Bruno Barillot, le « monsieur nucléaire » du fenua, a confié à Tahiti Nui Télévision son souhait de voir les conditions d’éligibilité à l’indemnisation des essais nucléaires français calqués américains. « La loi américaine fonctionne sur ce principe de présomption, c’est à dire qu’il faut être atteint d’une des maladies de la liste et avoir été sur les sites ou à proximité des sites, c’est à dire ici, sur l’ensemble de la Polynésie. Dans la mesure où on remplit ces deux conditions, on est éligible pour une indemnisation et il y a une commission qui se réunit pour fixer le montant de l’indemnisation. »
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En effet, aux Etats-Unis, 51% des demandes d’indemnisations des vétérans des essais réalisés dans le Nevada et 80% des demandes formulées par la population riveraine ont abouti, contre à peine 2% en Polynésie.
Concernant le devoir de mémoire, Bruno Barillot, que la rumeur voudrait voir réintégré au poste de délégué polynésien pour le suivi des conséquences des essais nucléaires en Polynésie française, « pense qu’il faudrait qu’il y ait un lieu où toutes les générations polynésiennes puissent s’informer sur ce qui s’est passé pendant la période du CEP. Le déroulement des essais mais aussi ce que vivait la population polynésienne à cette époque. » Il attend de pied ferme la création d’un musée, « Un lieu qui soit digne et qui soit aussi pris en charge par l’Etat puisque c’est une promesse de François Hollande. »
Les indemnisations en chiffres
En tout le CIVEN a examiné 1043 demandes d’indemnisations dont moins d’une centaine formulées par des polynésiens. Le CIVEN a accordé 20 indemnisations dont 7 pour des Polynésiens. Les autres dossiers ayant été rejetés car les risques engendrés par les essais nucléaires étaient considérés comme « négligeables ».
Chaque année, la France prévoit dans son budget 10 millions d’euros pour l’indemnisation des victimes des essais, mais elle ne débourse que 270 000 euros par an, en moyenne, depuis 2010, soit 2,7% des crédits alloués.