Le symbole est fort, mais pas dans le bon sens. Baron Waqa, c’est l’ancien Président de Nauru, celui qui a permis l’installation des camps de migrants refusés en Australie, contre d’importantes rémunérations. Nauru, c’est aussi cette petite île connue pour l’extraction de phosphates, qui l’a défigurée puis ruinée, ses affaires de corruption, ses entraves à la liberté d’informer, et aujourd’hui sa course aux extractions minières sous-marines, avec un souci de l’environnement tout relatif.
C’est donc cet homme qu’ont choisi les Leaders pour tenir les rênes de leur Forum, et être leur visage à l’international. Pour le comprendre, il faut savoir que ce poste est tournant, entre les trois espaces culturels : Polynésie, Micronésie et Mélanésie. Or, le secrétariat général devait être attribué à la Micronésie la fois précédente, mais c’est un Polynésien, Henry Puna des Îles Cook, qui l’avait obtenu. Ce choix avait provoqué la fureur des Micronésiens de Kiribati, qui s’étaient momentanément retirés du Forum.
Cette semaine encore, les discussions autour de la nomination de Baron Waqa ont été sources de fortes tensions. L’actuel Président de Nauru, David Adeang, proche de Baron Waqa et lassé des critiques à son égard, a quitté le Forum avant même la retraite des Leaders, le temps fort de la dernière journée, programmé à Aitutaki. Wesley Simina, le président des Etats Fédérés de Micronésie, a appelé à respecter le choix micronésien porté sur Baron Waqa, sans le justifier.
– PUBLICITE –
Quoi qu’en pensent les Leaders polynésiens et mélanésiens, ils avaient donc peu de marge de manœuvre face à la décision des pays micronésiens… même s’ils savent tous que cette nomination va durablement dégrader l’image et la crédibilité des pays du Pacifique.
Le Forum a cherché à mettre l’accent sur les points qui font consensus : une stratégie partagée à l’horizon 2050, l’appel à limiter le réchauffement climatique et à aider ses principales victimes, la volonté de faire du Pacifique une zone de paix, l’égalité des sexes ou encore la lutte anti-nucléaire.
Sur ce point, les pays du Pacifique ont demandé une surveillance accrue, et indépendante, du déversement des eaux de la centrale de Fukushima dans le Pacifique.
Les divergences sont en revanche marquées sur une autre question environnementale : les extractions minières sous-marines. Plus de la moitié des pays océaniens, dont la Polynésie française, y sont fermement opposées. Et ses plus fervents défenseurs, triste symbole là encore, sont les Îles Cook (à la présidence actuelle du Forum), Tonga (qui le présidera l’an prochain) et Nauru (qui détiendra le poste de secrétaire général).
Mark Brown, en conclusion du Forum, a estimé que c’était l’une des forces du Forum de savoir assumer ces divergences.
Le 53ème Forum des Îles du Pacifique sera organisé l’an prochain à Tonga.
Ci-dessous la résolution finale adoptée à l’issue du Forum des Îles Cook: