Nicole Sanquer : « On sait que ce deuxième tour est un vrai combat, un vrai défi »

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Elle est la candidate à avoir fait le meilleur score dans la deuxième circonscription au premier tour des législatives anticipées. Nicole Sanquer était l'invitée du journal les 30 juin et 1er juillet :

Publié le 01/07/2024 à 11:08 - Mise à jour le 02/07/2024 à 10:46

Elle est la candidate à avoir fait le meilleur score dans la deuxième circonscription au premier tour des législatives anticipées. Nicole Sanquer était l'invitée du journal les 30 juin et 1er juillet :

Nicole Sanquer, invitée du journal le 30 juin 2024


Tahiti Nui Télévision : Quel regard portez-vous sur les résultats du premier tour ? Pensez-vous que l’alliance Amui Tatou a porté ses fruits ?
Nicole Sanquer, candidate aux élections législatives dans la deuxième circonscription : « Alors avant tout, je voudrais remercier tous ceux qui sont venus voter déjà et surtout, ceux qui ont choisi de soutenir la liste Amui Tatou. En effet, on peut voir qu’aujourd’hui un candidat d’Amui Tatou a réussi, a été élu (Moerani Frebault, Ndlr) et que nous restons en liste Pascale (Pascale Haiti-Flosse, Ndrl) et moi. On va dire que ce sont des résultats satisfaisants, mais on se rend bien compte aussi que pour le deuxième tour, il ne faudra rien lâcher. »

Justement Nicole Sanquer, on revient en plus en détail sur vos résultats. Vous êtes arrivée en tête, vous avez devancé Steve Chailloux avec un peu plus de 1 800 voix. Steve Chailloux qui a affirmé hier, je cite, qu’on refait le match de 2022. Craignez-vous que l’histoire se répète et que le Tavini revienne en force au second tour dans la deuxième circonscription ?
« Alors c’est vrai que par le passé, on a toujours vu le Tavini revenir en force sur le second tour. Mais en tous les cas, concernant ce premier tour, on voit que le Tavini reste quand même un parti fort surtout sur la circonscription 2. Si on analyse les chiffres de 2022, il prend quand même 4 000 voix et nous la liste Amui Tatou… « 

C’est moins que ce que vous espériez avoir.
« Oui, c’est moins que ce qu’on a pu escompter. En tous les cas, nous, nous prenons acte de ces résultats du premier tour et surtout, ça nous donne une cartographie des zones, des communes où il faut qu’on accentue le travail sur le terrain. On reste quand même très vigilant, on sait que ce deuxième tour est un vrai combat, un vrai défi, et les équipes restent très motivées. »

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Tati Salmon a reconnu la préférence des Verts pour le Tavini plutôt que pour les autonomistes. Est-ce que le report de voix de Heiura les Verts vous inquiète ? C’est un peu plus de 1 000 voix.
« Non, nous avons bien entendu ces propositions des partis qui ne sont pas qualifiés. Mais nous espérons que les électeurs choisiront par eux-mêmes les candidats qui restent en cours, c’est-à-dire moi-même et Steve Chailloux. »

Malgré la campagne express, les législatives ont plutôt bien mobilisé la population cette année. Mais comme d’habitude, comme en 2022 dans votre circonscription, le taux d’abstention est particulièrement élevé. Comment faire pour contrer cela ? Allez-vous miser sur ça, sur aller chercher les abstentionnistes ?
« Ça fait partie de la stratégie, mais on sait que sur la circonscription 2, c’est toujours assez compliqué de motiver. On voit très bien, le taux de participation est toujours assez faible pour plusieurs raisons, soit une démotivation, soit un problème de transport. Mais en tous les cas, nous allons dès demain identifier ceux qui ne sont pas venus voter, aller à leur rencontre, leur expliquer cet enjeu des élections. Parce qu’on voit clairement, il y a un discours indépendantiste. Nous nous prônons l’autonomie, notre attachement à la France. Et c’est tout l’enjeu de ces élections. En tous les cas, pour ce second tour, on fera beaucoup de rencontres sur le terrain. On va multiplier les équipes. On a un apport de la circo 1 aussi, pour aller vers la population et expliquer réellement l’enjeu de cette élection. »

Nicole Sanquer, invitée du journal le 1er juillet 2024 :

Vous avez recueilli 49% des suffrages exprimés samedi contre un peu plus de 17% en 2022. Ces résultats vous confortent-ils dans l’idée que l’union des autonomistes était la bonne voie à suivre ?
« Avant tout, je voudrais remercier tous les électeurs qui se sont déplacés lors de ce premier tour et remercier ceux qui ont porté leur confiance sur la liste Amui Tatou. Il est clair qu’avec un temps très restreint de campagne, l’union des équipes sur le terrain nous permet de mieux faire passer le message et puis, de rencontrer, évidemment, beaucoup plus de personnes. »

Et au sein même du A Here ia Porinetia, cette alliance, met-elle tout le monde d’accord ou y a-t-il encore des crispations ?
« En tous les cas, la décision du conseil politique a été claire de vouloir participer à ce rassemblement pour ces élections législatives. Et moi, en fin de compte, en tant que présidente, je ne fais que mettre en œuvre la décision du conseil politique. »

Si vous êtes élue samedi, est-ce que vous allez tout faire pour maintenir cette union?
« Pour le moment, nous sommes concentrés sur cette élection législative et nous savons que les élections municipales, c’est la prochaine échéance électorale. Nous voyons une certaine cohésion des équipes dans certaines communes. Donc, pourquoi pas faire des listes communes pour les élections municipales ? Mais ça, ça viendra après. Il faudra beaucoup discuter, se mettre d’accord. Mais surtout, ce qui nous intéresse, ce sont les résultats de samedi. »

