Nicole Sanquer : « Les vraies urgences ne restent qu’au niveau de la parole »

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La députée de Polynésie et représentante non-inscrite à l’Assemblée, Nicole Sanquer, était l’invitée du journal de TNTV, ce jeudi soir, pour parler de politique locale, mais aussi nationale. L’élue dit regretter, qu’à « mi-mandat », les « promesses » du gouvernement ne se sont pas traduites par des « textes », de « grandes réformes ». Au plan national, elle considère que projet de loi de finances de l’équipe Barnier est « irréaliste et surtout difficile à mettre en œuvre ». Interview.

Publié le 15/11/2024 à 12:28 - Mise à jour le 15/11/2024 à 12:29

La députée de Polynésie et représentante non-inscrite à l’Assemblée, Nicole Sanquer, était l’invitée du journal de TNTV, ce jeudi soir, pour parler de politique locale, mais aussi nationale. L’élue dit regretter, qu’à « mi-mandat », les « promesses » du gouvernement ne se sont pas traduites par des « textes », de « grandes réformes ». Au plan national, elle considère que projet de loi de finances de l’équipe Barnier est « irréaliste et surtout difficile à mettre en œuvre ». Interview.

TNTV : on l’a vu dans le reportage précédent, chez les non-inscrits, vous êtes inquiets au sujet du contrôle des dépenses budgétaires. Plus largement, vous critiquez l’Europe, l’orientation budgétaire du gouvernement pour l’année à venir. Qu’est-ce qui vous pose un problème et qu’auriez-vous aimé voir ?

Nicole Sanquer : « Aujourd’hui, on fait le constat qu’il n’y aura pas de grosses réformes, qu’il n’y aura pas de changements. Nous sommes presque à mi-mandat et finalement, les promesses, les engagements, on ne les voit pas se traduire en textes, en grandes réformes. Par contre, nous voyons ces dépenses qui augmentent, cette masse salariale qui augmente. Et finalement, les vraies urgences, comme la réforme de la PSG, le coût de la vie, tous ces sujets-là ne restent qu’au niveau de la parole. On va dire que les orientations du Tavini Huiraatia, ce sont trois mots : Fa’atura, Fa’aora et Fa’atupu.  Mais derrière, le plan d’actions, il n’y rien.  Aujourd’hui, par exemple, statutairement, le budget doit être transmis à l’Assemblée, demain dernier délai. À l’heure où je vous parle, il n’y a toujours aucune transmission du budget ».

TNTV : On s’intéresse maintenant à votre actualité de parlementaire au niveau national. Vous avez voté contre la partie recette du budget 2025. Cela peut paraître étonnant quand on sait que cela fait tomber certains amendements, notamment celui qui exonérait les Outre-mer de la taxe de solidarité sur l’aérien. Pourquoi ce choix ?

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Nicole Sanquer : « C’est vrai que c’est une décision que j’ai prise parce qu’il y a quand même une situation inédite à l’Assemblée nationale, c’est qu’il n’y a pas de majorité absolue. Le projet de loi de finances que le gouvernement Barnier nous avait transmis ne ressemblait plus du tout au budget initial. Il y a eu tellement d’amendements de tous les groupes, qu’en fin de compte, on se retrouve avec un projet de loi de finances qui est irréaliste et surtout difficile à mettre en œuvre. Donc, nous avons préféré rejeter le budget. Et puis, la deuxième partie concerne vraiment la Polynésie française. Le gouvernement local avait transmis à la députée Mereana Reid Arbelot, des amendements pour introduire dans le budget la convention État-Pays-Santé… »

TNTV : Dans ce projet de loi de finances 2025, la coupe budgétaire pour les Outre-mer est d’environ 30%. Étant donné que vous avez choisi de faire tomber la partie recette du budget, vous ne pourrez pas poser d’amendement sur la partie dépenses. Cela veut dire qu’en tant que députée, vous ne pouvez plus rien faire pour tenter d’améliorer ce budget ?

Nicole Sanquer : « Nous avons pris les devants puisque cette situation était prévisible. Vous parliez tout à l’heure de l’amendement que mon groupe a réussi à faire passer pour supprimer la taxe sur les billets d’avion. C’est vrai qu’aujourd’hui, il faut reprendre les discussions. Donc, nous avons rencontré M. Marseille, le président du groupe centriste au Sénat. Il est prêt à défendre nos amendements. Et nous avons eu une réunion de travail avec Lana Tetuanui pour qu’elle porte les demandes de la Polynésie française ».

TNTV : Autre actualité au niveau national : vous avez été nommé rapporteur il y a quelques jours d’une mission d’information de trois mois sur le fonds de la vie associative. En quoi va-t-elle consister exactement et dans quelles mesures nous concernera-t-elle au Fenua?

Nicole Sanquer : « Le fonds de la vie associative est très utile à nos associations polynésiennes.  Nous allons faire un point d’étape et faire des recommandations pour améliorer ce dispositif. Mais je voudrais quand même revenir sur la deuxième raison pour laquelle j’ai rejeté ce projet de loi. Toutes les demandes de la Polynésie française que portait Mereana Reid Arbelot ont été rejetées. Donc, la Convention État-Pays-Santé, la réévaluation de la dette nucléaire, tout ça a été rejeté. Je ne comprends pas comment on peut soutenir un projet où les demandes de la Polynésie française ne sont pas prises en compte ».

TNTV : La convention État-Pays-Santé n’est pas inscrite dans le budget outre-mer et pourtant, elle est déterminante pour l’équilibre de nos comptes sociaux. Comment pouvons-nous faire ?

Nicole Sanquer : « Nous sommes étonnés de ne pas avoir justement ces dotations inscrites dans la loi de finances parce que nous avons quand même eu des déclarations à l’Assemblée de la Polynésie française de la part du ministre Mercadal, et de la part du président suite à leur mission à Paris, comme quoi le gouvernement était favorable. Mais il n’y aucune trace écrite dans la loi de finances. Ils ont essayé d’agir par amendement. Tout a été rejeté. Donc, la Polynésie française n’a pas vraiment de raison de soutenir ce projet. Mais nous sommes assez confiants parce que les débats sont beaucoup plus sereins au niveau du Sénat et nous comptons sur nos sénateurs pour continuer notre travail ».

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