« Nous sommes dans un état d’urgence », déclarait Édouard Fritch au surlendemain du premier tour des Territoriales, le 18 avril, alors que les résultats plaçaient le Tapura Huiraatira (30,46% des suffrages), derrière le Tavini Huiraatira (34,9%).
Un vote qui reflète, selon lui, le manque de diversité de l’offre politique, y compris pour un Tapura Huiraatira qu’il juge devenu « monolithique » en 9 ans d’exercice du pouvoir. Si les départs de certaines figures du parti, comme Nuihau Laurey et Nicole Sanquer (qui ont fondé A Here Ia Porinetia en 2020), ont constitué des « alertes », les défaites des législatives 2022 et du premier tour sonnent, donc, un « état d’urgence« , selon le leader du Tapura.
Édouard Fritch le sait, la Contribution pour la Solidarité Territoriale de 1%, dite TVA sociale, est « restée au travers de la gorge » de l’opposition et de la population, d’où sa promesse de « revenir dessus plus franchement » en cas de victoire, avec son « arrêt » en décembre 2023. Cette suppression était une demande du Amuitahiraa de Gaston Flosse, avec qui le Tapura a scellé une alliance inattendue.
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Dans la mesure où « le Tapura ne peut pas gagner tout seul », Édouard Fritch assure « pardonner » à son ancien mentor. Ce dernier s’était pourtant montré particulièrement virulent à son encontre depuis 2015 et son exclusion du Tahoeraa Huiraatira. Quant au positionnement du Vieux Lion, passé de l’autonomie au souverainisme, Édouard Fritch y voit essentiellement un appel adressé à l’État pour « obtenir un peu plus de pouvoir » en Polynésie. Mais « Gaston Flosse n’a jamais demandé l’indépendance de ce Pays », assure-t-il.
Faire bloc face à l’indépendantisme
La défaite au second tour, face à Nicole Sanquer ou Moetai Brotherson, deux candidats à la présidence qu’il considère « à la même hauteur », Édouard Fritch ne l’envisage pas. Se décrivant volontiers comme un homme de terrain, il martèle que la fonction présidentielle ne s’improvise pas et que l’on ne devient pas chef de l’exécutif « du jour au lendemain ».
Le programme du Tavini Huiraatira, notamment son financement, se heurtera selon lui à une « rupture de la confiance » des investisseurs et des patrons, les Territoriales pouvant « tenir lieu de referendum » sur l’indépendance. Devant la détermination d’Oscar Temaru, qui ira « jusqu’au bout de ses idées » sur le sujet, il croit pouvoir inverser la vapeur.
Enfin, face aux accusations de clientélisme, Édouard Fritch répond qu’il « ne monnaie rien du tout » et que « les CAE ne se traitent pas dans le bureau du président », citant ensuite la commune Faa’a et Oscar Temaru, à qui il a donné « des centaines de CAE ». Autre exemple, la cession de terres du Pays à des familles des Australes pour tenter d’endiguer les conflits liés au foncier.
Économie : attirer l’investissement privé
Également en rupture du Tavini sur la ligne économique, il n’entend pas créer de nouveaux amortisseurs sociaux, comme une caisse de chômage ou un revenu minimum d’insertion.
Concédant des inégalités économiques importantes au sein de la population, Édouard Fritch compte maintenir son soutien aux plus gros investisseurs dans les îles : l’hôtellerie ou le transport maritime. « Dans tous les pays qui ont surimposé les riches, ils sont partis », a-t-il lancé. De l’autre côté du spectre socio-économique, il souligne que « beaucoup d’argent » a été affecté par le Tapura dans les bons alimentaires, notamment pour soutenir les plus précaires.
À minima, maintenir l’offre de soin dans les îles
Autre thématique où le Tapura est particulièrement attendu : la santé, et le maintien de l’offre de soins. Au rayon des satisfactions, le président rappelle l’ouverture d’un bloc opératoire et l’installation d’un scanner, en 2021, aux Marquises, à l’hôpital de Nuku Hiva.
Mais la grève avait paralysé le CHPF en janvier dernier, et la CPS est toujours sous perfusion du Pays. Édouard Fritch note l’importance de ne pas dégrader le secteur soignant. Cela passera, entre autres, par une gestion « rigoureuse » des dépenses de santé et le passage en revue des prises en charge, certaines étant « justifiées », et d’autres, « à regarder par deux fois ».