trouvait le fonctionnaire pour obtenir des précisions. Mais celui-ci l’a renvoyée vers les bornes automatiques pour effectuer les démarches.
Ce qui n’a pas été du goût de cette architecte. « Elle est devenue verbalement violente en me disant que je n’avais pas de cerveau : ‘tu ne sers à rien. T’es un connard. J’aurai ta tête’ », avait témoigné le douanier en audition. L’homme est alors sorti de sa guérite et la quinquagénaire s’est mise à lui tirer les cheveux.
Puis lorsqu’il a tenté de la rattraper, elle s’est soudainement retournée pour le frapper au visage avec un porte-documents. La victime s’était vu délivrer 5 jours d’incapacité de travail. La scène a été immortalisée par les caméras de surveillance de l’aéroport et les images corroborant les déclarations de la victime ont été diffusées à l’audience.
« Je ne conteste pas (…) mais ce n’était pas du tout volontaire. Il a cherché à prendre mon téléphone. J’ai refusé et ça s’est un peu aggravé », s’est défendue la mise en cause qui avait déclaré, en audition, ne « pas supporter les abus de pouvoir ».
Le douanier, qui a fait le déplacement depuis Paris, a pour sa part expliqué que la quinquagénaire le filmait, ce qui n’est pas illégal, mais qu’il avait agi de la sorte pour parer à tout danger : « On a de plus en plus de téléphone dans lesquels on retrouve des armes, des couteaux. Je me suis protégé ».
« On se fait insulter tous les jours »
Le douanier.
Le fonctionnaire a ajouté que c’était la première fois qu’il était violenté dans le cadre de ses fonctions, mais que cela arrivait fréquemment au sein de son unité : « À ce niveau-là, c’est 4 à 5 fois par an. Mais au bureau des taxes, on se fait insulter tous les jours. On n’a pas relevé les outrages contre madame, car c’est quotidien ».
Le procureur a considéré que les violences étaient caractérisées et a requis une peine de 3 mois de prison avec sursis ainsi qu’une amende de 150 000 francs contre la prévenue. « Je doute que madame aurait eu le même comportement avec un agent de douanes américaines. Et je ne pense pas que les autorités américaines auraient eu la même mansuétude que monsieur », a souligné le magistrat.
Sans plaider la relaxe, l’avocate de la quinquagénaire a estimé que les réquisitions étaient disproportionnées au regard de la personnalité de sa cliente, inconnue de la justice. « Elle vient prendre des renseignements et monsieur lui répond de façon évasive. Après, il n’a de cesse de répéter : ‘passeport’. Ensuite, il sort et il y a cette altercation au moment où elle lui demande son nom et son matricule (…) Quand on porte un uniforme, ça oblige aussi. Cela donne plus de devoirs que de droits », a-t-elle plaidé. Le tribunal rendra sa décision la semaine prochaine.