Législatives : Moetai Brotherson n’est pas « à la recherche d’une victoire écrasante » du Tavini

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À l'approche du premier tour des législatives, le président du Pays, membre du Tavini Huira'atira, était l'invité de nos journaux. S'il n'espère pas une "victoire écrasante" des candidats de son parti, il estime que les trois députés ont fait "un excellent boulot" et doivent pouvoir continuer.

Publié le 16/06/2024 à 13:48 - Mise à jour le 16/06/2024 à 14:34

À l'approche du premier tour des législatives, le président du Pays, membre du Tavini Huira'atira, était l'invité de nos journaux. S'il n'espère pas une "victoire écrasante" des candidats de son parti, il estime que les trois députés ont fait "un excellent boulot" et doivent pouvoir continuer.

Tahiti Nui Télévision : Moetai Brotherson, en 2022, vous avez été largement victorieux avec une stratégie efficace. Cette fois, ça a été un peu plus laborieux pour choisir les candidats. Pourquoi ?
Moetai Brotherson, président du Pays : « Alors, ça n’a pas été si laborieux que ça. Vous savez, on a fait notre conférence de presse hier. Je pense qu’on a fait le bon choix encore une fois. Il fallait trouver de nouveaux suppléants. Et donc, on a mis un peu de temps, c’est vrai, à les identifier. On a trouvé d’excellents suppléants. Et aujourd’hui, on est très, très contents. Et on a vu l’enthousiasme lors de l’annonce de nos candidats. Moi, depuis hier, je reçois des centaines de messages me disant, « c’est super. On y va, on y repart et on est très contents ». »

TNTV : Est-ce que vous croyez qu’on a eu une nouvelle victoire écrasante du Tavini Huratira ?
Moetai Brotherson :
« Moi, je ne suis pas à la recherche de victoire écrasante. J’espère une victoire, c’est sûr, puisque nos trois députés ont fait un excellent boulot et il faut qu’ils continuent. C’est une opportunité qui nous est donnée le 29 juin, le 7 juillet. Il faut la saisir pour les Polynésiens.

TNTV : Les autonomistes ont voulu faire un peu comme vous à présenter des jeunes. C’est notamment le cas dans la première circonscription avec Moerani Frébault. Est-ce que vous pensez que les autonomistes pourraient bénéficier de cette stratégie de rajeunissement de la classe politique ?
Moetai Brotherson : « Je pense que c’est une bonne chose, en tout cas qu’ils nous aient emboîté le pas. Il était temps. Bon, les deux autres candidats, on les connaît déjà. On les connaît peut-être déjà trop. Je ne sais pas si c’est le bon choix de présenter une candidate sur la 3 qui ne connaît rien à cette circonscription. Et qui, il y a deux mois de ça, a été un nouveau, je crois… je crois que la Cour d’appel a requis 3 ans d’inéligibilité pour cette candidate. Bon, il y a un pourvoi en cassation, mais tout de même, est-ce qu’on va vraiment, est-ce que les gens de la circonscription vont faire ce pas, d’élire quelqu’un qui sera peut-être… »

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TNTV : Une partie de la population avait été assez critique lors de la présentation du bilan du gouvernement, de la majorité à l’Assemblée, même après deux ans de mandature de nos députés à l’Assemblée nationale. Est-ce que vous pensez que cela pourrait influencer le résultat du scrutin ?
Moetai Brotherson : « Bien sûr, bien sûr, mais il y a toujours… Enfin, on ne peut pas avoir 100% de satisfaits, ce serait là une nouveauté en politique. Il y a toujours des gens insatisfaits et c’est notre rôle à nous d’expliquer pourquoi les choses ne se font pas peut-être aussi vite qu’ils voudraient, pourquoi est-ce qu’on prend un peu plus de temps pour bien réfléchir, pour faire ces changements en profondeurs dont je pense que le Pays a besoin. Ensuite, évidemment, c’est le jeu de nos opposants que de marteler sans arrêt, que rien n’est fait, rien n’est fait, ce qui est totalement faux.« 

TNTV : Aux législatives et aux Territoriales, c’était surtout un vote sanction contre les autonomistes, contre le Tapura Huiraatira. Aujourd’hui, est-ce que vous pensez que la population est toujours derrière vous pour le changement comme vous venez de le dire ?
Moetai Brotherson : « Écoutez, on sera fixés très vite puisque cette campagne, elle dure deux semaines, je pense qu’elle va se dérouler avant tout sur les plateaux télé lors des débats, puisque la possibilité de se déplacer dans toutes les îles, surtout sur la Circo 1 et la Circo 2, ça va être très, très dur. En quinze jours, comment voulez-vous parcourir tous les Tuamotu, les Marquises, les Australes, c’est quasiment impossible.
Donc, les réseaux sociaux, les débats télé, c’est là que cette campagne va se jouer, mais on n’a jamais vu une campagne d’abord annoncée aussi brutalement. Et ensuite, avec des délais aussi courts, vous savez, les services de l’État sont un peu, je ne veux pas dire en panique, mais tout le monde est sur le pont pour se dire comment est-ce qu’on va arriver à gérer les tavana qui doivent mettre en place les bureaux de vote. Enfin, c’est insensé.
« 

