À 36 ans, Steve Chailloux, élu municipal de Teva i Uta depuis deux ans, est le candidat du Tavini Huiraatira aux législatives dans la deuxième circonscription. Il est présenté comme l’avenir du parti indépendantiste. Anthropologue et professeur de reo Tahiti, il sait user de son expérience pour captiver à son auditoire. Un public vieillissant souvent acquis à sa cause, mais qu’il tente aujourd’hui de rajeunir malgré une lassitude ambiante : « C’est une aventure qui est formatrice parce qu’au-delà de l’aspect politique, c’est d’abord du travail de terrain. On va à la rencontre des gens, et on essaie de retisser du lien avec notre population. Mais c’est difficile parce que le lien, la confiance, ont été rompus par les hommes et les femmes politiques de notre pays. Et c’est compliqué de retisser ce lien et de susciter l’intérêt de notre jeunesse, parce que la politique nous concerne tous. Ce n’est pas évident, mais c’est un travail enrichissant. (…) Et en tant que jeune, quand on s’engage, on s’engage aussi à faire de la pédagogie auprès de notre population. Et en tant que professeur, c’est justement quelque chose qui me tient à cœur ».
« Notre combat n’est pas un combat contre le peuple français. »
Steve Chailloux
Assimilant rapidement les rouages d’un discours politique éprouvé depuis des décennies par ses pairs, il affirme néanmoins incarner une autre vision de l’indépendantisme : « L’indépendance n’est pas une idéologie monolithique. Le combat indépendantiste doit toujours être conjugué au présent et au futur. C’est le sens de nos candidatures en tant que jeunes, d’arriver justement à faire comprendre cette pédagogie-là à notre population, que le combat indépendantiste doit d’abord s’ancrer dans le présent et pour le futur. (…) J’amène un éclairage intellectuel sur le combat indépendantiste que j’essaie d’adapter à la réalité du quotidien« . Et d’ajouter : « Homme politique, ce n’est pas un métier, c’est être au service de sa population. (…) C’est un sacerdoce, c’est un engagement qui doit être nourri par des convictions et des valeurs ».
Steve Chailloux tâche de faire évoluer les consciences sur l’indépendantisme, à commencer par ses proches : « Quasi la totalité de mes amis sont autonomistes, et mes meilleurs amis sont autonomistes. Cela veut bien dire qu’on peut être autonomiste et indépendantiste et s’entendre. On a tous des préjugés sur les indépendantistes. Notre combat n’est pas un combat contre le peuple français, notre combat n’est pas celui de combattre le peuple ou les Français de manière générale, c’est un combat contre un système ».
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« C’est inouï d’avoir un jeune qui a très vite assimilé les bases même de l’idéologie du Tavini Huiraatira. On lui prédit une réussite aux législatives. »
Antony Géros
Une ligne politique que les plus aguerris semblent adopter, comme l’indique Antony Géros, vice-président du Tavini Huiraatira : « L’idéologie est la même, mais la manière d’exprimer cette idéologie est différente. Il utilise le vocabulaire de sa jeunesse, mais les fondamentaux restent identiques. C’est l’avenir et la relève du Tavini. (…) Cela nous donne du baume au cœur de savoir qu’après nous, il y aura ces jeunes qui prendront la suite. (…) C’est sûr qu’avec cette nouvelle génération, il va falloir que nous les vieux, on s’adapte, sur notre manière de dire les choses et sur notre approche vers elle. C’est facile de rencontrer les gens de notre génération parce qu’on a vécu avec eux, mais c’est plus difficile de rencontrer la nouvelle génération. Il faut utiliser leurs gestes, leur comportement… et parfois, il faut même s’habiller comme eux ! ».
En tous les cas Steve Chailloux pourrait, s’il est élu, être un des plus jeunes parlementaires de la République. Il compte siéger aux cotés de la NUPES, la nouvelle union de la gauche : « La gauche n’appartient pas à la France. On parle ici de la gauche universelle qui défend les plus démunis. Je suis contre la politique ultralibérale menée en France et en Europe. C’est donc normal que je m’engage dans un mouvement de gauche qui défend finalement les plus petits d’entre nous et il faut les soutenir ».