Nicole Sanquer : « Après 9 mois, on ne voit toujours pas le cap de ce gouvernement »

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Commission d'enquête sur la Covid, bilan du gouvernement... l'élue non inscrite à l'assemblée et présidente du parti A here ia Porinetia Nicole Sanquer était l'invitée de nos journaux vendredi. Son interview complète.

Publié le 06/01/2024 à 12:21 - Mise à jour le 06/01/2024 à 12:32

Commission d'enquête sur la Covid, bilan du gouvernement... l'élue non inscrite à l'assemblée et présidente du parti A here ia Porinetia Nicole Sanquer était l'invitée de nos journaux vendredi. Son interview complète.

TNTV : Vous avez fait partie de la commission d’enquête sur la gestion de la crise Covid dont l’objet était de faire un retour d’expérience. Quelles sont les principales préconisations ?
Nicole Sanquer, présidente du parti A Here ia Porinetia : « C’est vrai que ça a été un long travail et je tiens aujourd’hui à remercier toutes les personnes qui ont contribué : les membres de la commission, mais aussi toutes les personnes qui sont venues témoigner devant la commission. Donc aujourd’hui, la commission a rendu 50 préconisations. Évidemment, des préconisations qu’on souhaite partager avec le gouvernement pour mieux préparer une éventuelle crise comme la covid que la Polynésie a connu. Je vais laisser la primeur à la présidente de la commission, Pauline Niva d’exposer ses 50 recommandations, mais je vais retenir deux propos, notamment deux recommandations qui, à mon sens, peuvent aider aujourd’hui c’est-à-dire : mieux préparer la population avec les gestes barrières, continuer la promotion des gestes barrières, mais aussi et surtout mieux préparer nos établissements de santé en cas de crise comme celle-là. La deuxième chose que je retiendrai, évidemment, c’est clarifier les compétences qui existent entre le Pays et l’État, parce qu’on a retenu aussi de toutes les auditions, que les instructions venaient surtout de Paris. Et parfois des décisions étaient incomprises et même inadaptées à notre situation et c’est pour ça qu’on demande une clarification au niveau du statut de la gestion de crise. »

TNTV : Revenons sur l’année 2023 qui vient de s’achever. Une année politique marquée par l’arrivée du Tavini Huira’atira au pouvoir avec une forte majorité à l’assemblée. Quel est le sentiment aujourd’hui sur la conduite des affaires par le nouveau gouvernement et sa nouvelle majorité ?
Nicole Sanquer :
« je pense que la population a été claire : elle a voulu du changement. Mais aujourd’hui, avec du recul, nous, dans la gestion du Pays, on se rend compte qu’il n’y a pas réellement de changement. Après le vote du budget, on est toujours sur les mêmes idées générales. Et surtout, il y a des choses très urgentes qui n’ont pas été réglées et notamment la lutte contre la vie chère parce que c’est la préoccupation quotidienne de nos familles aujourd’hui et d’ailleurs, c’est pour ça que nous n’avons pas voté pour ce budget. Et surtout, je pense notamment aux entreprises qui ont besoin d’être soutenues aujourd’hui et c’est vrai que la dernière loi fiscale a fait qu’il n’y a pas eu de consultation avec les entreprises, il y a même eu une levée de boucliers sur cette loi fiscale. Donc, on avait aussi des problèmes d’entente entre la majorité et le gouvernement. Ils n’étaient pas sur la même longueur d’onde. Après 9 mois, on ne voit toujours pas très bien le cap de ce nouveau gouvernement. Le temps d’installation est beaucoup trop long alors qu’il y a des urgences à régler pour 2024. Et c’est ce que nous allons attendre évidemment : les grandes réformes de 2024. »