TNTV : Récemment, il y a eu des polémiques au sein de l’Assemblée. Il a été question aussi de l’Azerbaïdjan. Est-ce que cela pourrait jouer en votre défaveur ?
Moetai Brotherson :
« Là aussi, certainement, il y a des gens qui n’ont peut-être pas bien compris qu’elle était la démarche du Tavini Huira’atira, pas du gouvernement encore une fois. En Azerbaïdjan, ils ne sont pas allés rencontrer le gouvernement de l’Azerbaïdjan. Ils ont été invités par une ONG. Et puis, évidemment, c’est une facilité, une tentation facile de critiquer l’Azerbaïdjan qui n’est pas une démocratie, on est d’accord là-dessus, qui n’est pas exemplaire, on est d’accord là-dessus. Mais je crois que le deuxième vendeur d’armes au monde, c’est la France et qu’elle ne vend pas ses armes qu’à des démocraties exemplaires. »

TNTV : Une autre question que vous aviez abordée un peu plus tôt : selon les derniers résultats des européennes, avec les derniers sondages aussi sur les intentions de vote pour le scrutin des législatives, il y a de très fortes chances que le Rassemblement national soit majoritaire à l’Assemblée nationale. Comment est-ce que vous voyez une éventuelle cohabitation et surtout les relations de la Polynésie française avec le futur gouvernement ? Moetai Brotherson : « Moi en tout cas, quel que soit le gouvernement en place, je discuterai avec. C’est une obligation constitutionnelle, statutaire. Je crois que l’avantage qu’on a, c’est qu’on est depuis le début, finalement, dans l’opposition au niveau national, mais on discute malgré tout et on obtient des résultats malgré tout, alors que nos opposants autonomistes ne savent fonctionner que quand ils sont dans la majorité nationale. Donc demain, qu’est-ce qu’ils vont faire ? Est-ce qu’ils vont devenir Rassemblement national si c’est le RN qui gagne les élections ? Est-ce qu’ils vont rester Renaissance pour ceux qui ont déclaré leur fidélité à la Renaissance ? C’est une question qu’il faudra leur poser. Eux, ils n’ont pas l’habitude de fonctionner quand ils sont dans l’opposition face au gouvernement national. »

TNTV : Si les trois candidats Tavini passaient à nouveau, où est-ce qu’ils siègeraient ? Toujours au GDR ?
Moetai Brotherson :
« Toujours au GDR, je ne change pas une équipe qui gagne. Le GDR, c’est un groupe très particulier qui nous laisse notre liberté d’expression, notre liberté de vote, et ça pour nous, c’est primordial. »

TNTV : Dans l’éventualité, justement d’une cohabitation, au RN, la question de l’indépendance est beaucoup plus favorable. Est-ce que vous pourrez mieux discuter avec eux sur cette question-là ? Alors c’est le cheval de bataille du Tavini Huiraitira, peut-être que ça pourrait favoriser l’accession à l’indépendance ?
Moetai Brotherson : « Je ne pense pas. Très franchement, je ne pense pas. C’est un argument qui a souvent été avancé par le RN ici en Polynésie, de dire qu’ils sont souverainistes, donc ça devrait mieux marcher avec le Tavini, mais ils sont souverainistes pour la France, pas pour la Polynésie ».

TNTV : Une ultime question, c’est peut-être plus la casquette du président de la Polynésie que vous devriez endosser. Nous arrivons à la fin de l’année scolaire. Il a été question de réforme des rythmes scolaires ces derniers temps. Qu’en est-il aujourd’hui ? Est-ce qu’il ne faudra pas finalement suspendre ? Parce que même les Tavana ne sont pas prêts pour les élections, mais ne sont pas prêts non plus pour cette réforme.
Moetai Brotherson : « Alors dire que les Tavana ne sont pas prêts. Certains Tavanins ne sont pas prêts, d’autres sont prêts, ils l’ont déjà signifié, et pour les Tavana qui sont prêts, on va les accompagner, on va faire ce qu’il faut, mais on ne peut pas d’un côté nous reprocher de ne pas faire de réforme, et de l’autre côté s’opposer aux réformes qui sont faites. »

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