Pour cette dernière session budgétaire de la mandature ce jeudi à l’assemblée, l’heure était au bilan.
Le président de l’hémicycle Gaston Tong Sang a fait part de ses satisfactions et de ses regrets. « Je me réjouis, qu’hormis quelques rares dérapages, nous ayons su ensemble faire de cet hémicycle un lieu d’échanges courtois et respectueux. Je me réjouis également d’avoir, avec vous, réussi la prouesse de faire de notre institution une assemblée résolument animée par un esprit d’ouverture », a-t-il déclaré avant de confier ses regrets « d’ordre politique ».
Au lendemain de la démission du Tapura Huira’atira de Teva Rohfritsch, Nicole Bouteau et Philip Schyle, les non inscrits étaient vêtus de bleu… D’autres départs du parti d’Edouard Fritch seraient en cours. Selon nos informations, Bernard Natua serait également prêt à démissionner.
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« Je regrette profondément la légèreté avec laquelle certains d’entre nous traitent la sacralité du mandat que nous ont confié les électeurs, a déclaré le président de l’assemblée (…) J’ai foi en nos électeurs et regrette profondément que leurs suffrages se retrouvent tristement piétinés et souillés par le nomadisme politique pré-électoral, par les alliances secrètes et improbables, les transfuges contre nature, les consignes de vote déconcertantes, la fragilité ou l’immaturité des convictions. La démocratie vaut bien mieux que tout cela. Sa force et sa pureté doivent éclairer nos décisions et nous contraindre à plus de constance et de maturité dans nos choix politiques et idéologiques. Le peuple nous a confié un mandat, c’est lui seul qui nous jugera ! ».
Gaston Tong Sang a ensuite salué Edouard Fritch, « l’homme de la situation, un dirigeant à la hauteur des défis qui s’imposent à notre pays et à notre peuple », l’assurant de son soutien.
Dans l’opposition on parle de « déni de réalité » de la part du président de l’institution.
Le président du Pays quant à lui, a dressé le bilan de sa mandature, soulignant les difficultés liées à la crise. Une crise surmontée selon lui, de la meilleure des manières par son gouvernement : « Revenons à l’économie polynésienne qui a connu l’un des chocs les plus brutaux de tout l’outre-mer – avec une contraction du PIB de l’ordre de 7,6% -, aujourd’hui, n’en déplaise à nos détracteurs, la situation économique et financière de la Polynésie française se présente nettement mieux. »
Faire baisser le prix de l’immobilier
Un bilan, et des annonces. À moins d’un an des élections Territoriales, le président du Pays a annoncé une mesure visant à faire baisser le prix de l’immobilier : « Je pense également à la situation des jeunes ménages qui rencontrent beaucoup de difficultés pour accéder à la propriété. Afin de baisser le prix de l’immobilier en faveur de ces ménages, dont le salaire est inférieur à 4 smig, nous proposerons à l’Assemblée un nouveau dispositif de défiscalisation en faveur de l’habitat intermédiaire. On nous reproche souvent de nous occuper uniquement de la tranche la plus basse de la population… » Le dispositif devrait être précisé prochainement.
Autre nouvelle, cette fois au bénéfice des communes : « Compte tenu d’une part, des réalisations de recettes 2021 supérieures aux prévisions budgétaires et d’autre part des prévisions de rentrées fiscales pour 2023, je peux déjà annoncer aux communes et aux maires une inscription budgétaire record pour le FIP l’année prochaine, qui devrait avoisiner les 18,5 milliards Fcfp, soit une augmentation de plus de 3 milliards de Fcfp. »
Edouard Fritch s’est par ailleurs exprimé sur le dossier de la concession de l’aéroport. Concession attribuée à Vinci par l’Etat mais pour laquelle le groupement dont fait partie la CCISM compte déposer un recours : « Le développement de notre Pays ne mérite pas d’être obstrué par des procédures sans fin. Nous devons avancer et ce pour l’intérêt général ».
« ce n’est pas le Tapura Huira’atira qui pose probleme, c’est la gouvernance qui pose probleme »
Nicole Bouteau
Les annonces et la volonté du président d’avancer malgré les difficultés suffiront elles ? Peu après les discours à l’assemblée, Teva Rohfritsch et Nicole Bouteau, démissionnaires du parti de la majorité, donnaient une conférence de presse pour expliquer leur décision. « Le président a refusé de nous entendre, nous ses premiers soutiens », a déclaré Teva Rohfritsch. « Nous sommes assez déçus et notons un refus de dialogue. »
« On ne part pas de gaieté de coeur », a quant à elle assuré Nicole Bouteau. « Ce n’est pas le Tapura Huira’atira qui pose problème. C’est la gouvernance qui pose problème« , rappelant sa démission du gouvernement il y a quelques mois. Une démission « pour marquer le coup » après l’affaire de Tearii Alpha, alors vice-président et refusant de se faire vacciner alors que la loi sur l’obligation vaccinale contre la covid-19.
Il y a un « malaise depuis des mois au sein du Tapura Huira’atira » assure Nicole Bouteau qui raconte qu’un remaniement profond était envisagé au sein du parti.
« On n’appelle pas à l’instabilité. Le Tapura doit gouverner jusqu’au bout » estime Teva Rohfritsch.
« Il faudra que les bonnes volontés puissent se regrouper » lance Teva Rohfritsch. « Les soutiens ont été nombreux. C’est terrible d’avoir des messages où on nous dit ‘enfin’. Nous invitons ceux qui le souhaitent à nous rejoindre. Nous avons clairement l’intention de créer une nouvelle formation politique« , annonce Nicole Bouteau.
Les élus démissionnaires se préparent désormais pour 2023… sans Edouard Fritch.