Budget 2024 : des débats déstructurés, une majorité spectatrice

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Le budget 2024 a été débattu hier et cette nuit à Tarahoi. Face à une opposition qui fait le choix d’une posture politique, bien décidée à chercher le diable dans les détails, les ministres tentent de convaincre. Un dialogue de sourds de plusieurs heures : devant un président du Pays quasi mutique et une majorité spectatrice de sa propre séance de débat. À près de 2 heures du matin, heure à laquelle la séance est suspendue, seuls deux textes avaient été passés en revue…

Publié le 14/12/2023 à 17:40 - Mise à jour le 24/07/2024 à 11:06

Le budget 2024 a été débattu hier et cette nuit à Tarahoi. Face à une opposition qui fait le choix d’une posture politique, bien décidée à chercher le diable dans les détails, les ministres tentent de convaincre. Un dialogue de sourds de plusieurs heures : devant un président du Pays quasi mutique et une majorité spectatrice de sa propre séance de débat. À près de 2 heures du matin, heure à laquelle la séance est suspendue, seuls deux textes avaient été passés en revue…

Le budget 2024 est à l’étude depuis mercredi à l’assemblée de la Polynésie. Mais malgré une majorité confortable, le gouvernement peine à aboutir à un vote. La loi fiscale, adoptée heir, fera bel et bien l’objet d’un recours conjoint des deux forces d’opposition. « Nous comptons déposer un recours sur la loi fiscale parce que nous pensons que nous n’avons pas respecté le règlement intérieur et que les articles amendés et votés en commission du 21 novembre ont complètement disparu », explique l’élue non inscrite Nicole Sanquer.

Une fois le premier texte entériné mercredi, la discussion s’est transformée en un dialogue de sourds. L’opposition lancée dans un jeu politique poussant le gouvernement dans d’interminables explications. Des ministres tentant de convaincre, et la quasi-totalité du groupe de la majorité en position de spectateur… mutiques. « C’est vrai qu’il y a beaucoup d’arbitrages qui ont été faits en comité de majorité, en tout cas pour le Tavini, admet Tematai Le Gayic. Il y a eu plusieurs jours de comité de majorité où on a travaillé avec les ministres. Ensuite, il y a eu deux gros jours en commission des finances où il y a eu un décorticage du budget. Et en fait, on se rend compte que les questions qui ont été posées par les deux groupes de la minorité sont des questions qui ont déjà été posées en commission. En séance, ça leur permet d’avoir une tribune beaucoup plus importante. (…) Ils attaquent un peu le budget à juste titre puisqu’il y a des mesures qui sont dans la continuité du Tapura, des mesures qui ne sont pas véritablement compréhensibles de la part de l’ancien gouvernement. (…) Il y a eu deux ou trois missions votées avec les oppositions : la mission santé, la mission ressources propres, agriculture, élevage, artisanat. Quand on sort les grands barons politiciens comme le président Edouard Fritch, dès qu’on reste avec une minorité constructive, on arrive à les avoir avec nous pour pouvoir voter ce budget.« 

Tepuaraurii Teriitahi, élue Tapura, tacle : « Le problème qu’on rencontre très souvent avec le ministre de l’Économie en particulier, c’est que lorsqu’on pose une question, il ne répond pas, il fait de l’habillage. Il reste très superficiel et quasiment toutes les fois, il ne répond pas à la question. Donc, on reste sur notre faim. On a beau essayer de requestionner, des fois, on se demande s’il ne sait pas répondre et que donc il essaie de noyer le poisson, ou s’il fait exprès pour qu’on abandonne peut-être nos questionnements. Toujours est-il qu’on n’a pas l’éclairage qu’on attend. (…) On voit bien que ce sont principalement les minorités qui animent les débats. Peut-être que la majorité a eu la chance d’avoir des comités de majorité où ils ont pu poser toutes leurs questions au gouvernement. Et donc aujourd’hui, ils n’ont peut-être plus de questions à poser alors que nous, on n’a pas du tout été informés. C’est normal qu’on ai beaucoup de questions. Après, c’est vrai qu’ils pourraient un peu plus participer. Là, je pense qu’ils laissent faire les choses et ils observent aussi parce que c’est leur premier budget. Il faut quand même être indulgents avec eux et leur laisser le temps de s’approprier le budget et de comprendre cette technicité et tous ces mécanismes budgétaires. C’est ce qui explique aussi peut-être leur réserve aujourd’hui. En tout cas les débats se sont passé dans la bienveillance. »

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La chaise du président du groupe de la majorité est restée vide mercredi, Oscar Temaru étant affairé à célébrer, en plein budget, ses 40 ans à la mairie de Faa’a. D’ailleurs, malgré la cadence poussive des discussions, et une suspension à près de 2 heures du matin, la matinée de ce jeudi a été banalisée pour permettre à la majorité d’accompagner les célébrations.

La suite de ce vote semble se poursuivre à l’identique. Mais vendredi matin, une partie du gouvernement doit s’envoler pour le Matavaa… Le rythme devrait donc finir par se dynamiser.

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