Antony Géros : « J’aurais voulu être un peu plus concerté au niveau du choix des uns et des autres »

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Le président de l’Assemblée de Polynésie, Antony Géros, était l’invité des journaux de TNTV, ce vendredi. Dans cette interview, le nouveau titulaire du perchoir dit qu’il aurait souhaité « être un peu plus concerté » dans le choix des membres du gouvernement, tout en lui assurant son soutien. Il a également annoncé qu’il entendait maintenir les prières en ouverture des séances à l’Assemblée mais aussi que l’application du Pacs au fenua « s’impose » aujourd’hui.

Publié le 20/05/2023 à 10:26 - Mise à jour le 20/05/2023 à 10:27

Le président de l’Assemblée de Polynésie, Antony Géros, était l’invité des journaux de TNTV, ce vendredi. Dans cette interview, le nouveau titulaire du perchoir dit qu’il aurait souhaité « être un peu plus concerté » dans le choix des membres du gouvernement, tout en lui assurant son soutien. Il a également annoncé qu’il entendait maintenir les prières en ouverture des séances à l’Assemblée mais aussi que l’application du Pacs au fenua « s’impose » aujourd’hui.

TNTV : Dans votre discours, vendredi matin, vous avez exposé votre plan d’actions pour les 5 ans à venir. L’une de vos priorités est de rendre l’institution plus performante, notamment en prévoyant des formations destinées aux représentants pour qu’ils soient mieux armés. Est-ce à dire que certains manquent de compétences ou d’implication ?

Antony Géros : « Je ne pense pas. C’est un nouvel environnement que vont découvrir ces 34 nouveaux venus de Tarahoi. Des personnes qui n’ont jamais été aguerries aux procédures administratives. Des personnes à qui on n’a jamais appris à lire des documents financiers et budgétaires. Mais des personnes qui vont devoir prendre des décisions sur l’ensemble de ces documents. C’est pour cela que j’ai demandé de faire un focus en matière de formation, et rapidement, sur l’ensemble de ces nouveaux venus, afin qu’ils puissent être performants dès les premières semaines où nous allons aborder, par exemple, l’examen des comptes administratifs, vers la mi-juin ».

TNTV : Comptez-vous sur votre majorité pour qu’elle dépose de nombreuses propositions de textes, délibérations ou lois du Pays ?

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Antony Géros : « Il y a eu des éléments de langage qui tendaient à rendre l’institution Tarahoi comme une institution qui pourrait, éventuellement, à l’instar du gouvernement, être force de propositions. Donc, oui, nous allons faire des propositions de lois du Pays mais des propositions qui relèvent plus de l’ensemble des compétences de l’Assemblée. Car lorsqu’on fait une loi du Pays, il y a une batterie d’arrêtés d’application qui doit être normalement proposée par les directions de l’administration du Pays. Et étant sous la tutelle du ministre, c’est un peu difficile de mettre en place une procédure erratique de la manière dont on pourrait mettre en œuvre des dispositions qui seraient proposées par Tarahoi, votées par Tarahoi, mais mises en exécution par les services du Pays. Parce que nous n’avons pas la tutelle sur ces services ».

TNTV : Seriez-vous favorable à ce que le groupe Tavini dépose une proposition de loi rendant applicable le Pacs en Polynésie ? Une proposition de loi avait été déposée, l’an dernier, par Nicole Sanquer mais elle était restée dans les tiroirs.

Antony Géros : « Le Pacs est une disposition nationale qui a été étendue à la Polynésie. C’est comme le mariage mixte. On est obligés de suivre. C’est une disposition qui s’impose. On n’a même pas de questions à se poser. Le gouvernement va être obligé de mettre en place les dispositions pour harmoniser l’ensemble des dispositions nationales qui s’appliquent sur le territoire de la Polynésie ».

TNTV : En 2004, vous aviez accroché une croix dans l’hémicycle. Face au tollé provoqué, vous l’aviez retirée quelques jours plus tard. Vous êtes de retour à la tête de l’Assemblée et, en deux séances, il y a eu deux prières. Cela suscite de vives contestations de la part de ceux qui considèrent que la neutralité doit primer dans les lieux publics. Le comprenez-vous ou entendez-vous continuer ?

