Mereana Reid-Arbelot : « Je ne pense pas que ce soit un vote sanction »

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C'est la seule candidate du Tavini Huiraatira à être arrivée en tête du premier tour des élections législatives. Mereana Reid-Arbelot était l'invitée du journal le 30 juin et le 1er juillet :

Publié le 01/07/2024 à 10:48 - Mise à jour le 02/07/2024 à 10:46

C'est la seule candidate du Tavini Huiraatira à être arrivée en tête du premier tour des élections législatives. Mereana Reid-Arbelot était l'invitée du journal le 30 juin et le 1er juillet :

Mereana Reid-Arbelot, invitée du journal le 30 juin 2024


Tahiti Nui Télévision : Pour ce premier tour, vous avez fait plus de voix que votre prédécesseur Moetai Brotherson en 2022. Comment analysez-vous ces résultats ?
Mereana Reid-Arbelot, candidate aux élections législatives dans la troisième circonscription : « Le Tavini, sur les trois circonscriptions, a fait plus de voix, près de 13 000 voix en plus. Et donc je pense tout simplement que la population est lucide. Notre message passe, passe mieux, de mieux en mieux. Nous sommes très confiants et très contents. Je souhaiterais aussi remercier tous les électeurs qui se sont déplacés et notamment ceux qui ont choisi le Tavini Huiraatira. »

Il y a une certitude, c’est que vous ne pourrez pas repartir à trois à l’Assemblée nationale. Tematai Le Gayic a perdu son siège hier. Quant à Steve Chailloux, pour l’instant, il n’est pas en tête dans sa circonscription, mais rien n’est encore joué. Pourtant, la population avait accordé sa confiance au Tavini il y a tout juste deux ans. Comment est-ce que vous prenez cela ? Est-ce que c’est une mise en garde ? Est-ce que vous comptez en tirer des leçons ?
« Il faut toujours tirer des leçons de toute façon. Donc on continue à informer la population sur les actions et le rôle du député, puisqu’on confond souvent les élections malheureusement, mais c’est aussi une spécificité locale. Nous faisons avec et nous continuons à communiquer aussi sur les actions du gouvernement. Un gouvernement qui est installé depuis un an, après des dizaines d’années d’un système déjà bien rodé. Ce n’est pas évident pour changer les mentalités, changer toute la structure et puis essayer d’en faire une politique de développement, une économie solidaire, et axer tous nos travaux sur le développement durable, la transition écologique. Tout ça, ce sont des choses qui se mettent en place de façon compliquée. On ne peut pas avoir des résultats rapidement. »

Vous parlez de tirer des leçons au niveau du gouvernement. Vous pensez que c’est plus au niveau du bilan du gouvernement que la population a fait un vote sanction, pas au niveau du bilan de vos deux années de mandature à l’Assemblée nationale ?
« Alors c’était votre question en fait. C’était par rapport au gouvernement. Donc, je répondais à cela. »

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C’est une question large et englobée...
« Oui, d’accord. Alors, pour le bilan, je ne pense pas qu’on ait à rougir de notre bilan. On a travaillé d’arrache-pied sur toutes les questions qui pouvaient concerner la population polynésienne et le fenua. On a un bilan complet sur différents domaines. Donc, je ne pense pas que ce soit le bilan. Je ne pense pas que ce soit un vote sanction puisque nous avons gagné des voix et nous allons continuer le travail. »

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On revient sur vous. Comment comptez-vous vous y prendre pour vous imposer face à Pascale Haiti-Flosse ? Ne craignez-vous pas que les 3 000 voix de Naumi Mihuraa se reportent sur votre adversaire ?
« Écoutez, le message de Naumi est très beau. Elle rend la liberté. Elle n’est pas propriétaire des voix. Et comme nous tous, nous ne sommes pas propriétaires. Les partis politiques ne sont pas propriétaires des voix. Donc les gens seront libres au deuxième tour de voter et de changer ou pas de vote. Il n’y a pas de souci avec ça. À nous de travailler sur le terrain et aussi, comme ce soir avec vous, pour leur faire comprendre un petit peu notre travail et notre motivation pour aller porter la voix des Polynésiens en métropole. »

Si vous êtes élue, vous siégerez à gauche aux côtés du Front populaire. Les résultats au niveau national sont tombés : c’est le RN qui est en première position. Êtes-vous inquiète ? Pensez-vous que ça pourrait avoir des répercussions sur la Polynésie ?
« Si le RN passe, ce sera le choix des Français qu’on devra respecter. On travaillera avec la composition de l’hémicycle à ce moment-là. Donc, peur, non, certainement pas. Mais peut-être inquiète. Notamment, je donnerai un exemple. Le RN a voté contre le moratoire sur l’exploitation des minerais sous-marins en janvier 2023. Donc, on sera attentif à tout ce qui pourrait avoir un impact négatif sur notre Pays. »

Mereana Reid-Arbelot, invitée du journal le 1er juillet 2024 :

