Deux textes ont été votés hier soir à l’APF : une résolution invitant l’État à discuter de la décolonisation, sous l’égide de l’ONU, et une délibération qui autorise le président de l’assemblée à attaquer la France en justice en cas de refus. Mais selon les non-inscrits, il s’agit plus d’un coup de communication politique qu’une réelle avancée : « Cette résolution, c’est un peu pour régler leurs propres affaires politiques, pour rassurer leurs propres électeurs pour dire que finalement bien qu’on agisse comme des autonomistes au gouvernement, nous n’avons pas oublié la question de l’indépendance. Donc cette résolution n’a aucune valeur législative à part évoquer un vœu, c’est un peu pour rassurer leurs électeurs » explique Nicole Sanquer, président A Here Ia Porinetia.
Côté Tavini, 11 ans après la réinscription de la Polynésie sur la liste des territoires à décoloniser, on estime que l’Etat soit s’ouvrir à la discussion. Tony Géros sait que sa délibération n’est pas conforme au statut et que le haut-commissaire devrait saisir le conseil constitutionnel. Mais elle va tout de même permettre des avancées : « Je vois déjà sa réponse, il va me dire que c’est au président du Pays à la faire. Sur cette base, il va rejeter, mais ce qui est intéressant, c’est que ça va nous permettre de tout de suite actionner une intervention au niveau du droit international, devant les tribunaux internationaux pour leur dire qu’on a épuisé toutes les voix de droit interne. Puisque c’est comme ça qu’ils fonctionnent là-bas, quand on va devant ces instances, ils nous demandent d’abord si on a épuisé les droits de voix interne et s’ils sont épuisés, la demande sera recevable, si c’est pas le cas, il faudra le faire ».
Dans l’hémicycle, les débats mouvementés se sont éternisés sur le sujet. Le Tapura affirme qu’il s’agit d’un règlement de compte entre le président de l’assemblée et le président du gouvernement. Ils ont déposé une « proposition de modification » signée par l’ensemble de l’opposition et par l’élu du Tavini Hinamoerura Morgant-Cross. Les 20 représentants demandent une consultation populaire avant toute démarche : « Nous-mêmes, dans l’opposition, nous n’étions pas opposés à la résolution, nous avons simplement voulu préciser les choses. Nous demandons à mettre en chantier un article du programme du Tavini Huira’atira page 18 qui demande à ce que l’on consulte la population sur des sujets de société. Si l’on veut une résolution sur la décolonisation de la Polynésie française, il faut peut-être consulter les populations » indique Edouard Fritch, président du Tapura Huira’atira.
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Pour le Tavini la décolonisation, c’est justement proposer à la population le choix de son avenir. Pas forcément l’indépendance. Reste à savoir quelle sera la réponse de l’État face aux deux propositions du président de l’assemblée.