En attendant la réforme de la PSG, « des rustines qui ne font qu’énerver » , juge Édouard Fritch

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Invité du journal ce lundi, le président du Tapura Huiraatira est revenu sur les débats du jour à l'Assemblée : des aides pour le Vanuatu et Mayotte qu'il estime floues, une prime exceptionnelle aux retraités qu'il pense insuffisante et une réforme de la PSG dont il prophétise qu'elle ne sera pas pour 2025. "Le chantier est extrêmement lourd" , avance-t-il.

Publié le 31/12/2024 à 10:39 - Mise à jour le 31/12/2024 à 10:41

Invité du journal ce lundi, le président du Tapura Huiraatira est revenu sur les débats du jour à l'Assemblée : des aides pour le Vanuatu et Mayotte qu'il estime floues, une prime exceptionnelle aux retraités qu'il pense insuffisante et une réforme de la PSG dont il prophétise qu'elle ne sera pas pour 2025. "Le chantier est extrêmement lourd" , avance-t-il.

TNTV : Entre catastrophes lointaines et enjeux locaux, la solidarité polynésienne était débattue à l’Assemblée ce lundi. Comment évaluez-vous la répartition des budgets votés déjà concernant les aides à Mayotte et au Vanuatu ?
Édouard Frith,président du Tapura Huiraatira :
« On n’a pas très bien compris (…) On nous dit que c’est parce que Vanuatu est un membre du Forum, donc très proche de nous dans le Pacifique, et que Mayotte est à l’autre bout du monde. Mais l’expérience de Mayotte doit nous enseigner des choses. Mayotte, ce sont des cyclones de cette époque (…) tout a été dévasté, et je suis assez triste parce qu’effectivement, aujourd’hui c’est eux, mais demain ça peut nous arriver à nous. Donc, nous pensons qu’il aurait fallu que nous aidions un peu plus. Peut-être pas avec de l’argent nécessairement, mais avec l’expérience que nous avons sur les fare MTR. On aurait pu être beaucoup plus percutant en proposant notre expérience en matière de reconstruction » .

TNTV : . À l’échelle locale, concernant la prime exceptionnelle pour les retraités, vous parait-elle équitable dans son application ?
E.F :
« Non, parce qu’on confond tout. Je crois qu’effectivement, les retraités depuis un certain temps demandent une révision, une augmentation de leur retraite. Aujourd’hui, des explications que nous avons eues en séance, les retraités sont mis avec les cas sociaux que sont nos vieux. C’est l’allocation vieillesse qui est offerte à nos personnes âgées. Et pour essayer de satisfaire tout le monde, on a distribué 23 500 francs de manière ponctuelle. Alors que les retraités, ce sont des personnes qui ont cotisé, c’est-à-dire qu’ils ont effectivement mis de côté de l’argent pour pouvoir survivre par la suite à la retraite. La CPS a proposé une augmentation de 2 % au mois de mai dernier. C’est la raison pour laquelle nous ne comprenons pas la décision qui a été prise aujourd’hui. La CPS a fait une proposition constante dans le temps et non pas un truc comme aujourd’hui, un one-shot, qui va faire que le lendemain du mandat de 23 500 francs, le retraité va se retrouver avec son ancienne retraite au même niveau que celui qu’il avait avant. On n’aura pas résolu le problème tant que les prix n’auront pas baissé » .

TNTV : Autre sujet du jour, le maintien de la cotisation exceptionnelle pour l’équilibre de l’assurance maladie du régime des salariés, une cotisation payée par les employeurs. Vous craignez que l’exception devienne la règle ?
E.F :
« Bien sûr, puisque cette mesure avait été prise pour 4 ans, en accord avec les acteurs économiques du pays, les salariés et le patronat, et aujourd’hui, on vient prolonger. Mais comme on l’a dit en séance, cette mesure qui va nous aider à sauver le régime santé est en train de déséquilibrer les autres régimes. Pour l’année prochaine, on attend un déficit de près de 600 millions de francs, ou un peu plus, pour tout ce qui est allocation familiale, vieillesse, et handicapé. Idem pour ce qui est accidents du travail, des régimes qui ont toujours été positifs. Donc le fait que l’on prenne des mesures transitoires va déséquilibrer les autres régimes » .

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TNTV : Le budget 2025 donne les grandes lignes de l’année à venir. Rien de nouveau à l’horizon, c’étaient vos propos sur notre plateau avant l’adoption de ce budget. Est-ce toujours d’actualité ?
E.F : « Vous avez entendu autre chose que ce qui a été dit pendant l’examen du budget ? Je ne crois pas » .

