Nucléaire : aux Tuamotu Gambier, Eric Spitz tente de rétablir la confiance entre l’État et les populations

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Apres la réunion de la commission d’information auprès des anciens sites d’expérimentions, le haut-commissaire est allé à la rencontre de la population à Mangareva et Tureia. Indemnisations, suivi géo-mécanique de Morurua, surveillance radiologique, Eric Spitz a tenu à rappeler les engagements du Président Macron. Sur ces îles, le regard se tourne vers l’avenir, mais la blessure de la période des essais n’est pas guérie.

Publié le 15/10/2022 à 16:03 - Mise à jour le 17/10/2022 à 10:21

Apres la réunion de la commission d’information auprès des anciens sites d’expérimentions, le haut-commissaire est allé à la rencontre de la population à Mangareva et Tureia. Indemnisations, suivi géo-mécanique de Morurua, surveillance radiologique, Eric Spitz a tenu à rappeler les engagements du Président Macron. Sur ces îles, le regard se tourne vers l’avenir, mais la blessure de la période des essais n’est pas guérie.

Les parts d’ombre et de lumière des essais nucléaires sont au cœur des discussions engagées par le haut-commissaire. Sans filtre, l’Etat répond aux habitants de Mangareva. Le discours se veut rassurant. Vidéos et modélisation à l’appui, les données scientifiques sur le suivi des anciens sites d’essais sont vulgarisées en français et en tahitien.

Les efforts de transparence sont salués, mais la cicatrise n’est pas pour autant fermée. Parmi la trentaine d’habitants présent, certains s’inquiètent pour la santé des nouvelles générations. « Le Polynésien a dans son ADN ce désir certes d’aller de l’avant, mais de ne pas oublier ce qui s’est passé. Il y a comme une omerta qui plane sur ce sujet mais d’année en année les langues se délient et c’est bien. C’est ce qu’il fait faire », estime Teva Teapiki, premier adjoint au maire de Rikitea.

« Ça ne m’a pas convaincu, déclare Jerry Gooding, membre de l’association 193. Ici à Rikitea, il y a des victimes qui sont décédées mais leurs enfants ont le cancer aussi »

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56 ans après le premier tir dans le ciel des Tuamotu Gambier, la relation de confiance entre l’Etat et la population n’est pas totalement rétablie. Le ministère des Armées s’apprête à éditer un ouvrage avec des archives déclassifiées. Eric Spitz ajoute que mêmes « les essais sales » selon ses propres mots, seront présentées dans ce livre

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Sur le volet sanitaire, le haut commissaire de la République s’appuie sur les expertises des scientifiques et du médecin qui l’accompagnent. « Il y a des études de cohorte qui ont été faites sur les victimes de nagasaki et de Hiroshima et là on parle de centaine voire de millions de personnes. Pour l’instant elles n’ont pas démontré de transmission transgénérationnelle. Elles se poursuivent. »

Le poids de cette période des essais, il pèse encore plus sur le petit atoll isolé de Tureia. Ici la méfiance envers l’etat est palpable. La population se sent oubliée. Au cours de cette visite officielle, le haut commissaire a rappelé les annonces du président Macron pour accélérer les démarches d’indemnisation. Même discours, même vidéos, mais peu d’habitants ont fait le déplacement face à la délégation. « Je pense que mes anciens ont quand même gardé beaucoup de souffrance et je pense qu’on va vivre avec, estime Tevahineheipua Brander, maire de Tureia. Peut-être que l’Etat a fait un grand pas au sujet du nucléaire mais je pense que ma population restera toujours vigilante face à ce sujet. »

Dernier vestige des années d’expérimentions nucléaires en Polynésie : un bunker. Tout un symbole. Les discussions entre les forces armées et les propriétaires du terrain sont en cours et l’Etat est favorable à son démantèlement pour des raisons de sécurité .

À Tureia, les conséquences des essais nucléaires ne s’effaceront pas de si tôt. La probabilité, même infime, d’une éventuelle montée des eaux à cause d’un glissement de corail à Moruroa inquiète toujours les habitants. Et encore plus en période de forte houle.

Derrière les sourires et l’ accueil chaleureux, les habitants parlent de souffrance qui perdure depuis des décennies : « Tout le monde est malade. Tureia est malade. ma soeur est morte » lance Jean, un habitant.

À Mangaréva et Tureia, l’Etat s’est positionné comme un partenaire financier pour développer les projets portés par les maires. Et c’est sur ce point que la relation de confiance pourrait se renforcer en répartissant différemment certaines dotations en faveur des communes les plus isolées.

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