Moetai Brotherson : « J’ai toujours été un fervent partisan de la concurrence, pourvu qu’elle soit saine et équilibrée »

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Le président du Pays était l'invité de nos journaux dimanche. Autonomie alimentaire, ONU, Gaz, Google... Moetai Brotherson a réagi à l'actualité récente. Il estime que l'arrivée de Mana Gaz est une bonne chose à la fois pour la population et pour les entreprises.

Publié le 21/10/2024 à 11:00 - Mise à jour le 21/10/2024 à 12:21

Le président du Pays était l'invité de nos journaux dimanche. Autonomie alimentaire, ONU, Gaz, Google... Moetai Brotherson a réagi à l'actualité récente. Il estime que l'arrivée de Mana Gaz est une bonne chose à la fois pour la population et pour les entreprises.

Tahiti Nui Télévision : Pour démarrer ce tour d’horizon de l’actualité, je vous propose de revenir sur la question de l’autonomie alimentaire. Nous venons de le voir, votre gouvernement mise sur le soutien aux porteurs de projets locaux et la promotion de l’agriculture bio. Vous voyez des changements dans le comportement des Polynésiens ?
Moetai Brotherson, président de la Polynésie française : « Je pense que ces changements viendront avec l’évolution des tarifs. Aujourd’hui, consommer bio, c’est un peu plus cher que finalement ne consommer pas bio. Il faut qu’on étende le nombre d’agriculteurs bio, le nombre de surfaces cultivées en bio, pour que par économie d’échelle, ces tarifs, finalement, viennent à baisser. Et il faut ensuite insister continuellement auprès de notre population pour dire que le tarif supplémentaire qu’on paye pour des produits bio, finalement, ce sont des dépenses en moins du côté de la santé, parce que ce sont des produits qui sont bons pour la santé, qui ne contiennent pas de pesticides, donc ils sont meilleurs pour nous. Donc c’est vraiment une priorité du gouvernement. Je crois que la DAG, en coopération avec la Chambre d’agriculture et Pêche Lagonaire, on a vraiment cette passion partagée pour le bio, et cet objectif commun qui est d’augmenter progressivement les surfaces bio. »

TNTV : En ce qui concerne les porteurs de projets locaux, est-ce que vous en avez en ce moment ?
Moetai Brotherson : « Oui, il y en a énormément qui veulent se convertir au bio. Alors, on se pose trois questions. La première, c’est celle du foncier, il faut avoir un foncier, ou alors pouvoir disposer d’un foncier qu’on peut convertir, mais ça prend du temps en bio. Ensuite, il y a la formation, la formation initiale, la formation continue. Les associations sont très actives, mais il faut aussi qu’on intègre ça dans les cursus de formation à l’agriculture. Et puis il y a la question de la certification. On a aujourd’hui deux organismes principaux qui s’occupent de certification bio. On les remercie d’ailleurs de leur action, ce sont des passionnés. »

TNTV : Concernant la taxation des produits sucrés, vous avez eu un soutien indirect du Sipof, qui représente les entreprises ciblées. Là aussi, vous avez l’impression d’un changement de mentalité ?
Moetai Brotherson :
« Je pense que tout le monde réalise ce que coûte à la société polynésienne, les maladies qui sont induites par une surconsommation de sucre, que ce soit dans les sodas, que ce soit dans d’autres produits, ça se compte en dizaines de milliards. Et finalement, qui paye cette addition ? C’est bien le Polynésien. C’est nous tous au travers des taxes qui viennent ensuite soutenir les budgets de la CPS. Je pense que cette taxe est nécessaire. Elle nous permettra de réorienter les habitudes de consommation. Les industriels vont s’adapter derrière, ils peuvent faire d’autres produits, ou alors abaisser les taux de sucre dans les produits existants. Ça, c’est à leur main, mais il faut le faire.« 