Antony Géros : « On ne va pas faire les hypocrites. Nous sommes dans un bassin océanien qui baigne dans le christianisme. Dans tous les parlements de l’Océanie, il y a des signes comme ça qui tendent à mettre en exergue l’appartenance religieuse de ceux qui composent l’ensemble de ces parlements. Ce que j’ai fait ce matin, c’est quelque chose de très simple. Avant d’ouvrir officiellement la séance, j’ai fait faire la prière. La prochaine fois, j’informerai ceux qui ne sont pas en phase avec la prière d’attendre dehors. Quand la prière sera terminée, ils pourront entrer et j’ouvrirai la séance comme je l’ai fait ce matin, de manière officielle ».

TNTV : Autonomie alimentaire, réforme de la PSG, promotion du sport, développement des archipels. Que pensez-vous des grands axes de la politique à venir du président Brotherson, évoqués ce matin devant les élus ?

Antony Géros : « C’est un premier jet. C’est très difficile dans le cadre d’un discours d’être performant dans le détail. Ce qu’on peut observer c’est que, dans les grandes lignes, les axes importants ont été déclinés. Ces axes importants vont revenir devant l’Assemblée dans les semaines ou mois qui viennent, avec beaucoup plus de détails et de consistance. On saura, à ce moment, comment ces axes vont être mis en œuvre pour répondre à certaines questions que j’ai cru entendre lors des interventions des uns et des autres devant les médias ».

TNTV : On retrouve seulement deux figures bien connues du Tavini Huiraatira, outre Moetai Brotherson, au sein du gouvernement : Vannina Crolas et Eliane Tevahitua. Il y a aussi Chantal Galenon. Cette équipe est-elle suffisamment Tavini à vos yeux ?

Antony Géros : « Il faut rendre à César ce qui est à César et au Bon Dieu ce qui est au Bon Dieu. On a une équipe qui a été choisie par le président du Pays et c’est tout à fait normal. C’est son équipe de combat dans les différents axes du programme qu’il a décliné. Il y a des éléments de confiance qui viennent souder cette équipe avec le président. Je ne peux pas m’avancer en disant que ce sera une équipe bleue. Tout comme à l’Assemblée, j’ai annoncé à l’ensemble des élus qu’à partir du moment où mon discours politique a été formulé lors de mon intronisation, je revêts maintenant un habit beaucoup plus neutre pour diriger les séances, afin d’être le président de tout le monde et pas seulement le président des bleus ».

TNTV : Ne regrettez-vous pas tout de même qu’il n’y ait pas eu davantage de concertation avec le parti ?

Antony Géros : « Chacun sa méthode de travail. C’est vrai que, moi, j’aurais voulu être un peu plus concerté au niveau du choix des uns et des autres. Mais c’est quand même assez difficile parce que l’élément de confiance dont je parle est un paramètre très important de la cohésion du groupe. Ce groupe ne peut vivre que par son président et son président ne peut compter que sur les membres dont la confiance les lie à lui. Ils vont devoir opérer pendant 5 ans. Ayant été moi-même au gouvernement, je sais que la cohésion est très importante à ce niveau.  Les éléments de langage qui tendent à dire : ‘oui mais il y a une partie qui n’est pas Tavini et l’autre qui est Tavini’ sont des éléments que je mets de coté car, devant l’envergure et le poids des contraintes qui attendent ce gouvernement, en termes d’objectifs à atteindre et de solutions à trouver, il va vraiment falloir qu’il soit un gouvernement bien uni.

TNTV : Selon nos informations, les Tavini devrait se réunir ce samedi ? Parlerez-vous de ce sujet ou sera -t-il question de l’accession à l’indépendance ?

Antony Géros : « Je n’en ai pas été informé personnellement donc je ne pense pas que ce soit le Tavini. Peut être que c’est le gouvernement ».

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