Nouvelle-Calédonie : toujours pas de président, faute d’entente

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Près d'une semaine après l'élection d'un nouveau gouvernement en Nouvelle-Calédonie, dans lequel les indépendantistes sont majoritaires, l'institution est bloquée car les deux courants du FLNKS, à la philosophie très différente, se déchirent pour en obtenir la présidence.

Publié le 23/02/2021 à 14:52 - Mise à jour le 23/02/2021 à 14:52

Près d'une semaine après l'élection d'un nouveau gouvernement en Nouvelle-Calédonie, dans lequel les indépendantistes sont majoritaires, l'institution est bloquée car les deux courants du FLNKS, à la philosophie très différente, se déchirent pour en obtenir la présidence.

C’est la première fois depuis le début de l’accord de Nouméa (1998), qui organise la décolonisation progressive de l’archipel, que les indépendantistes ont le contrôle de l’exécutif où, depuis le 17 février, ils disposent de six « ministres » sur 11. 

L’enjeu est de taille pour le FLNKS (Front de libération national kanak socialiste) car le troisième et ultime référendum sur l’indépendance, qui refermera l’accord de Nouméa, devrait se tenir d’ici septembre 2022. Les deux premiers, les 4 novembre 2018 et 4 octobre 2020, ont été remportés par les partisans du maintien dans la République avec 56,7% des suffrages puis seulement 53,3%.

L’explosif dossier de la reprise de l’usine métallurgique du groupe Brésilien Vale est à l’origine de la chute du gouvernement le 2 février, provoquée par la démission en bloc des cinq « ministres » indépendantistes.

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Un candidat qui « rassure »

À la faveur d’une alliance avec l’Eveil océanien (EO), un parti charnière, le FLNKS a décroché six membres dans le nouveau gouvernement : trois pour la liste Union Calédonienne-FLNKS-EO (UC) et trois pour celle de l’Union nationale pour l’indépendance (UNI-FLNKS).

Depuis, ces deux courants se querellent et ne parviennent pas à s’entendre sur la désignation d’un candidat unitaire. Deux réunions, dont la dernière lundi, n’ont pas abouti. 

L’UC, plus vieux parti politique calédonien né en 1953 de la fusion d’associations confessionnelles et creuset de luttes d’influence, porte la candidature inattendue de Samuel Hnepeune, jusqu’alors président du Medef et PDG de la compagnie domestique Aircal. « On a fait le choix d’un candidat qui permet de rassurer, un bosseur capable de manager un gouvernement d’action », a déclaré Pierre-Chanel Tutugoro, secrétaire général de l’UC alors que les violences qui ont éclaté autour dossier de l’usine de Vale ont refroidi les investisseurs.

Tutelle

D’inspiration marxiste, l’autre branche du FLNKS, incarnée par le Parti de libération kanak (Palika, tête de pont de l’UNI), défend la candidature de Louis Mapou, ténor de l’échiquier calédonien, actuel chef du groupe UNI-FLNKS au Congrès. « C’est un homme de terrain, militant de longue date, qui connaît tous les rouages administratifs et institutionnels », a fait valoir Charles Washetine, porte-parole du Palika.

« Avec l’UC, on déroule le tapis rouge au patronat. Ce serait faire le lit du néo-colonialisme, donc on ne peut pas partager (cette candidature) pour des raisons à la fois idéologiques et historiques », a-t-il ajouté.

Le 17 février, c’est d’ailleurs la voix supplémentaire du Parti travailliste, petite formation issue d’un syndicat proche de l’extrême gauche, qui a permis à l’UNI-FLNKS de remporter trois ministres au lieu des 2 escomptés et de faire ainsi jeu égal avec l’UC. 

Le week-end dernier, les frères ennemis du FLNKS ont chacun réuni leurs instances et depuis lundi les conciliabules s’enchainent pour tenter de trouver un consensus, sans succès jusqu’alors.

« Ils deviennent ridicules de se livrer à une gué-guerre de personnes alors qu’on s’approche de la tutelle », a taclé Milakulo Tukumuli, leader de l’Eveil Océanien, faisant allusion à la crise des finances publiques et à l’urgence de voter le budget 2021, sous peine au 31 mars d’une mise sous tutelle de la collectivité par l’Etat. 

Se revendiquant « indépendant et pas indépendantiste », M.Tukumuli, qui avait été séduit « par le profil société civile » de Samuel Hnepeune, regrette « que le pays n’avance pas parce-que chacun reste toujours dans sa bulle ».

De son côté, la coalition non indépendantiste majoritaire, l’Avenir en confiance (AEC), fustige « un déni de démocratie » et affirme que « l’accord de Nouméa est périmé ». « C’est un boulet à chaque pied des loyalistes pour qu’ils soient rattrapés par les indépendantistes », a dénoncé Sonia Backés, présidente de la province Sud.

Quant au député Philippe Gomes, leader de parti de centre droit Calédonie ensemble, il a accusé son rival loyaliste de l’AEC « de porter l’immense responsabilité de cette situation ». « Jamais dans l’histoire, la sensibilité non indépendantiste n’a été dans un tel état de faiblesse, à quelques encablures du troisième référendum », a-t-il. 

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