Dans la deuxième circonscription, vous êtes arrivée en tête dans toutes les communes, sauf à Raivavae, Rimatara et Taiarapu Est. Rimatara, dont le maire Artigas Hatitio est votre suppléant. Selon vous, qu’est-ce qui explique cette contre-performance ?
« En fait, mon suppléant, tavana Artigas, a voulu m’accompagner lors de cette première campagne et donc a préféré utiliser les moyens médiatiques pour faire sa campagne. Il a eu un jour de campagne sur son île, mais il compte bien rattraper son retard. »

Et vous, comptez-vous intensifier votre communication, votre campagne dans les îles ?
« En effet, nous allons utiliser évidemment les moyens de communication. Nous avons préparé des spots pour les réseaux sociaux et puis nous profiterons aussi de faire passer les messages lors des différents débats, que ce soit en radio ou en télé, pour toucher un maximum de personnes. »

Cet après-midi, par voie de communiqué, le parti Te Nati – Rassemblement National a donné consigne de vote soutien aux candidats autonomistes, à condition qu’on « arrête d’insulter les électeurs du Rassemblement National ». Le communiqué vous vise vous directement et Moerani Frebault. Vous l’avez eu au téléphone, Eric Minardi ?
« Je n’ai jamais eu de contact avec monsieur Minardi, je le répète encore une fois. Je sais que Te Nati a annoncé qu’il était un parti autonomiste. Donc, pour ce deuxième tour, il y a un candidat autonomiste, un candidat indépendantiste. Il assumera ses choix. »

Vous briguez donc aujourd’hui un nouveau mandat de députés. Lors de la préparation de cette interview, nous avons demandé à Tati Salmon, arrivé troisième dans votre circonscription, une question. La voici : ‘Comment les partis, les députés, vont-ils intégrer la transition écologique dans leur plan d’action ?
« Nous, au niveau des autonomistes, nous avons mis en place localement un plan de transition énergétique. C’est une priorité, surtout pour nos îles, pour nos maires, pour nos communes. Donc, évidemment, nous regarderons tous les textes votés à l’Assemblée nationale et évaluerons les bienfaits en Polynésie française. »

Il y a eu 42 412 abstentionnistes dans la deuxième circonscription, soit un peu plus de 61% des inscrits. Comment allez-vous les inciter à voter et surtout à voter pour vous ?
« Alors, en fait, nous les avons identifiés aujourd’hui et c’est vrai qu’un gros travail de terrain est en train d’être mis en place. Ça a déjà commencé aujourd’hui pour les rencontrer, leur expliquer les enjeux de cette élection et pourquoi nous choisir.
Nous nous sommes attachés à rester une collectivité autonome, rattachée à la France. C’est toute la différence que nous avons avec nos opposants et surtout rappeler les 40 ans d’autonomie, ce qui a donné la Polynésie française aujourd’hui. »

Il y a un sujet récurrent de cette campagne, le cumul des mandats. Vous rejoignez votre adversaire, Steve Chailloux, sur la pertinence du cumul de mandats local et national. Ce dernier a indiqué sur notre plateau que c’était surtout l’aspect financier de cette question qui interpelle. Je vais donc rappeler ces quelques chiffres. À l’arrondi, environ 915 000 Fcfp, c’est le montant brut de l’indemnité parlementaire soit 717 000 Fcfp net. Si vous cumulez, comme dans votre cas, si vous êtes élue ou celui de Steve Chailloux, un mandat local, celui-ci est limité à 355 000 Fcfp. À cela s’ajoutent 1 331 000 Fcfp de crédit pour rémunérer vos collaborateurs, mais également une avance de frais de mandat de 712 000 Fcfp mensuels convertis. Vous avez d’autres moyens matériels mis à votre disposition, mais aussi plusieurs allers-retours entre Paris pris en charge. C’est une sacrée enveloppe. Si on s’en tient aux chiffres officiels, un député qui est également représentant à l’Assemblée de Polynésie perçoit plus d’1 million de francs par mois. Avec un tel salaire, n’est-on pas déconnecté de la réalité du terrain ?
« Alors, je voudrais juste rappeler que j’ai été de 2017 à 2022 une députée qui siégeait aussi à l’Assemblée de la Polynésie française. L’intérêt pour une députée, c’est d’avoir cette continuité du travail législatif entre l’Assemblée de Polynésie française et l’Assemblée nationale. Donc là, on est en train de faire croire qu’il y a de très grosses enveloppes. Mais concernant les salaires, nous n’avons pas le droit de cumuler deux salaires. Nous avons ce qu’on appelle l’écrètement, c’est-à-dire une fois et demi. Et tout ce que vous avez cité sert en fait à rémunérer des collaborateurs pour nous accompagner dans ce mandat. »

Effectivement, les 1 331 000 Fcfp servent à rémunérer les collaborateurs…
« Ça ne vient pas dans la poche du député. Il faut être très clair. Et vous savez, à l’Assemblée de la Polynésie française, les autres, ceux qui sont maires en même temps à l’Assemblée de la Polynésie française, ils n’ont pas d’écrètement. Ils cumulent toutes les indemnités. Des exemples, il y en a beaucoup. Alors qu’un parlementaire a cette obligation de ne pas pouvoir toucher deux indemnités. »

L’écrètement, c’est 355 000 Fcfp, la limite.
« Exactement. Et on n’atteint pas en brut les 1 million. Et par contre, nous cotisons à la CST et je peux vous dire que ça tourne autour de 500 000 Fcfp pour tous les six mois. »

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