TNTV : Il y a eu des investissements annoncés, quelques petits changements, notamment la taxation des produits sucrés, une taxation renforcée. Ces changements sont-ils justifiés aujourd’hui ?
E.F : « Effectivement, vous avez raison (…) mais aujourd’hui, avec le vote de ce nouveau budget 2025, la majorité actuelle nous a taxés six fois depuis le début de leur arrivée au pouvoir. Tout cela pour remplacer les 1 % qui ont été enlevés en 2023 parce qu’ils ont trouvé que cette taxe était injuste. Aujourd’hui, nous allons taxer les produits sucrés, les produits salés, les produits gras. Vous allez voir la surprise que nous aurons l’année prochaine. À savoir qu’au lieu de baisser les prix à la consommation, on va les augmenter. Et ça, c’est naturellement contraire à ce qui a été dit pendant la campagne électorale. Et on trouve qu’aujourd’hui, on utilise beaucoup le mensonge. On érige le mensonge en argument politique dans cette majorité » .

TNTV : Le coût de la vie augmente, le pouvoir d’achat des travailleurs polynésiens diminue. Actuellement, ce sont les fonctionnaires territoriaux, avec la frappe, qui se mobilisent pour augmenter les bas revenus. Le Pays a-t-il les moyens ?
E.F : « Nous sommes dans une période favorable. 51 milliards de francs en caisse. On pourrait décaisser pour essayer de sortir certains produits de la taxation auxquels ils sont soumis aujourd’hui. Nous avons suffisamment d’argent pour essayer d’aider un peu plus certains travailleurs de la classe sociale la plus basse de ce pays. Et on fait exactement le contraire. On charge la mule. Nous sommes à la sixième taxe créée aujourd’hui par ce gouvernement. Et on observe quoi en fin de compte ? Tant que le coût de la vie n’a pas baissé, les employés, les salariés vont se faire les échos des populations qui aujourd’hui souffrent beaucoup (…) Donc on descend dans la rue pour essayer de se faire entendre. Et il faut constater qu’il y a une vraie rupture de confiance entre ces personnes qui sont les outils qui peuvent nous aider à développer le Pays. Lorsque j’entends ce qui a été dit sur les associations, par exemple, qui gèrent la partie sociale de ce pays, c’est dramatique de dire des choses pareilles. Parce que c’est un outil. Ces personnes qui sont, pour la plupart d’entre elles, bénévoles et qui nous aident à régler le problème des SDF, le problème de nos handicapés, aujourd’hui, on vient nous faire comprendre qu’ils exagèrent et qu’ils sont là pour profiter des deniers publics. Ça ne peut pas fonctionner. Il y a une vraie rupture de confiance parce que le gouvernement, je pense, n’utilise pas à bon escient les outils qu’ils ont entre leurs mains » .

TNTV : La paix a été rétablie entre la ministre des Solidarités et les représentants de la FOSE (…) Un des enjeux du gouvernement est de pallier la suppression de la faible stabilité sociale. Cela passe par la réforme de la PSG. Un texte prévoit la fin de la primauté du RGS, de soumettre à cotisation ceux qui louent des biens immobiliers ou des voitures ou qui perçoivent des dividendes. Qu’en pensez-vous ?
E.F : « Ce sont des rustines qui ne font qu’énerver les gens. Et vous allez voir qu’effectivement, le patronat a commencé à donner son avis là-dessus. Qu’est-ce qu’il nous faut chercher aujourd’hui ? Solutionner le problème des régimes déficitaires d’une façon cruciale. Le régime de la santé va nous coûter beaucoup d’argent si on ne fait rien. Donc il faut trouver des solutions. Comment faire pour qu’on ne règle pas le problème du déficit par ce qu’on a fait aujourd’hui ? Par exemple, une rustine de plus. Il faut aller au fond des choses. Et ça prendra beaucoup de temps. Je suis prêt à vous faire un pari que ce n’est pas en 2025 qu’on va régler le problème de la PSG. Parce que lorsqu’on aura réglé le problème de la santé, il faudra revenir sur le problème de la retraite. Et ensuite il faut revenir sur le problème de la famille. Il faut que l’on réfléchisse ensemble sur le problème des personnes non autonomes. Que fait-on de nos vieux qui ne peuvent plus vivre seuls aujourd’hui ? Qui ont besoin d’accompagnement ? Vous voyez que le chantier est extrêmement lourd » .

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