« Pour ce qui est des chantiers gérés par l’établissement TNAD (Tahiti Nui Aménagement & Développement, NDLR), l’opération de désamiantage du Royal Papeete a été lancée et les appels d’offres pour les démolitions seront publiés dans les prochains jours. Le projet du collège de Teva i Uta est déjà en cours.
L’appel d’offres de la construction de l’immeuble de logement Papeora a été publié avec une réception des offres prévue entre la fin février et la mi-mars. Un programme de logements étudiants est également programmé pour le second semestre 2015.
Le ministère de l’Equipement pilote, en 2015, 28 Milliards d’opérations. L’objectif 2015 du ministère de l’Equipement est de réaliser :
- 15 milliards de travaux par la direction de l’équipement
- 1 milliard de travaux par TNAD
- – et 2 à 3 milliards par le Port Autonome. »
Combien d’emplois ces chantiers sont ils susceptibles de créer d’ici la fin de l’année ?
« Sur les 4 200 emplois directs actuels du BTP, les chantiers pilotés par le ministère de l’Equipement devraient concerner, nous semble-t-il, de l’ordre de 50-55% d’entre eux. »
– PUBLICITE –
La première réunion du comité de pilotage du plan stratégique de développement économique a eu lieu le 20 janvier dernier. Des suggestions ont elles déjà été faites afin de relancer l’économie ?
« Le travail avance à un rythme très soutenu. Ce sont 65 entretiens bilatéraux avec les représentants de l’Etat, des institutions, des communes et du monde économique et 15 groupes de travail qui ont été organisés au cours de la première quinzaine. Plus de 200 personnes ont ainsi pu s’exprimer sur leur vision du développement et leurs attentes dans tous les domaines économiques. Nous avons collecté plus de 1500 propositions concrètes et le travail de consultation n’est pas totalement terminé puisque nous avons prévu, au début du mois de mars, une rencontre avec les organisations patronales qui se sont largement mobilisées pour participer à la réflexion. Toutes les propositions seront prises en compte, puis analysées et hiérarchisées par le gouvernement au cours de deux séminaires. Ce que nous souhaitons, c’est passer de l’intention à l’action en proposant, à la fin de ce premier semestre, un plan d’actions construit et réaliste pour les cinq années à venir. »
Le président du Pays a beaucoup insisté, notamment dans ses vœux à la population, sur l’intérêt de travailler ensemble, « Etat, Pays, communes » et investisseurs privés, pour faire avancer le Pays. Mais que peut faire selon vous, le Polynésien, à son niveau, pour aider à cette relance ?
« Le développement de notre Pays est effectivement l’affaire de tous. Il est bien sûr tout a fait essentiel, comme l’a rappelé le président Edouard Fritch, que les institutions de la Polynésie française, l’Etat et les communes travaillent ensemble, de manière complémentaire et coordonnée afin que les efforts des uns ne viennent pas contrarier les actions des autres mais que, au contraire, les effets positifs soient renforcés. Le citoyen aussi peut contribuer au développement de notre économie et de nos emplois, en consommant local, par exemple. Qu’il s’agisse de tourisme ou de l’acquisition d’un bien, le réflexe de l’achat local favorise l’activité pour nos entreprises et, donc, la croissance. Le Polynésien doit aussi reprendre confiance en l’avenir en mobilisant une partie de son épargne. »
De plus en plus de personnes ne trouvant pas d’emploi se dirigent vers la création d’entreprise. Est-ce une solution ?
« Il n’y a pas de recette miracle et chaque cas est un cas particulier. Il est donc difficile de répondre simplement à cette question. La création d’entreprise peut être, effectivement, une solution adaptée. Mais il faut que cette démarche soit préparée car on ne s’improvise pas chef d’entreprise, même lorsqu’il s’agit d’une très petite entreprise. Pour se donner toutes les chances de réussir, il faut un minimum de formation en gestion, une petite étude de faisabilité, une connaissance de ses obligations fiscales et sociales, etc… Lorsque ces préalables ne sont pas respectés, et cela arrive malheureusement trop souvent, le créateur d’entreprise se retrouve dans la difficulté, quelques fois avec des dettes. Il y a des organismes comme l’Adie (Association pour le droit à l’initiative économique, NDLR) ou le Cagest (Centre d’accompagnement en gestion, NDLR) qui peuvent apporter un accompagnement afin que cette création d’entreprise soit un succès. Je crois en l’esprit d’entreprise des Polynésiens. C’est pourquoi j’ai encouragé la Sofidep (société de financement et de développement de la Polynésie, NDLR) à mettre en place un nouveau produit, le « PACE » (prêt d’aide à la création d’entreprise), subventionné par le Pays, qui permet aux porteurs de projets d’obtenir, directement auprès de la Sofidep et dans la limite de 5 millions Fcfp, un prêt à un taux raisonnable, avec une analyse du dossier plus souple. »
La concurrence peut-elle être, selon vous, un moteur de la croissance économique du Pays ?
« Qui dit concurrence, dit présence de plusieurs opérateurs (commerçants ou prestataires de services) proposant les mêmes types de produits ou prestations. On peut penser qu’il y a donc, forcément, plus d’emplois. Au-delà, la concurrence, quand elle s’applique loyalement, est un avantage pour le consommateur. Elle permet d’éviter les mauvaises pratiques, chaque opérateur veillant à proposer ses produits à un prix raisonnable, suffisamment bas pour déclencher l’acte d’achat mais à un niveau suffisant pour permettre la rentabilité de son activité et, donc, le paiement de ses charges et salaires. La concurrence permet ainsi de maintenir les prix à un niveau acceptable pour les consommateurs et renforce donc le pouvoir d’achat des ménages. Et la consommation des ménages est un des moteurs de la croissance. »
L’Autorité polynésienne de la concurrence verra-t-elle le jour ?
« Effectivement. Il y a un préalable juridique à la mise en place de l’Autorité polynésienne de la concurrence qui est la promulgation de la loi du Pays relative au droit de la concurrence. Les recours relatifs à cette loi du Pays étant épuisés, sa promulgation devrait intervenir prochainement. Pour garantir l’efficacité et l’impartialité de cette autorité indépendante, nous devons également établir un partenariat avec l’autorité de la concurrence de métropole et l’Etat. Les discussions sont en bonne voie et, si tout se passe bien, l’autorité polynésienne de la concurrence devrait être en place avant la fin de cette année. »
Dans une de ces dernières publications, l’Institut d’émission d’outre-mer montre que la Polynésie reste à l’écart de la croissance du tourisme mondial. Dans la région Asie-Pacifique en particulier, le tourisme est en plein essor et Hawaii domine le marché. Que manque-t-il à la Polynésie pour se mettre au niveau des autres destinations du Pacifique ?
« Cette affirmation est aujourd’hui erronée. Elle était vraie jusqu’en 2013. Nous ne connaissons pas encore les chiffres relatifs à la fréquentation touristique de décembre mais nous sommes, en novembre 2014, sur un taux de croissance d’environ 10% pour l’année. Ce qui est largement supérieur au rythme de croissance de la région (6%). Nous travaillons actuellement au développement de produits touristiques adaptés à la demande de nos marchés, à l’amélioration de notre offre et à l’augmentation de notre capacité d’accueil. Je suis très optimiste pour l’avenir. »