Les présidents changent, le style aussi, mais quelque chose est immuable : chaque année, lors des vœux à la presse, les journalistes viennent apprendre comment faire leur métier. Moetai Brotherson a regretté, dès le début d’un discours sans notes, que les journalistes “ne fassent pas plus de recherches” et que leurs reportages ne soient pas plus approfondis. Il a aussi dénoncé leurs choix éditoriaux : “Les chamailleries entre les partis, pas sûr que ça intéresse les Polynésiens” a-t-il estimé.
Légers sourires dans l’assistance, qui sait à quel point lecteurs, auditeurs téléspectateurs sont friands de ces chamailleries. Ce qui n’empêche pas les journalistes d’écrire des articles de fond… souvent moins lus !
Moetai Brotherson préfèrerait que les rédactions de TNTV, Première, Tahiti-Infos, Radio 1 et Te Reo o Tefana, ou les agences de presse AFP et Reuters, toutes face à lui ce vendredi, se consacrent davantage aux réformes qu’il impulse : “La réforme de la PSG, la réforme des comptes sociaux, la réforme fiscale, tout ça se fera en 2025 comme on l’avait annoncé”.
– PUBLICITE –
En dépit de cette introduction piquante mais souriante, le Président a reconnu le rôle de la presse dans une démocratie. En interview un peu plus tard, il a ajouté que les journalistes étaient essentiels dans le “brouhaha médiatique” créé par les réseaux sociaux.
Moetai Brotherson a poursuivi dans un registre plus philosophique : “Ce que je vois de la marche du monde depuis quelques semaines est un peu inquiétant”, notamment “les appétits qui s’aiguisent dans notre région : je parle de la Chine et des États-Unis”.
Face à ces appétits, deux stratégies politiques : “pour certains, c’est l’indépendance, pour d’autres, c’est rester dans la France”. Tout en revendiquant son identité indépendantiste, Moetai Brotherson suggère que sa politique est celle d’une troisième voix : “écouter les Polynésiens”. Parmi eux, ses propres enfants, qui “n’arrivent pas à percevoir ce que leur apporterait l’indépendance”. Le Président souhaite entendre toute la Polynésie : celle qui se sent “oppressée par la colonisation, dans la servitude”, et celle qui n’a que faire d’une évolution statutaire et de l’éternelle lutte entre autonomistes et indépendantistes.
Il espère toutefois qu’en 2025, l’Etat “engagera enfin le dialogue, sous l’égide des Nations-Unies” sur le processus d’autodétermination.