TNTV : Redoutez-vous pour les mois à venir, un ralentissement de la croissance économique ?
Nicole Sanquer : « Je pense que les chiffres sont déjà là. On voit un bilan mitigé sur ces dernières années et notamment avec les périodes de fêtes. On a entendu le monde de l’entreprise s’inquiéter de ce ralentissement et nous pensons que c’est un ralentissement qui va se poursuivre parce que si on regarde déjà dans le secteur de la construction, on voit bien que les grands projets publics se terminent cette année. Il n’y a pas eu de grandes annonces du gouvernement sur les grands projets à venir, notamment dans le tourisme. Pas de projet d’hôtel alors qu’on sait très bien que c’est là où nous péchons. Nous n’avons pas assez d’unités d’hébergement. Nous voyons que notre compagnie aérienne a des problèmes financiers. La réforme de la PSG, le travail va commencer, mais c’est une urgence aujourd’hui de venir combler cette suppression de la TVA sociale. Et on voit que pour lutter contre la vie chère, on voit qu’au niveau de A Here ia Porinetia, on a défendu deux choses : la réduction des dépenses publiques, et surtout la baisse des taxes et des impôts. »

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TNTV : Concernant la suppression de la TVA sociale, elle n’a pas fait baisser les prix et fragilise les comptes de la CPS. Faut-il selon vous une profonde réforme de la Protection sociale généralisée ?
Nicole Sanquer : « Il faut non seulement une profonde réforme de la PSG, mais il faut aussi une profonde réforme de la fiscalité pour pouvoir faire baisser le coût de la vie. Au niveau de la PSG, le ministre nous rassure en disant qu’il va commencer les discussions, mais nous, nous pensons que pour pouvoir soutenir la PSG, il faut une véritable politique de responsabilisation des Polynésiens au niveau de la santé. On voit qu’on a des pathologies spécifiques ici qui nous coûtent énormément cher. Il faut un programme de prévention aussi pour pouvoir baisser le coût de la maladie ici dans notre Pays. »

TNTV : Revenons sur l’activité des élus au sein de l’assemblée. Vous avez décidé d’engager une procédure au sein du Conseil d’État pour non-respect du règlement intérieur et de l’institution à l’occasion de l’examen de la réforme fiscale. Qu’en est-il ?
Nicole Sanquer : « Il est vrai que le 29 décembre, nous sommes 6 élus : 3 de A Here ia Porinetia et 3 du Tapura Huira’atira a avoir signé une requête devant le Conseil d’État pour contester la loi fiscale que nous avons votée, sur la forme, au niveau d’un vice de procédure puisque les amendements de Nuihau Laurey qui ont été adoptés dans la commission du 21 novembre ont totalement disparu. Dans le texte que nous avons étudié en séance, il n’y avait plus les articles amendés, donc nous n’avons pas étudié le bon texte. Et nous avons aussi attaqué sur le fond, sur des nouveaux impôts qui pour nous entrainent une iniquité. Aujourd’hui, nous savons que l’assemblée a reçu la requête, le gouvernement aussi, le ministère de l’Intérieur. Donc c’est en instruction et je pense que nous allons nous revoir. »

TNTV : Et pour sa part, Edouard Fritch a saisi la procureure de la République le 22 décembre dernier en visant deux personnalités du Tavini. Selon Tahiti infos, le président du Tapura considère que les propos des élus Mitema Tapati et Ronny Teriipaia sont assimilables à un délit de provocation de discrimination raciale. Qu’en pensez-vous ?
Nicole Sanquer :
« C’est vrai que nous ne soutenons pas la plainte, mais par contre, nous condamnons évidemment les propos qui ont été dits par ces deux personnalités-là. Mais vous savez, de la part du Tavini, rien ne nous étonne. Nous savons que le message du Tavini par rapport à leur positionnement face à l’État a toujours été borderline et limite raciste, alors qu’aujourd’hui ce débat n’a plus lieu d’être puisque si nous regardons la société polynésienne, elle est métissée aujourd’hui. Il y a des blancs, des noirs, des chinois, il y a des demis. Et c’est ce qui fait la richesse de notre société aujourd’hui. Je pense qu’il faut respecter la population qui vit et je pense qu’il faut qu’un climat de paix revienne. »

TNTV : En 2024, quels seront les sujets sur lesquels vous allez mettre l’accent ?
Nicole Sanquer : « Nous restons sur le programme que nous avons proposé à la population lors des élections. Donc priorité absolue : faire baisser le coût de la vie parce que ça touche toutes les familles polynésiennes aujourd’hui. La réforme de la PSG sinon on aura un gros problème au niveau de la CPS et ça touchera tout le monde. Et aussi un soutien à nos entreprises. parce que c’est par cette création d’activité qu’on aura des créations d’emplois. »

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