Gaston Flosse : « Nous ne pouvons pas nous séparer de la France, c’est l’essentiel »

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Démissionnaire de la présidence de son parti, le Amuitahira'a o te Nūnaʻa Māʻohi en raison de son âge et de son état de santé, Gaston Flosse était l'invité des journaux de TNTV, ce mardi. Le Vieux Lion assure que sa suite est prête et qu'il poursuivra son combat pour faire évoluer le statut d'autonomie de la collectivité.

Publié le 17/07/2024 à 10:57 - Mise à jour le 17/07/2024 à 11:12

Démissionnaire de la présidence de son parti, le Amuitahira'a o te Nūnaʻa Māʻohi en raison de son âge et de son état de santé, Gaston Flosse était l'invité des journaux de TNTV, ce mardi. Le Vieux Lion assure que sa suite est prête et qu'il poursuivra son combat pour faire évoluer le statut d'autonomie de la collectivité.

TNTV : Votre parti n’a plus autant de militants et de cadres qu’auparavant. Pourquoi avoir autant attendu avant de passer la main ? Regrettez-vous de ne pas l’avoir fait plus tôt ?
Gaston Flosse, président sortant du Amuitahiraa o te nunaa maohi : « C’est le statut du parti qui est assez compliqué, qui interdit par exemple au président en titre de procéder à l’installation de son remplaçant. Donc je suis obligé de démissionner de mes fonctions de président, puis de passer la main au premier président délégué qui est chargé d’organiser le congrès au cours duquel sera élu le président » .

TNTV : Bruno Sandras, Pascale Haiti Flosse et Gilda Vaiho-Faatoa… Des candidatures commencent déjà à se dessiner. Vous êtes confiant pour l’avenir de votre parti ?
G.F : « D’abord, le seul candidat que je connais, c’est Bruno Sandras. En ce qui concerne Pascale, mon épouse, ce n’est pas aussi affirmatif que ça. Gilda m’a confirmé que oui, elle se présentait. C’est démocratique ! Tous ceux qui veulent se présenter à cette élection sont les bienvenus. Mais il y a un cahier des charges qui est assez lourd. La présence, notamment, au moins d’une demi-journée, au siège du mouvement et beaucoup d’autres » .

TNTV : Vous n’avez pas peur que votre parti sombre après votre départ, comme c’est arrivé par exemple au Here ai’a ou encore au Ai’a api ?
G.F : « Non, pas du tout. J’arrange tout pour que lorsque je serai parti, qu’il n’y ait pas la moindre discussion, dispute, tout sera prêt » .

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TNTV : Ce matin, vous parliez des deux camps, autonomistes et indépendantistes, en disant « c’est fini, ça n’existe plus tout ça ». Vous êtes à l’origine du statut d’autonomie, créé en 1984. Depuis quatre ans, vous êtes souverainiste. Aujourd’hui, quelle est la ligne de votre parti exactement ?
G.F : « C’est vrai que nous étions dans ce gouvernement colonialiste où le gouverneur était le chef du territoire, c’est lui qui dirigeait tout. J’étais un de ses conseillers de gouvernement, nous étions élus par l’Assemblée, mais nous n’avions aucun pouvoir. C’est le gouverneur qui avait tout. D’où l’autonomie. La difficulté, c’est qu’il n’y a pas un recueil juridique qui ce qu’est l’autonomie (…) alors, nous avons construit une autonomie tout à fait conforme au caractère de la population, du pays, de sa dispersion sur le Pacifique. Mais maintenant, il a 40 ans, il est arrivé à sa limite (…) la France, sur le plan juridique, n’a plus rien à nous donner. Donc, il nous faut trouver autre chose (…) Nous ne voulons pas couper les liens avec la France. Il faut trouver un système qui allie les deux. Et je pense que c’est une chose facile » .

TNTV : Ce matin, vous avez dit que l’alliance Amui Tatou se portait bien. Que faut-il faire pour qu’elle perdure ?
G.F : « L’alliance Amui Tatou fait ses premiers pas. C’est un bébé encore, mais qui vient de gagner deux députés pour son premier combat. Et le troisième aurait dû être également un Amui Tatou. Pour des questions de discipline interne aux partis alliés, la chose n’a pas pu se faire. Mais nous sommes contents. En tout cas, c’est une leçon que nous retenons. L’alliance, c’est une excellente chose. Il faut être vraiment unis et travailler ensemble si l’on veut réussir » .

TNTV : Votre parcours a marqué l’histoire de la Polynésie française. S’il y a une chose que vous devez retenir de cette longue carrière, ce serait laquelle ?
G.F :
« Ce sont les grandes réalisations pour lesquelles nous n’avions pratiquement pas les moyens financiers. Je vois par exemple pour Air Tahiti Nui, nous n’avions pas d’argent, mais il fallait absolument le faire puisque nous avions trois compagnies aériennes. Deux sont tombées en faillite et il restait Air France qui aurait eu le monopole sur nous, sur nos déplacements et également la recherche de touristes. Ce n’était pas supportable. Je suis allé voir Jacques Chirac, il était en face de moi, il a pris son fauteuil, il s’est rapproché, il m’a dit « Gaston, qu’est-ce que tu veux exactement ? Qu’est-ce qui est urgent ? ». Je lui ai dit « Je veux créer une compagnie aérienne ». Il m’a dit « Tu es fou, ça ne va pas la tête ? ». Je lui ai expliqué les raisons pour lesquelles et c’est lui qui nous a aidés. Le premier avion, nous l’avons eu pratiquement pour moitié prix, ce qui se compte par milliards » .

TNTV : Au soir de votre carrière politique, qu’avez-vous à dire à votre adversaire de toujours, Oscar Temaru ?
G.F :
« C’est vrai, le terme « adversaire » est bon, c’est mon adversaire politique, mais c’est mon ami polynésien et nous sommes tous amis en dehors du ring. Sur le ring, on se tape dessus, mais lorsque la cloche a sonné, c’est fini. Mais je pense qu’il a pris le mauvais chemin. L’indépendance totale, intégrale, sans lien aucun avec la France, il ne réussira pas. D’ailleurs, ça fait 47 ans qu’il court après, ça fait 11 ans qu’il va aux Nations Unies, zéro avancement de l’indépendance. Nous ne pouvons pas nous séparer de la France, c’est l’essentiel » .

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