La motion a été adoptée conjointement par les députés du Nouveau Front populaire et du Rassemblement National. Un acte en réponse au 49.3 déposé par Michel Barnier pour faire passer, sans vote, le projet de budget de la Sécurité sociale. Le Premier ministre doit désormais déposer la démission de son gouvernement.
Un renversement qui n’est pas sans conséquence pour les Outre-mer, et donc le fenua : « Cela a des conséquences pour tous les Outre-mer, évidemment pour la France, mais pour les Outre-mer en particulier. Nous avons vécu les deux mois d’attente de nomination du gouvernement Barnier, ça a été assez difficile puisqu’on n’avait plus d’interlocuteurs à Paris sur tous les dossiers sur lesquels on travaille en partenariat avec l’État, les conventions et d’autres choses. Donc là, ce qu’on espère, c’est que la nomination du prochain Premier ministre va se faire rapidement, et qu’elle ne sera pas suivie d’une autre motion de censure dans les semaines qui viennent, parce que je rappelle pour ceux qui n’étaient pas au courant, qu’avec l’ancien ministre des Outre-mer, nous avions un conseil interministériel des Outre-mer (CIOM) qui était planifié à la mi-mars. J’ai anticipé un peu, j’ai contacté le président de la République pour lui demander que ce CIOM soit maintenu, quand bien même cette motion passerait et qu’il y aurait un nouveau gouvernement. Le Président m’a assuré qu’il ferait en sorte que ce CIOM soit maintenu » explique Moetai Brotherson, le président du Pays.
Pour les députés de gauche, renverser l’exécutif était inévitable : « Disons que c’est le résultat du budget que nous proposait le gouvernement Barnier. L’instabilité est ambiante depuis un certain moment. Elle a commencé déjà par cette décision de dissolution qui a fait ressortir à l’Assemblée nationale aucune majorité. Et ensuite le choix du premier Ministre n’est pas cohérent du tout, donc tout ça, fait que l’instabilité ne sera pas plus grave demain, elle l’est déjà » déclare Mereana Reid Arbelot, député du groupe GDR.
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Les deux autres députés polynésiens ont décidé de ne pas voter cette motion de censure qu’ils jugent inquiétante pour l’avenir. Un constat partagé par le ministre des Outre-mer qui avait évoqué mardi les « conséquences très graves pour les territoires ultramarins ». Concrètement, pour l’heure, les travaux législatifs sont mis en pause, y compris les renouvellements de financements qui concernent le fenua. De quoi faire planer de nombreuses incertitudes sur certains dossiers polynésiens. « Nous avions des garanties du gouvernement de prendre en compte certaines des mesures et j’ai pu proposer quelques mesures, selon moi, importantes pour les Polynésiens. Notamment l’élargissement de l’indexation et la péréquation sur l’électricité qui permet de manière très concrète de faire baisser les factures d’électricité des familles polynésiennes. On va devoir maintenant recommencer ce travail avec le nouveau gouvernement. Donc j’espère vraiment qu’on repartira sur les bases solides qui ont été créées et qu’on ne sera pas obligé de repartir à 0″ explique le député Moerani Frebault.
« Au niveau de la Polynésie française, nous avons des conventions États-Pays qui sont en train d’être discutées pour être renouvelées. Nous avons énormément de financements qui viennent de l’État. Il y a une conférence du président qui va se tenir à l’Assemblée nationale pour programmer l’examen d’une loi spéciale qui va pouvoir faire fonctionner l’État au minimum, et nous, nous attendons évidemment de voir cette loi pour voir si les urgences attendues dans les Outre-mer seront inscrites » indique Nicole Sanquer, députée du groupe LIOT.
L’avenir du projet de loi de finances 2025 est incertain. Des juristes estiment qu’il est automatiquement caduque, d’autres qu’il pourra éventuellement être repris par le prochain gouvernement. Si l’instabilité se poursuit, en revanche, aucune nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale ne pourra intervenir avant juillet 2025.