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TNTV : La lutte contre la vie chère a été une de vos priorités. La société Mana gaz ambitionne de faire baisser les prix pour les particuliers et les professionnels. Il serait question pour le groupe Moux de s’attaquer également à la production d’électricité. Comment voyez-vous ces initiatives ?
Moetai Brotherson : « J’ai toujours été un fervent partisan de la concurrence, pourvu qu’elle soit saine et équilibrée, qu’elle ne soit pas de la concurrence sauvage et débridée. Aujourd’hui, on a deux acteurs dans le gaz, là où on n’en avait qu’un. Je pense que c’est à la fois un bien pour la population, mais même pour ces sociétés, parce que ça permet de se remettre en question et de créer de l’émulation, puisque chacun va chercher les meilleurs produits, le meilleur service. C’est une façon aussi de se remettre en question. Pour ce qui est du gaz, félicitations au nouvel entrant et fa’aito’ito à l’acteur historique, qui reste tout de même le seul sur toutes les îles en dehors de Tahiti puisque Mana gaz aujourd’hui n’intervient que sur Tahiti et Moorea, je crois. Il y a une compétition qui se met en place.
Sur l’électricité, il y a la fin de la concession des TNJ en 2030. C’est un dossier sur lequel notre ministre en charge de l’énergie, Warren Dexter, travaille en ce moment avec ses services, mais aussi avec les acteurs du domaine. Il faut se poser les bonnes questions dans le bon ordre.
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TNTV : Autre changement en cours de réflexion, le transfert du traitement des déchets ménagers. La confiance des Tavana, c’était un de vos défis pour votre début de mandature. Ce type d’initiative va dans le sens de travail en commun ?
Moetai Brotherson : « Je pense que les Tavana l’ont bien compris, puisque l’immense majorité des 48 Tavana se sont engagés dans cette étude commune qu’on mène avec eux, qu’on mène avec le SPCPF, pour voir dans quelles mesures on peut pratiquement rétrocéder cette compétence du traitement des déchets qui est aujourd’hui exercée par les communes au gouvernement.
C’est d’ailleurs une des recommandations du rapport du Sénat qui a été rendu, il n’y a pas longtemps. »

TNTV : Au volet politique, la mission à l’ONU a été un échec selon les cadres du parti. Est-ce que celle programmée à Genève sera plus efficace ? Je crois que la mission se déplace cette semaine, on verra ce qu’il en ressort.
Moetai Brotherson : « La mission à la quatrième commission, c’est vrai, n’a pas donné tous les fruits qu’on aurait espéré, notamment la tenue d’une réunion tripartite avec l’ONU, la Polynésie et la France. Mais j’ai bon espoir, puisque j’ai eu l’occasion après New York de revenir sur Paris pour des rendez-vous avec les différents ministères. Le dialogue a été entamé avec le ministre des Affaires étrangères. On est en train d’essayer de travailler pour la mise en place de cette réunion lors de la réunion du comité des 24 qui se tient en juin avant la réunion de la quatrième commission en octobre. »

TNTV : Vous avez rencontré le ministre des Outre-mer lors de votre mission à Paris. Quels ont été ses engagements pour la Polynésie ?
Moetai Brotherson :
« En général, les ministres qui viennent d’arriver font très peu d’engagement.
En revanche, il nous a précisé que, selon lui, la baisse qui était envisagée de 35 % des crédits sur ces lignes de crédit pour les Outre-mer n’était pas viable. Il allait donc se battre pour que cette coupe de 35 % ne se fasse pas. Alors, il y aura forcément une baisse, mais pourvu qu’elle soit limitée.
Nous concernant, la majorité des sommes qui nous sont dévolues le sont en dehors des crédits du ministère des Outre-mer. Donc, il ne faut pas s’inquiéter outre mesure, il faut rester vigilant. Nos parlementaires sont sur le pont et veillent au grain.« 

TNTV : Une dernière question concernant le projet de partenariat avec Google. Où en est-il actuellement ?
Moetai Brotherson : « Il avance très très bien. Nous avons d’ailleurs, lors du dernier comité de protection civile, mis en avant ce partenariat puisque l’une des manifestations concrètes de ce partenariat, c’est pour la protection civile, la possibilité de géolocaliser les appels des gens qui sont en difficulté. Ce qui est une grande avancée. Je crois qu’on sera certainement la première collectivité Outre-mer à mettre ça en place. »

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