Moerani Frebault : « On ne peut pas à la fois être à Paris et à l’Assemblée de Polynésie »

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Candidat aux élections législatives dans la première circonscription pour l'alliance autonomiste Amui Tatou, Moerani Frebault était l’invité du journal de TNTV, ce samedi. Dénonçant l'"impossible" cumul des mandats entre Paris et Papeete, celui-ci entend porter les messages du Pays au sein d'une Assemblée nationale reconfigurée. Les représentants Amui Tatou ne siègeront "ni dans l'extrême gauche, ni dans l'extrême droite" , a-t-il assuré.

Publié le 23/06/2024 à 10:12 - Mise à jour le 25/06/2024 à 11:51

Candidat aux élections législatives dans la première circonscription pour l'alliance autonomiste Amui Tatou, Moerani Frebault était l’invité du journal de TNTV, ce samedi. Dénonçant l'"impossible" cumul des mandats entre Paris et Papeete, celui-ci entend porter les messages du Pays au sein d'une Assemblée nationale reconfigurée. Les représentants Amui Tatou ne siègeront "ni dans l'extrême gauche, ni dans l'extrême droite" , a-t-il assuré.

TNTV : Avez-vous le sentiment d’avoir été entendu par les électeurs de Moorea ?
Moerani Frebault,
candidat Amui Tatou aux élections législatives dans la première circonscription : « Nous avons tenu quatre réunions dans plusieurs quartiers de Moorea en une seule journée. Je ne sais pas si j’ai été entendu, mais en tout cas, moi, j’ai entendu leur message. Ce qui revient le plus souvent dans nos échanges, c’est vraiment cette histoire du lycée de Moorea. Je sais bien que ça n’a pas de lien direct avec les compétences exercées par un député, mais je ne peux pas rester insensible à la souffrance des parents et des enfants de Moorea. Ils nous ont partagé leur quotidien, et c’est assez terrible. Les enfants se lèvent à trois heures du matin pour attendre ensuite le bus, qui passe les chercher à quatre heures pour qu’à cinq heures, ils soient sur le quai et qu’ils puissent prendre le bateau pour venir au lycée. Inversement, en fin de journée, ils ne rentrent pas chez eux avant 19 heures. C’est quand même une solution qui est extrêmement triste. Une solution avait été proposée dans le cadre de la construction du nouveau lycée agricole de l’île, mais il a été déprogrammé par le gouvernement sous plusieurs prétextes, apparemment parce que l’opération était trop onéreuse. On voit bien sûr que le pays a dégagé des réserves de 40 milliards, donc je ne pense pas que l’argument tienne (…) Si je suis élu, j’irai chercher la solidarité nationale pour rencontrer le gouvernement et tenter d’obtenir des fonds pour les aider dans ce lycée qui est absolument nécessaire pour cette population » .

TNTV : L’un de vos engagements est de ne pas cumuler les mandats. C’est une pique à votre adversaire Tematai Le Gayic qui est à la fois représentant à l’Assemblée de Polynésie et député ?
M.F :
« Non, je pense que c’est seulement du bon sens et c’est le minimum de respect qu’on doit à la population. Il faut quand même rappeler qu’un mandat de député, à partir de la Polynésie, est extrêmement exigeant. Il faut être présent, il faut pouvoir siéger à l’Assemblée nationale. C’est pourquoi je m’engage, en cas de victoire, à me consacrer à ce mandat. Les seules fois où je reviendrai en Polynésie, ce sera justement pour rencontrer les électeurs, les associations, les syndicats qui ont beaucoup d’attentes, avec qui on a pu échanger également ce matin. Et bien sûr, l’ensemble des Tavana et des élus locaux de la Polynésie pour porter leur message. On ne peut pas à la fois être à Paris et être à l’Assemblée de Polynésie à Papeete. C’est impossible. Et d’ailleurs, la faiblesse du bilan des députés sortants en témoigne » .

