Mathilde Panot de La France Insoumise : « Nous avons des liens forts avec le Tavini »

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Ils vont devoir franchir la barre des 5% des suffrages pour entrer au Parlement européen : la liste de La France Insoumise (LFI) est en 4ème position dans les sondages Ipsos avec 8,5% des intentions de vote. Mathilde Panot, la présidente du groupe parlementaire La France Insoumise, était l'invitée du journal.

Publié le 29/05/2024 à 11:25 - Mise à jour le 05/06/2024 à 9:37

Ils vont devoir franchir la barre des 5% des suffrages pour entrer au Parlement européen : la liste de La France Insoumise (LFI) est en 4ème position dans les sondages Ipsos avec 8,5% des intentions de vote. Mathilde Panot, la présidente du groupe parlementaire La France Insoumise, était l'invitée du journal.



TNTV : Vous êtes arrivée sur le territoire samedi. Depuis, vous avez fait de nombreuses visites… vous avez rencontré nos représentants, des ministres, le président du Pays… Les rencontres ont-elles été concluantes ? Qu’en est-il ressorti ?
Mathilde Panot, présidente du groupe La France Insoumise à l’Assemblée nationale : « Alors déjà, merci beaucoup pour votre invitation. Et je voudrais dire à toutes les Polynésiennes et les Polynésiens que nous avons rencontrés, quelque chose que je trouve absolument admirable en Polynésie, c’est le sens de l’accueil et donc une relation à l’autre, qui est je crois assez unique et qui m’a beaucoup touchée.
La deuxième chose, c’est que nous sommes évidemment venus faire campagne, c’est-à-dire parler à l’intelligence des uns et des autres, et essayer de convaincre autour de la liste conduite par Manon Aubry. C’est la seule liste aux élections européennes qui compte en deuxième position, Younous Omarjee, c’est-à-dire un candidat d’un territoire dit d’Outre-mer, puisqu’il est candidat issu de La Réunion. Il sera donc le seul eurodéputé probablement élu au soir du 9 juin pour l’Hexagone, et du 8 juin en Polynésie.
Et je crois qu’en plus de faire campagne, nous avons appris beaucoup de choses en Polynésie, notamment autour, par exemple, des enjeux de Sécurité sociale intégrale à 100% sans mutuelle que nous avons, nous, dans notre programme pour l’Hexagone, et autour des enjeux qui concernent notre humanité commune. C’est-à-dire comment est-ce qu’on lutte et on s’adapte au dérèglement climatique, qui est l’enjeu numéro un du XXIe siècle. »

Les rencontres ont été concluantes avec nos représentants ?
« En tout cas, elles étaient importantes pour renforcer les liens. Nous avons beaucoup de liens à l’Assemblée nationale avec les trois députés qui ont été élus du Tavini, et notamment Tematai Legayic, qui nous a accueillis ici de manière extrêmement chaleureuse. Puis, ça a été aussi l’occasion de voir, évidemment, le président du Pays, le président de l’Assemblée et le président du Tavini, avec qui nous sommes ravis d’avoir renforcé ces liens au moment où ils ont gagné le pays, et les trois députés pour l’Assemblée nationale. »

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Vous l’avez dit, pendant ces quelques jours, vous étiez en campagne sur le territoire. Avez-vous trouvé des soutiens en Polynésie ?
« Alors, oui, on a rencontré des Polynésiens, qui nous disaient de continuer le combat que nous menons pour la justice sociale, pour l’égale dignité des êtres humains, pour justement être à la hauteur des défis de notre siècle.
Nous avons beaucoup parlé aussi de relations internationales, et nous, nous sommes très inquiets de voir que l’Union européenne, menée par Ursula von der Leyen, mène l’Europe vers une politique complètement atlantiste. C’est-à-dire alignée sur les États-Unis, avec en France, notamment, une instrumentalisation, que ce soit de La Réunion, mais aussi de la Calédonie et de la Polynésie, sur un axe indo-pacifique qui ne nous convient pas, puisque c’est, en quelque sorte, un affrontement avec la Chine qui se prépare. Et je crois que personne n’a envie de cela. Donc, le bulletin Manon Aubry
Younous Omarjee permet à la fois d’exprimer sa colère contre la politique menée par Emmanuel Macron, qui crée un océan de malheurs dans le pays, et qui permet aussi, je crois, de faire barrage à l’extrême droite, au moment où ils sont annoncés en tête, alors que le fait colonial est nié, et permet d’élire un eurodéputé issu de l’Outre-mer qui défendra les enjeux polynésiens. »

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On revient au fenua. Est-ce que vous avez trouvé des soutiens politiques ? Je pense peut-être au Tavini Huiraatira. Vous semblez assez proche de certains des représentants de Tavini…
« Alors ça, c’est au Tavini qu’il appartient de répondre… »

Vous comptez aller vers une alliance ?
« En tout cas, nous sommes heureux d’avoir renforcé nos liens, et je vous le dis, nous, nous respectons la démocratie. Nous avons bien vu qu’à la fois les trois députés, l’Assemblée nationale et le Pays, sont présidés par une majorité indépendantiste, et nous avons des liens, notamment très étroits, à l’Assemblée nationale. Et nous entendons bien continuer d’avoir des liens forts, notamment avec le Tavini et les autres élus des territoires dits d’Outre-mer. »

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Vous ne seriez donc peut-être pas fermée à une alliance avec le Tavini, c’est ce qu’on en retient ?
« C’est le Tavini auquel appartient cette décision, maintenant. »

Vous pensez que l’insularité n’est peut-être pas assez prise en compte dans la politique européenne ?
« Oui, c’est une évidence, et d’ailleurs, Younous Omarjee en a été à l’initiative, puisque vous savez que vous avez ici un statut de pays d’Outre-mer. Donc il y avait des fonds européens qui, jusqu’alors, étaient réservés à ceux qui avaient d’autres statuts pour les autres territoires d’Outre-mer insulaires, et c’est Younous Omarjee qui a réussi à élargir ses financements. Notamment ici, si on parle de la Polynésie, sur la question de l’assainissement sur lequel il y a des fonds européens, et sur d’autres sujets importants pour la vie quotidienne des Polynésiens.
Et c’est Younous Omarjee aussi qui travaille à un forum mondial des îles, justement pour que l’insularité soit beaucoup plus prise en compte. Et je crois qu’on doit là aussi apprendre de la manière dont on peut construire des autonomies alimentaires, énergétiques, qui seront favorables, et qui montreront des exemples à l’ensemble des pays du monde. »

Concrètement, qu’est-ce que votre parti, la France Insoumise, propose comme mesure pour la Polynésie ?
« Alors, à la fois, Younous Omarjee a élargi les financements pour aider, que ça soit, on l’a vu, aux ports de pêche, pour aider à développer, d’autant que la Polynésie a une manière de faire de la pêche non industrielle qui respecte les fonds marins et les écosystèmes, qui est très intéressante.
On l’a vu aussi sur les questions d’assainissement, c’est ce qui a permis de développer, un système qui est inédit, qui vient de la Polynésie, qui est ce système de climatisation en utilisant la fraîcheur des eaux marines.

Donc nous, ce que nous demandons, c’est à la fois qu’il y ait une justice sociale beaucoup plus affirmée, c’est dans notre programme, que tout le monde peut d’ailleurs consulter en ligne, qui compte 54 pages et de nombreuses mesures. Et puis de faire en sorte d’aider à l’autonomie alimentaire énergétique des territoires, pour que tout le monde puisse vivre dignement, sans dépendance, qui mette la vie des uns et des autres en jeu. »

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