Pour Moetai Brotherson, Emmanuel Macron « adhère » à la stratégie du nouveau gouvernement

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Ce mercredi, Moetai Brotherson, a été reçu à l’Élysée par Emmanuel Macron, alors qu’il effectuait à Paris son premier déplacement en tant que président de la Polynésie française. Il assure que le chef de l'État adhère à la stratégie économique de la nouvelle majorité indépendantiste. Un sujet de nos partenaires d'Outremers 360.

Publié le 08/06/2023 à 11:56 - Mise à jour le 08/06/2023 à 14:23

Ce mercredi, Moetai Brotherson, a été reçu à l’Élysée par Emmanuel Macron, alors qu’il effectuait à Paris son premier déplacement en tant que président de la Polynésie française. Il assure que le chef de l'État adhère à la stratégie économique de la nouvelle majorité indépendantiste. Un sujet de nos partenaires d'Outremers 360.

Après avoir quitté son poste de député sous les applaudissements, mardi 6 juin, à l’Assemblée nationale, le président du Pays Moetai Brotherson a rencontré Emmanuel Macron ce mercredi à Paris. « J’avais déjà eu l’occasion en tant que député de le croiser, dans des cérémonies, je n’ai jamais eu l’occasion de discuter avec lui pendant une heure, et encore moins en tant que président de la Polynésie » , a-t-il confié à nos confrères d’Outremers 360. 

« Je lui ai expliqué quelle était notre vision du développement du Pays, avec ce choix qu’on a fait des quatre secteurs prioritaires : le tourisme, le secteur primaire, les énergies renouvelables, le numérique et l’audiovisuel (…). Je lui ai expliqué comment les éléments structurants comme l’aéroport des Marquises venaient s’insérer dans tout cela, et je pense qu’il a bien compris, qu’il a adhéré et a trouvé cette stratégie pertinente, c’est un bon signe, et que l’État à nos côtés serait là pour nous accompagner en tant que de besoin », a assuré Moetai Brotherson.

Interrogé mardi après son entretien avec Gérald Darmanin sur l’ADN de son parti politique, à savoir la décolonisation et l’indépendance de la Polynésie, Moetai Brotherson disait vouloir réserver ce sujet au chef de l’État, le président de la République étant responsable sur les questions d’évolutions institutionnelles.

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« Deux lignes possibles » vers l’autodétermination

« On a abordé deux lignes possibles. D’un côté, la fenêtre de révision constitutionnelle qui va s’ouvrir autour de la Nouvelle-Calédonie, et autour de laquelle l’ensemble des Outre-mer et de la Corse veulent revisiter leur relation à l’État. Nous avons annoncés quelques éléments pendant la campagne que l’on souhaite voir y figurer comme la citoyenneté polynésienne. Également pour moi, en tant que président, les relations internationales, qu’on nous donne plus de latitude et de champs d’action dans notre bassin régional, de manière à ce qu’on puisse tisser des liens et établir des accords directement, au moins sur le plan commercial et économique », a-t-il expliqué. « Sur ces sujets-là, on n’est pas opposés ».

« La deuxième ligne, c’est évidemment le processus de décolonisation et d’autodétermination que le Tavini réclame depuis plus particulièrement notre réinscription sur la liste des territoires à décoloniser de l’ONU en 2013. Là j’ai pu exprimer au président la déception qui est la nôtre depuis 2013 : de voir cette forme de déni de notre réinscription de la part du représentant de l’État, qui à chaque fois que la question de la Polynésie est abordée, sort de la salle et revient ensuite pour la Nouvelle-Calédonie. Cette schizophrénie qui consiste à coopérer pour la Nouvelle-Calédonie et faire comme-ci la Polynésie n’est pas réinscrite, est intenable », a poursuivi le chef de l’exécutif polynésien.

Le Tavini détient les trois sièges polynésiens à l’Assemblée nationale, est majoritaire à l’Assemblée locale et possède donc quasi l’ensemble des leviers politiques et économiques pour gouverner la Polynésie. Pour Moetai Brotherson donc, la France ne peut plus laisser son siège vide lors des questions onusiennes abordant la Polynésie.

« Je pense que la parole de l’État est incarnée au plus haut niveau par le président de la République, et je suis un homme qui croit beaucoup en la parole. Le président de la République m’a dit qu’il n’était pas au fait de cette dualité de traitement entre la Nouvelle-Calédonie, et qu’il allait se pencher sur la question, et certainement réviser la position française. On le verra prochainement en octobre lors de la 4ème commission à l’ONU, où je me rendrais cette fois-ci en tant que président de la Polynésie. On verra bien quelle sera l’attitude du représentant permanent de la France aux Nations Unies », conclut le président de la Polynésie.

Macron invité en novembre 2024

Enfin, si l’agenda d’Emmanuel Macron n’est pas encore arrêté, Moetai Brotherson a d’ores et déjà proposé au chef de l’État un déplacement en Polynésie en novembre 2024, à l’occasion de la Hawaiki Nui va’a. « Il fera peut-être une étape avec moi, a-t-il plaisanté. Le défi est lancé » .

Un certain nombre de ministres envisage un passage au fenua dans les prochains mois. « M. Berville, secrétaire d’État à la mer, viendra certainement en juin, a-t-il précisé. La ministre des sports (Amélie Oudéa-Castéra) et le ministre des Outre-mer (Gérald Darmanin) projettent de venir pour l’épreuve test de la WSL (World Surf League) en août » .

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