Vous avez obtenu plus de 42% des suffrages exprimés contre un peu plus de 41% pour Pascale Haiti. Pour une première élection en tant que candidate, vous vous attendiez à obtenir autant de voix même si vous êtes soutenue par le Tavini Huiraatira ?
« Je tiens d’abord à remercier tous les électeurs et les électrices qui m’ont fait confiance. C’est toujours une joie de savoir que tant de personnes vous font confiance et que surtout le message est bien passé. J’ai rencontré une population lucide, donc je suis contente de faire ce score. Mais étonnée, je ne peux pas dire étonnée, je ne peux pas répondre à cette question. »

Pascale Haiti est quand même passée devant vous à Bora Bora, Huahine, Maupiti et Punauia. Comment comptez-vous récupérer des voix dans ces communes et ces îles ?
« Alors d’abord, rétablir la vérité sur toutes les bêtises qu’on a colportées à notre rencontre et qu’on continue de colporter. Nous ne sommes pas anti-français. Ce n’est ni Oscar, ni le Tavini, ni moi qui allons décider de l’indépendance. Nous n’avons rien signé, nous ne signerons rien avec le gouvernement azerbaïdjanais. Ce genre de bêtises qui sont colportées… Et ensuite, nous irons bien sûr à la rencontre des abstentionnistes pour leur démontrer que c’est à eux de décider qui va les représenter à l’Assemblée nationale. »

Et d’ailleurs, comment rendre ces élections législatives plus attractives ?
« En expliquant toujours, en informant, et c’est ce qu’on fait depuis des années, en expliquant à la population quel est le rôle du député. Donc, on le fait à chaque début de meeting, à chaque fois qu’on rencontre la population. »

Justement, on revient sur votre bilan en tant que députée. Les points à retenir selon vous, quels sont-ils ?
« Alors sur mon bilan, j’ai fait diverses choses. Je retiendrais notamment mes interventions sur la loi de programmation et d’orientation de la justice 2023-2027 où j’ai pu poser des amendements qui ont été adoptés pour l’adaptation de cette loi à nos réalités. J’ai aussi beaucoup travaillé sur l’adaptation au changement climatique puisque nous avons pu faire adopter une proposition de résolution pour l’adaptation des politiques publiques au changement climatique. Et bien sûr, la commission d’enquête sur le nucléaire qui était inattendue, inespérée. C’était une grande joie pour moi… et surtout une grande tristesse lorsqu’il y a eu la dissolution. »

Que va révéler cette commission que l’on ne saurait déjà ?
« Alors déjà, faire la lumière sur ce pan d’histoire de la France avec la Polynésie. Ensuite, on a beaucoup d’objectifs sur le choix des sites, sur les niveaux d’information donnés à la population, aux travailleurs civils sur site et aux appelés et aux militaires engagés. Tout ça, c’étaient des niveaux d’informations différents. Nous avons aussi la reconnaissance et une meilleure indemnisation des victimes puisque nous voulons parfaire la loi Morin si cette commission d’enquête va à son terme. Nous voulons parfaire et améliorer la loi Morin. »

Sur le plan national, vous êtes soutenue par le Front populaire. Hier soir, vous vous disiez inquiets des résultats obtenus au premier tour avec le Rassemblement National en première position. Il faudra néanmoins faire avancer les dossiers qui concernent la Polynésie, les Outre-mer. Comment se faire entendre s’il y a majorité d’extrême droite ?
« Vous savez, dans le Parlement français, il y a quand même un droit de parole et nous userons de ce droit, de ce temps de parole. Et nous porterons surtout, nous travaillerons les dossiers. Je pense que quelle que soit la majorité, quand le travail est fait, les dossiers passent. »

Dans le programme du Rassemblement national, y a-t-il des éléments sur lesquels vous pourriez tomber d’accord pour l’intérêt général ?
« Écoutez, nous sommes pour la justice sociale, l’équité, la transition écologique, en respectant le développement de façon durable. Donc si des articles de loi rejoignent nos valeurs, il n’y a pas de raison qu’on ne vote pas pour. Nous ne sommes pas là pour faire du blocage, pour faire du blocage. »

Vous êtes donc face à une alliance entre autonomistes, une réconciliation, surtout. Pourtant, il y a encore des sujets sur lesquels ils ne sont pas d’accord, comme le cumul des mandats. Selon Steve Chailloux, derrière ce sujet, la question des indemnités. On l’a précisé dans l’interview précédente, celle de Nicole Sanquer, mais l’enveloppe dont dispose un député est plus que confortable, sans compter les moyens matériels mis à disposition, les remboursements et prises en charge diverses. Pensez-vous qu’il faut plus de transparence dans la manière d’utiliser cet argent ?
« Tout est sur le site de l’Assemblée. Si la population prend le temps d’aller sur le site de l’Assemblée, il y a des fiches techniques qui expliquent comment user de ces différentes enveloppes. Je pense que c’est tout à fait transparent. Moi, je n’ai aucun problème à expliquer comment j’utilise toutes ces différentes enveloppes. »

Justement, à ce propos, que laissez-vous de cette enveloppe que vous avez touchée ?
« Le jour de la dissolution, pour être transparente avec tout le monde, j’avais 3 millions sur l’enveloppe collaborateur. C’est de l’argent que j’avais, on ne va pas dire économisé, mais que j’avais géré pour pouvoir l’utiliser pour plus de collaborateurs pendant la commission d’enquête qui dure 6 mois. Donc, j’avais mis un peu d’argent de côté pour cela. »

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