Le cas Cross « n’intéresse personne », balaie Moetai Brotherson

Publié le

Invité de notre journal ce mardi, le président du Pays est revenu sur les remous liés aux prises de position de Tina Cross et de sa fille, la représentante Tavini Hinamoeura Cross. Moetai Brotherson précise l'avoir simplement "invitée" à quitter le parti pour mettre fin à la polémique. "À part les amateurs de ragots de caniveau, à part l'opposition qui a l'air de s'en réjouir (...) Les atermoiements d'une maman blessée, je pense que ça n'intéresse personne".

Publié le 10/07/2024 à 10:58 - Mise à jour le 10/07/2024 à 11:37

Invité de notre journal ce mardi, le président du Pays est revenu sur les remous liés aux prises de position de Tina Cross et de sa fille, la représentante Tavini Hinamoeura Cross. Moetai Brotherson précise l'avoir simplement "invitée" à quitter le parti pour mettre fin à la polémique. "À part les amateurs de ragots de caniveau, à part l'opposition qui a l'air de s'en réjouir (...) Les atermoiements d'une maman blessée, je pense que ça n'intéresse personne".

TNTV : L’opposition voulait, je cite, « s’assurer que vous avez compris le message qui est sorti des urnes samedi dernier » . Selon eux, vous êtes dans le déni. Que leur répondez-vous ce soir ?
Moetai Brotherson, président de la Polynésie française : « Je leur réponds qu’en 2022, ceux qui étaient dans le déni, visiblement, ça devait être eux puisque 3-0 pour le Tavini. Je n’ai pas entendu Tepuaraurii (Teriitahi) réclamer la démission d’Edouard Fritsch ou la dissolution de l’Assemblée. Donc à un moment donné, il faut être cohérent. Et surtout, je trouve ça inquiétant de la part de Tepuaraurii, qui est pourtant une femme politique d’expérience, de venir sur ce terrain (…) j’ai connu les années de 2004 à 2013, les années d’instabilité. C’est tout sauf ce dont on a besoin aujourd’hui. On a besoin de stabilité. Aujourd’hui, dans l’ensemble des Outre-mer français, nous sommes cités en exemple pour notre stabilité, pour la santé de notre économie. Franchement, cette demande, elle est irresponsable et déplacée » .

TNTV : Plusieurs figures du Tavini ont souligné la responsabilité du gouvernement dans la perte de 2 des 3 sièges à l’Assemblée nationale. Remettez-vous en question votre bilan ?
M.B : « Je ne remets pas en question le bilan. J’accepte la critique. Je l’entends. Je ne pense pas que les responsables du Tavini aient demandé à ce que le gouvernement démissionne. Ce n’est pas ce que j’ai entendu. Ce n’est pas ce qui a été demandé aujourd’hui. Le gouvernement a sa part dans ce qui s’est passé aux élections. Le parti a sa part. C’est dans cet esprit-là qu’on a fait notre bilan en commun au lendemain des élections, dimanche après-midi. On n’était pas dans ce qu’on appelle le blame game. On n’était pas là à dire « c’est de ta faute, c’est de ta faute, c’est de ta faute » . On a essayé d’analyser effectivement pourquoi ça n’avait pas fonctionné aussi bien qu’on l’aurait voulu. Je rappelle quand même qu’on a gardé la troisième circonscription » .

TNTV : Et quel bilan tirez-vous, justement ? Est-ce qu’il y a des ajustements à faire ?
M.B :
« Il y a des ajustements à faire. Il y a une clarification de la ligne politique du Tavini qui doit se faire. Mais encore une fois, chacun a sa part de la responsabilité. Il ne s’agit pas de pointer les uns les autres du doigt » .

– PUBLICITE –

TNTV : L’actualité de votre parti nous emmène sur un autre sujet, les prises de parole de Tina Cross. « Trahison » , « conspiration contre les intérêts du parti » , « intimidation et menaces » sur la personne d’Oscar Temaru. Ce sont de lourdes accusations. Les démontez-vous ce soir ?
M.B :
« Oui, je les démonte. Et puis je n’en dirai pas plus parce que franchement, je ne pense pas que ça intéresse qui que ce soit. À part les amateurs de ragots de caniveau, à part l’opposition qui a l’air de s’en réjouir. Est-ce que ça intéresse réellement les Polynésiens ? Non. Ce qui intéresse les Polynésiens, par exemple, c’est que vont faire les 2461 bacheliers qui ont réussi, que je félicite d’ailleurs au passage, et qui vont pouvoir bénéficier d’un budget alloué aux bourses étudiantes, maintenant qu’ils ont le bac, qui a été multiplié par 4,5. Ça, ça intéresse les Polynésiens. Ce qui intéresse les Polynésiens, c’est le projet Google, dont on a annoncé aujourd’hui des avancées considérables. Ce qui intéresse les Polynésiens, c’est la modification du code des postes et télécoms qui a été adoptée à l’unanimité ce matin pour permettre l’arrivée de Google. Ce qui intéresse encore les Polynésiens, c’est cette loi de pays sur le cannabis thérapeutique. Les atermoiements d’une maman blessée, je pense que ça n’intéresse personne » .

TNTV : Vous avez notamment fait un live hier soir sur Facebook pour clarifier la situation. Ce matin, vous avez dit à l’Assemblée qu’il faut avoir un minimum de respect pour le leader du Tavini. Tina Cross affirme, et je cite, que vous respectez son autorité quand ça vous arrange. Oscar Temaru aurait soutenu la candidature de Hinamoeura Morgant-Cross dans la course aux législatives. Tony Géros et vous-même l’auriez « torpillé » , ce sont ses propres mots. Une réaction à ce sujet ?
M.B : « C’est juste faux. Madame Cross parle de réunions auxquelles elle n’a pas assisté et auxquelles moi j’ai assisté, auxquelles Tony Géros et d’autres ont assisté. Qu’elle ne vienne pas parler de choses qu’elle ne connaît pas et auxquelles elle n’a pas assisté » .

TNTV : Vous demandez à Hinamoeura Morgant-Cross de quitter le groupe du Tavini à l’Assemblée. Elle ne compte pas partir. Comment sortir de cette situation ? Est-ce qu’il y a un conseil de discipline qui va être organisé dans les prochains jours ? Quelle est la suite ?
M.B :
« Au Tavini Huiraatira, c’est très rare, je ne sais même pas si on a déjà exclu quelqu’un. Le secrétariat général va se pencher sur la question et relire le règlement intérieur. Moi, je ne fais pas partie de la commission de discipline, je suis un simple adhérent du Tavini. J’apporte quand même une correction (…) Je n’ai pas « demandé » à Hinamoeura, j’ai conseillé à Hinamoeura de sortir du groupe pour son propre bien. Parce qu’aujourd’hui, on le voit bien, ça ne marche pas » .

TNTV : Vous l’invitez à sortir du groupe quelque part ?
M.B : « Oui, à sortir du groupe, pas de l’Assemblée. Elle va rester à l’Assemblée. Maintenant, elle fait ce qu’elle veut, c’est son choix. Mais quoi qu’il en soit, le point de non-retour a été atteint. Franchement, à quoi ça rime de vouloir rester dans un groupe qu’on torpille jour après jour ? » .

TNTV : Selon vous, le point de non-retour a été atteint, il ne faut pas continuer sur cette voie-là ?
M.B :
« Écoutez, quand une élue d’un groupe envoie l’huissier à son président de groupe, je crois que la rupture est consommée » .

Dernières news