« Le Tahoeraa va changer de nom, il va s’appeler le Amuitahira’a no te nuna’a Maohi, et nous allons changer également de ligne politique ; nous disons que l’autonomie est arrivée à ses limites et qu’elle est même est en train de régresser : nous voulons gouverner notre pays nous-mêmes » a annoncé l’ancien Président sur le plateau de TNTV mardi soir.
Gaston Flosse réclame un référendum d’auto-détermination à la France, tout en distinguant son combat de celui des indépendantistes : « L’indépendance, ça fait 43 ans qu’on en entend parler, ça n’a pas avancé d’un centimètre : nous, nous sommes décidés, nous avons la foi et la volonté d’aboutir, et nous aboutirons » a-t-il déclaré sur la chaîne locale TNTV, en annonçant pour le 29 août un changement de nom et de ligne politique pour son parti.
La Polynésie, Etat souverain associé à la France ?
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Il souhaite désormais que la Polynésie devienne un « Etat souverain associé à la France ». En Océanie, le statut qui s’en rapproche le plus est celui des Îles Cook, qui ont acquis leur souveraineté tout en conservant un lien étroit avec la Nouvelle-Zélande, qui continue à assurer leur défense.
« Il a clairement fustigé, même de manière plus violente que nous, le statut d’autonomie dont il est le géniteur » s’était amusé le député indépendantiste Moetai Brotherson dimanche soir sur TNTV, lors de la soirée consacrée au second tour. « C’est un animal politique, on ne va pas le changer à son âge : c’est un peu comme les grands requins blancs, si ils s’arrêtent de nager, ils meurent, ce qu’on ne lui souhaite pas » avait-il ajouté.
Gaston Flosse, père de l’autonomie polynésienne
Concepteur de l’autonomie polynésienne et premier président d’une Polynésie française autonome en 1984, Gaston Flosse a été pendant quatre décennies le plus farouche adversaire des idées indépendantistes prônées par son adversaire Oscar Temaru.
Sous la présidence de Gaston Flosse, la Polynésie a évolué vers une autonomie toujours plus large, avec des compétences partagées entre l’Etat (défense, monnaie, justice, sécurité) et le Pays (presque tout le reste).
A 89 ans, Gaston Flosse a exercé toutes les fonctions politiques : maire, député, sénateur, président de la Polynésie française à de nombreuses reprises, secrétaire d’Etat à l’Outre-mer sous le gouvernement Chirac entre 1986 et 1988. Ils avaient fondé ensemble le RPR. Devenu Président de la République, Jacques Chirac avait pu compter sur son ami Gaston Flosse pour soutenir la reprise des essais nucléaires et défendre les intérêts français dans le Pacifique.
Le pari d’un virage à 180 degrés
Mais les relations entre Gaston Flosse et la France se sont dégradées sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Les affaires judiciaires se sont accumulées pour Gaston Flosse, devenu inéligible en 2014. Son ancien gendre et dauphin, Edouard Fritch, lui a succédé au pouvoir. Les deux hommes sont devenus adversaires et Edouard Fritch incarne désormais le camp autonomiste.
Au soir de sa carrière politique, Gaston Flosse tente donc un ultime pari : amener sa base électorale à le soutenir dans une idéologie opposée à celle qu’il a toujours soutenu, et peut-être rallier à sa cause les indépendantistes modérés qui veulent garder un lien avec la France. Prochaine échéance électorale : les sénatoriales, en septembre.