Dans un communiqué, le Tavini et Oscar Temaru saluent la publication « de l’étude dénommée « TOXIQUE ». Une étude qui prouve le mensonge d’État du gouvernement français sur la prétendue innocuité des essais nucléaires. »
« Ce que met en exergue ce document et ce qu’il dénonce, va bien au-delà des chiffres et des conclusions qu’il annonce. Il apporte la preuve d’un mensonge d’État », estime le parti indépendantiste.
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« Nous connaissions déjà tout cela :
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– les contaminations radioactives atmosphériques sur l’ensemble du territoire de la Polynésie,
– les contaminations radioactives transfrontalières touchant les États du Pacifique, y compris l’Australie et la Nouvelle Zélande,
– leurs impacts directs sur les populations civils non spécifiquement protégées, notamment, lors de certains tirs atomiques particulièrement mal gérés sur les plans scientifiques et techniques (comme le tir Centaure en 1974),
– le nombre anormalement croissant de maladies radio-induites,
– la hausse avérée de pathologies radio-induites à caractère trans-générationnel…
Oui, nous savions déjà tout cela.
Et, je n’ai cessé de le dénoncer publiquement depuis l’installation du CEP dans notre Pays, dans les années 1960.
Moi, Oscar Manutahi TEMARU, je n’ai jamais menti à la populations polynésienne.
Je n’ai jamais menti, ni caché la vérité. », insiste Oscar Temaru.
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« La vérité, c’est que ce rapport, prouve la duplicité de l’État français qui, au fil des années, a forgé un mensonge d’État destiné à berner et à leurrer le Peuple Polynésien, avec hélas la complicité d’une classe politique et d’un gouvernement local coupables de mensonges et de camouflages.
L’État français a failli en Polynésie.
L’État français a menti en Polynésie.
L’État français est en situation de déni en Polynésie.
L’État français ne mérite plus notre confiance car il a trahit le peuple Polynésien.
Plusieurs éléments, dont certains sont clairement dénoncés dans le Rapport TOXIQUE, viennent étayer et corroborer ce mensonge d’État :
– La spoliation des atolls de Moruroa et Fangataufa, toujours classé « zone de défense »,
– la théorie des essais propres, entretenue et véhiculée pendant plus de cinquante ans, par les autorités civiles et militaires ,
– la reconnaissance du « Fait nucléaire » dans le pseudo Accord de l’Élysée de 2017, sans aucune reconnaissance d’une quelconque « Faute nucléaire » de la part de la France,
– l’instauration d’un système d’indemnisation des victimes des essais nucléaires (dispositif de la loi Morin) inopérant et incapable de satisfaire les revendications des victimes et des associations de protection de ces victimes (à l’orée 2021, seules 63 victimes polynésiennes ont été indemnisées)
– les risques avérés de l’effondrement de l’atoll de Moruroa malgré l’existence d’un système de télésurveillance géomécanique: « TELSITE »,
– la sous-estimation, orchestrée au plus haut niveau de l’État, des chiffres et des données sur l’étendue géographique des contaminations radioactives et sur le nombre de victimes de 23 maladies radio-induites directes ou trans- générationnelles,
– une sous-estimation accentuée et renforcée par un « Secret Défense » adroitement opposé à toute velléité de faire triompher la « vérité nucléaire »,
– l’annonce de la construction d’un Centre de mémoire dans un ancien site militaire amianté rétrocédé au Pays, et dont le coût de dépollution incomberait à notre collectivité…
Tout cela, nous le savions et nous le disions.
Mais, aujourd’hui, le mensonge d’État commis par la France atteint une dimension internationale nouvelle avec la publication de « TOXIQUE ».
En effet, l’ONU depuis la Résolution de 17 mai 2013 sur la réinscription de la Polynésie sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser, n’a cessé, chaque année, d’adopter des Résolutions supplémentaires enjoignant la France, puissance administrante, à faire rapport au Secrétaire général de l’ONU sur l’impact sanitaire et environnemental des 193 essais nucléaires perpétrés en Polynésie, de 1966 à 1996.
