« Violences habituelles » sur ses enfants : l’exercice de l’autorité parentale retiré à un père

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Un homme de 34 ans a été condamné, ce lundi par le tribunal correctionnel, à 18 mois de prison ferme ainsi qu’à la perte de l’exercice de son autorité parentale pour des violences à répétition commises sur 3 de ses enfants. En octobre dernier il avait notamment porté des coups de poing au visage de son fils de 13 ans. « Ils ne sont pas maltraités », a-t-il pourtant estimé.

Publié le 15/01/2024 à 18:27 - Mise à jour le 15/01/2024 à 18:27

Un homme de 34 ans a été condamné, ce lundi par le tribunal correctionnel, à 18 mois de prison ferme ainsi qu’à la perte de l’exercice de son autorité parentale pour des violences à répétition commises sur 3 de ses enfants. En octobre dernier il avait notamment porté des coups de poing au visage de son fils de 13 ans. « Ils ne sont pas maltraités », a-t-il pourtant estimé.

Depuis des années, il a la main très lourde sur sa progéniture mais aussi sur sa compagne. Chez le prévenu, aux Iles Sous-le-Vent, c’est lui qui décide de tout. « Il veut montrer qu’il est le chef à la maison », a témoigné la mère de ses enfants devant les gendarmes.

Et à la moindre incartade des petits, les violences s’abattaient, notamment sur des jumeaux âgés de 13 ans. « Coups de poing, de pied, de tête », étaient fréquents. Entre « 2 et 5 fois par mois », selon eux. Le tyran domestique s’était même opposé à l’évasan, en métropole, de l’un de ses fils, grièvement malade. Un juge avait dû intervenir pour que le petit garçon puisse être soigné.

Mais ces violences sont arrivées aux oreilles des gendarmes au lendemain du 20 octobre dernier. En faisant un feu, l’un des deux garçons a failli incendier le fare familial en ajoutant de l’essence au brasier. Une belle bêtise, certes, mais la punition ne fut pas moindre.

« Je l’ai giflé d’abord. Puis j’ai vu dans ses yeux qu’il faisait le têtu. A la fin, je lui ai donné un coup de poing. Je l’ai corrigé (…) Je sais que ce n’est pas une façon de faire. Je ne me suis pas contrôlé », a expliqué le père depuis son box. Les jumeaux ont été tellement traumatisés par ces violences qu’ils ont pensé à mettre fin à leurs jours après s’être emparés d’une corde.

C’est l’absence du jeune garçon le lendemain à l’école, en raison d’hématomes au visage, qui a conduit le directeur de son établissement à alerter les gendarmes qui ont auditionné les enfants et arrêté le trentenaire, incarcéré depuis.

Ce lundi au tribunal, l’homme, sans « empathie » selon l’expert psychiatre, a paru incapable de prendre la mesure de la gravité des faits, rejetant la faute sur ses enfants : « Je ne sais pas pourquoi ils font ça. Ils ne m’écoutent pas (…) C’est pour les protéger en fait. Pour qu’ils ne tombent pas dans de gros soucis. C’est l’inquiétude qui me fait ça (…) Ils ne sont pas maltraités».

« Il croit bien faire ».

L’avocat du prévenu.

« Il y a encore beaucoup de familles qui considèrent que la violence est un mode de communication », a avancé son avocat Me Sylvain Fromaigeat, « mon client pense que la violence est efficace, utile. Il pense qu’en étant violent, il les protège du mal, des bêtises et du danger. Il croit bien faire ».

La mère, elle, tout en témoignant de la brutalité de son conjoint, a demandé au tribunal de pouvoir retiré sa plainte et celle de son fils. « Non, ce n’est pas possible. Cela ne serait pas protecteur pour lui », lui a répondu, glaciale, la présidente du tribunal.

« Ce n’est pas une correction. C’est un déchaînement de violences du soir jusqu’au lendemain. Depuis 2011, c’est comme ça (…) Il y a une mise en danger perpétuelle des enfants. Cela me dépasse », a soufflé l’avocat des jeunes victimes, Me Teremoana Hellec. « Son fils est grièvement malade et il refuse de l’envoyer en France. Des gamins qui veulent même se suicider. Il ne connait que la parentalité sous le prisme de la violence extrême », a-t-il encore déploré.

Le père de famille a finalement été condamné à 36 mois de prison dont 18 ferme et a été maintenu en détention. Le tribunal a également prononcé le retrait de son exercice parental sur ses enfants.

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