TNTV : Vous allez fêter les 40 ans de l’autonomie. Vous avez grandi avec. Est-ce que vous comprenez vos adversaires qui n’en veulent plus ?
M.F :
« Évidemment, l’autonomie n’est pas un système parfait. Mais quand même, on peut se comparer avec les pays voisins du Pacifique qui, eux, sont indépendants. Et je pense franchement qu’on n’à pas à se plaindre du régime d’autonomie. La question n’est pas de diaboliser l’indépendance, comme on entend dire, mais c’est juste de faire prendre conscience de ce que l’autonomie nous apporte et ce qu’on aurait à perdre quand on fait un choix de société qui est différent. Et je pense que c’est important et c’est symbolique que le 29 juin, les Polynésiens envoient un signal fort et soutiennent notre liste sur les trois circonscriptions pour qu’on puisse travailler enfin pour la Polynésie et non pour une idéologie et non pour un parti politique » .

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TNTV : Votre alliance est issue de partis farouches adversaires jusqu’en 2023. Avez-vous signé un engagement pour que Amui Tatou perdure au-delà des législatives ?
M.F :
« Quand on est sur le terrain, on ressent bien cette cohésion qui est en train de se créer et de se renforcer jour après jour. Vous savez, les leaders ont signé un accord, mais les militants sur le terrain ont une entente que je n’attendais pas, en tout cas pas à ce niveau-là. Le travail de terrain se passe extrêmement bien et la population également reçoit extrêmement bien cette entente. Il faut rappeler quand même, vous parliez de divisions importantes, mais c’est la même famille à l’origine. Et cette famille autonomiste a été recomposée, s’est réunie, s’est rassemblée et je pense et j’espère en tout cas que cette alliance durera longtemps » .

TNTV : Tiendra-t-elle, même si vous perdez les élections ?
M.F :
« Je pense que l’objectif que l’on a, c’est de travailler ensemble pour notre pays, quel que soit le résultat. Et je pense que les Polynésiens vont devoir faire un choix. Le Tavini a été clair, voter pour le Tavini, c’est voter pour l’indépendance de ce pays. Si les Polynésiens font le choix clair et net de remettre des députés indépendantistes, nous verrons ensuite comment faire, mais je pense qu’il ne faudra surtout pas se désunir » .

TNTV : On ne connaît toujours pas votre positionnement à l’Assemblée nationale, si vous êtes élu. Le Tapura était proche des centristes de l’UDI, Teva Rohfritsch de Renaissance, Pascal Haiti et Nicole Sanquer se sont déjà rapprochés de Marine Le Pen. Alors, que choisirez-vous ?
M.F : « On l’a exprimé plusieurs fois, on a été très clair. Dans le cadre de cet accord, il est prévu que l’on attende la reconfiguration de l’Assemblée nationale. Personne ne peut aujourd’hui prédire le futur visage de l’Assemblée nationale. Là où on a été clair aussi, c’est qu’on ne siégera pas dans les extrêmes, ni dans l’extrême gauche, ni dans l’extrême droite. Ensuite, nous verrons avec quelle liste nous pourrons porter au mieux les messages pour la Polynésie » .

TNTV : Ne craignez-vous pas de perdre des voix si vous n’affichez pas clairement votre choix ?
M.F :
« Le choix est quand même clairement affiché, ni à l’extrême gauche, ni à l’extrême droite. Et ensuite, je pense que les Polynésiens sont tous d’accord, en tout cas ceux qui porteront leur suffrage sur notre liste, avec le fait que la réalisation de notre programme devrait rester notre objectif final » .

TNTV : La difficulté de votre circonscription est que vous vous adressez aussi à une population très urbaine qui n’a pas les mêmes attentes. Quels sont vos engagements pour les citadins ?
M.F : « Alors, ma circonscription, c’est en effet le grand écart entre les Marquises, les Tuamotu et Papeete. Mais je pense qu’au final, les demandes se rejoignent. On porte plus particulièrement pour les archipels le projet de continuité territoriale interne pour diminuer les coûts de déplacement. Et ensuite, pour le reste, pour la partie urbaine, on est plus sur la renégociation des différentes conventions et des dotations qui lient la Polynésie et l’État. La dotation globale d’autonomie, la dotation globale de fonctionnement, le 3IF, pour justement pouvoir permettre plus de financement pour développer au mieux nos grandes communes de Tahiti » .

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