Tahiti Nui Télévision : Grève et préavis s’enchaînent chez ADT, OPT et les entreprises de sûreté à l’approche des Jeux olympiques. C’était prévisible ?
Vannina Crolas, ministre de la Fonction publique et de l’Emploi : « Bien sûr, c’est la stratégie en général des syndicats pour avoir le maximum de chances d’avoir des réponses favorables à leurs revendications.«
TNTV : vous êtes en charge des télécommunications et vous siégez conseil d’administration de l’OPT. À deux jours du début des JO, l’ensemble des filiales du groupe entrent en grève. Dans quelles mesures est-ce inquiétant et quelles pourraient être les répercussions pour les usagers, par exemple ?
Vannina Crolas : (…) D’après les éléments que j’ai reçus de la direction de l’OPT; il y a 435 grévistes, 1395 agents, donc ça fait 31% de grévistes. J’ai les chiffres de la direction. Et donc, effectivement, c’est un conflit social qu’on prend à cœur. Il n’est pas question pour nous de traiter l’ensemble de ces revendications à la légère, même si on estime qu’on a répondu déjà à beaucoup de demandes, comme vous le précisez dans le reportage. C’est la troisième fois que l’OPT se met en grève et on a répondu à pas mal de questions. Restait effectivement le problème de la question du gel des acquis sociaux. »
TNTV : En moins d’un an, vous l’avez dit, il y a eu trois conflits sociaux qui ont éclaté à l’OPT. En mai, vous avez demandé ce fameux gel des acquis, des avantages des employés dans l’attente du rétablissement de l’équilibre financier de l’OPT. Les syndicats y sont fermement opposés. C’est même le premier point de revendication dans le préavis. Pouvez-vous trouver un consensus ? Avez-vous d’autres solutions pour faire des économies ?
Vannina Crolas : « Depuis ma prise de fonction et d’après la situation financière de l’OPT, que tout le monde sait préoccupante, nous avons demandé effectivement à ce qu’il y ait des efforts de part et d’autre. Parce que les syndicats demandent au Pays de subventionner davantage l’OPT pour justement résorber les déficits qu’il y a actuellement. Mais la position du Pays, c’est de ne pas alimenter des puits sans fond. Donc, il fallait également des efforts, non seulement de la part du personnel, mais également des agents. Et c’est à ce titre-là qu’on a demandé, effectivement, depuis toujours, qu’il y ait des efforts partagés, tant de la part du Pays que de la part des syndicats et de la part de la direction. À ce titre, il y a eu des négociations sur les conventions. La convention commune a été signée en avril. Nous avons autorisé la PDG de l’OPT à signer la convention commune. Et nous attendions l’impact financier de ces conventions. Parce qu’on n’est jamais intervenus lorsqu’on dit que la ministre intervient, fait ingérence dans le fonctionnement de l’OPT. Ce n’est pas du tout le cas. À aucun moment, je n’ai participé aux négociations. C’est bien la P-dg et les syndicats qui ont participé aux négociations. Mais nous, on attendait juste l’impact financier de ces négociations. Et il se trouve que, d’après les premiers éléments qu’on a eus, on est passé de 15 millions de Fcfp d’économies à 182 millions de Fcfp d’économies, selon les derniers éléments que nous a transmis la direction d’un commun accord avec l’intersyndicale. Donc, à ce titre, pour nous, dans la mesure où il y a un effort de 182 millions de la part des agents, dans le cas des négociations, on se dit que, du coup, le gel des acquis sociaux n’est plus d’actualité. Et donc, on peut engager maintenant des discussions sur la subvention pour qu’on puisse, dans le cadre d’objectifs partagés et dans le cadre d’un plan de rétablissement de l’équilibre, voir les efforts que le Pays et la direction peuvent engager pour rétablir les équilibres financiers. »
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TNTV : Les responsables de l’intersyndical martèlent que le personnel de l’OPT « ne peut être tenu responsable de la dérive financière du groupe ». Êtes-vous d’accord avec eux ?
Vannina Crolas : « Ils ont raison, oui. Il y a eu des erreurs stratégiques qui ont été commises en 2019 par le plan Ambition 2020. Et d’ailleurs, ils n’arrêtent pas de le dire et de le répéter. Mais maintenant, il y a également le système d’information NOA qui a coûté 7 milliards à l’OPT, plus des frais de fonctionnement de centaines de millions. Effectivement, il y a eu des erreurs stratégiques. Mais aujourd’hui, nous sommes devant un gouffre. Il faut que chacun se responsabilise et se mobilise pour que notre opérateur historique puisse continuer à fonctionner et même se développer. »
TNTV : Parmi les points qui inquiètent les syndicalistes, s’il y a Google; Son arrivée sur le territoire est-elle une menace pour l’OPT ?
Vannina Crolas : « Pas du tout. Et c’est d’ailleurs la réponse que notre président, puisque nous avons tenu à rencontrer personnellement l’intersyndicale pour les points de revendication, parce que sur les 24 points de revendication, 8 relèvent du gouvernement. Et avec le président, nous les avons reçu avant-hier soir et nous avons répondu à chacune des questions qui relevaient du gouvernement. Et pour la question de Google, le marché local de télécommunications, le marché Internet et de la téléphonie mobile n’intéressent pas du tout Google. Le marché local n’intéresse pas du tout Google. Donc, au contraire, ça peut être un levier de développement pour l’OPT, puisque dans les négociations qui sont actuellement en cours avec Google, met à disposition de l’OPT une capacité par l’installation des 5 câbles sous-marins. Il y a une capacité qui sera réservée à l’opérateur. »
TNTV : Ce sera plus en partenariat alors ?
Vannina Crolas : « Ce sera en partenariat avec un potentiel de développement énorme et on espère vraiment que l’OPT pourra prendre sa place dans le développement numérique de notre Pays. »
TNTV : Vannina Crolla, une toute dernière question. Les syndicalistes vous reprochent, je cite, d’enfoncer le dialogue social et de faire preuve de mépris à l’égard du personnel. Que leur répondez-vous ? Êtes-vous ouverte à la discussion ?
Vannina Crolas : « J’ai toujours été ouverte à la discussion et je ne suis jamais intervenue dans les négociations, mais par contre, ma porte a toujours été ouverte tant pour la direction que pour les organisations syndicales. On s’est vu à plusieurs reprises, donc là, je pense que c’est un moyen d’inciter les agents à faire grève, mais ce n’est pas du tout le cas. D’ailleurs, ma porte reste toujours ouverte. »