La dernière injonction de l’ONU en ce sens date du mois de décembre 2020. (Résolution 75/112 du 10 décembre 2020).
Alors que la venue du Président de la République française, Emmanuel Macron, est une nouvelle fois annoncée « pour le mois prochain », nous demandons au Peuple polynésien de réfléchir à son avenir, de se positionner par rapports à ces thématiques et de manifester.
Je propose à tous les Polynésiens de sang, de cœur et d’âme plusieurs pistes de réflexions :
– L’État français doit respecter ses obligations internationales, se conformer aux Résolutions de l’ONU et faire rapport au Secrétaire général de l’ONU sur les conséquences des 193 essais nucléaires effectués en Polynésie entre 1966 et 1996,
– Le Forum des Iles du Pacifique, tout comme la Communauté du Pacifique (ex CPS/SPC) doivent être respectivement saisis de la question nucléaire française dans la Région Pacifique, étant donné l’existence avérées de contaminations transfrontalières atmosphériques de 1966 à 1974,
– le processus international de la COP 21 et l’Accord de Paris sur le climat doivent, à l’avenir, intégrer un segment spécial sur la pollution et la contamination par le fait nucléaire et leurs impacts potentiels sur le climat.
Les États-Unis, État membre du Conseil de Sécurité ayant une histoire nucléaire dans le Pacifique (Iles Marshall, États Fédérés de Micronésie, Kiribati…) doivent être sensibilisés au fait nucléaire en Polynésie française et ses risques environnementaux pour la Région Pacifique.
Tant les États-Unis, avec la gestion du « Runit Dome » aux Îles Marshall, que la France avec l’avenir incertain des sites de Moruroa et Fangataufa sont aujourd’hui toujours concernés.
Ces institutions internationales régionales, tout comme le système des Nations Unies doivent réfléchir à la définition de la meilleure réponse qui serait apportée par l’État français au « fait » et à la « faute » nucléaire,
L’État français doit faire toute la vérité sur l’ère nucléaire et son héritage toxique légué au peuple et aux générations polynésiennes futures.
Le « secret défense » doit être systématiquement levé et des études indépendantes doivent être menées sur l’ampleur des contaminations et sur l’impact des maladies trans-générationnelles,
De nouvelles méthodes d’indemnisation doivent être mises en place par le législateur, notamment pour tenir compte des 110 000 personnes contaminées en 1974 par le tir atomique Centaure et dont les conséquences sanitaires ont été sciemment minorées, voir cachées.
L’État français doit assumer son passé et sa faute nucléaire et son héritage toxique.
Au-delà de chercher à regagner la confiance du Peuple polynésien, l’État doit prouver sa capacité à réparer et à dédommager financièrement, en nombre et en toute transparence, tous ceux qui ont subis les effets de pathologies radio induites.
L’État doit aussi, sans plus tarder, assumer la prise en charge du coût, passé et à venir, des prestations médicales que la CPS supporte pour le traitement des maladies radio-induites. Il n’est pas normal que la collectivité, donc les victimes, supporte la charge financière des conséquences médicales de la faute nucléaire qui incombe à l’Etat.
Pour conclure, je dirai que notre avenir réside dans l’accession de la Polynésie française / Maohi Nui à la pleine souveraineté, qui seule nous donnera la liberté de choisir un modèle économique adapté à notre culture, avec les partenaires bilatéraux régionaux et internationaux de notre choix.
L’ONU a ouvert la voie à un processus de décolonisation de notre Pays. Nous avons confiance en l’avenir et au soutien de la communauté internationale. »
En réponse aux révélations du rapport « Toxique », le Tavini invite la population à se rassembler le samedi 17 juillet 2021 afin de commémorer l’essai aérien Centaure, réalisé le 17 juillet 1974, ainsi que les 192 autres essais. Le lieu et l’heure seront communiqués ultérieurement.